Le nouveau titan des mers chinois : un cargo nucléaire qui pourrait naviguer des années sans escale
Auteur: Adam David
Imaginez un monstre d’acier capable de transporter 14 000 conteneurs et de sillonner les océans pendant des années sans jamais avoir à se ravitailler. Ce n’est pas de la science-fiction, mais bien le projet colossal dévoilé par la Chine. Pékin vient de présenter les plans de son futur cargo à propulsion nucléaire, une annonce qui pourrait bien rebattre les cartes du transport maritime mondial.
Au cœur du réacteur : le thorium comme pari technologique
Au cœur de cette machine, pas de moteur diesel polluant, mais un réacteur à sels fondus au thorium (TMSR) de dernière génération. Hu Keyi, ingénieur en chef du projet au sein du Jiangnan Shipbuilding Group, a précisé que sa puissance thermique de 200 MW est comparable à celle des réacteurs embarqués sur les sous-marins d’attaque américains de la classe Seawolf. C’est dire la puissance de l’engin.
Pourtant, ce réacteur ne propulse pas directement le navire. Il alimente un générateur qui, à son tour, produit 50 MW d’électricité pour faire tourner les turbines. Le rendement annoncé est impressionnant : entre 45 et 50 %, bien loin des 33 % des réacteurs à vapeur classiques. Un véritable bond en avant technologique.
La sécurité, un enjeu de taille pour un géant nucléaire
La question de la sécurité est évidemment sur toutes les lèvres. Sur ce point, les concepteurs se veulent rassurants. Le choix du thorium, un métal lourd, n’est pas anodin : il est considéré comme plus sûr que l’uranium. Surtout, ce type de réacteur fonctionne à pression atmosphérique normale et n’a pas besoin d’eau pour être refroidi, ce qui le rend plus compact et plus silencieux.
En cas de surchauffe, la réaction nucléaire ralentit d’elle-même, évitant tout emballement. Mieux encore, si un accident majeur survenait, le combustible en fusion se déverserait dans une chambre de confinement où il se solidifierait, piégeant ainsi les matières radioactives. Le tout est complété par des systèmes passifs d’évacuation de la chaleur qui ne nécessitent aucune intervention humaine.
Plus qu'un navire, une ambition géopolitique
Ce super-cargo n’est pas qu’une prouesse technique. Il s’inscrit dans une stratégie beaucoup plus large de la Chine, qui entend bien devenir le leader incontesté du nucléaire de demain. Le pays dispose de vastes réserves de thorium, notamment en Mongolie intérieure, et compte bien capitaliser sur cet avantage stratégique.
En développant cette technologie pour le transport civil, Pékin envoie un message fort : sa maîtrise du nucléaire ne se limite plus au secteur militaire ou à la production d’électricité, mais s’étend désormais à des applications commerciales à l’échelle mondiale.
Une flotte nucléaire en gestation
Ce porte-conteneurs n’est d’ailleurs que la partie émergée de l’iceberg. L’ingénieur Hu Keyi a confirmé que d’autres projets de navires nucléaires sont déjà dans les cartons, comme un pétrolier géant et même une centrale nucléaire flottante. On assiste à la naissance d’une véritable flotte.
Cette ambition est d’autant plus crédible que la Chine a récemment annoncé avoir réussi, pour la première fois, à convertir du thorium en combustible uranium au sein d’un réacteur TMSR. La preuve de concept est là. La phase industrielle semble désormais à portée de main.
vers une nouvelle ère du transport mondial ?
Avec ce projet, la Chine ne se contente pas de construire un bateau ; elle cherche à redéfinir les règles du commerce international. Une flotte de cargos quasi-autonomes en énergie pourrait totalement bouleverser les routes maritimes, les coûts logistiques et l’équilibre géopolitique qui en découle.
Reste à voir si cette technologie tiendra toutes ses promesses, notamment en matière de sécurité et de rentabilité. Mais une chose est sûre : le transport maritime de demain pourrait bien parler mandarin et fonctionner au thorium.
Selon la source : geo.fr