Bronchiolite : le piège du calendrier laisse des milliers de bébés sans protection cet hiver
Auteur: Adam David
Le retour implacable de la bronchiolite et l’urgence d’un rattrapage

Chaque hiver, la bronchiolite déploie son tapis implacable sur la France, saturant les services d’urgences et générant une anxiété palpable chez les jeunes parents. Cette année, la situation est d’autant plus délicate qu’une large cohorte de nourrissons, ceux nés entre février et août, reste insuffisamment protégée contre le virus respiratoire syncitial (VRS).
Malgré l’arrivée de traitements prophylactiques révolutionnaires, comme le Beyfortus, ces bébés n’ont pas pu être immunisés à la naissance. Face à ce retard, la Société française de pédiatrie (SFP) lance un signal d’alarme : il est impératif de mettre en place une immunisation de rattrapage sans tarder.
La carte de l’épidémie s’intensifie : l’Île-de-France déjà touchée
Le virus respiratoire syncitial (VRS) est, de loin, le principal responsable de la bronchiolite chez les moins de deux ans. Selon les dernières analyses de Santé publique France, la vague saisonnière est bel et bien installée et s’intensifie rapidement.
La région Île-de-France a basculé dans une phase épidémique claire, rejoignant les territoires où le risque est maximal. La Normandie, elle, vient d’entrer en phase de pré-épidémie. Les indicateurs remontés par la médecine de ville et les hôpitaux confirment une circulation du VRS qui s’accélère, reproduisant malheureusement la dynamique de l’année précédente. De plus, n’oublions pas que d’autres agents pathogènes, comme le rhinovirus, continuent de compliquer le tableau épidémique.
Le piège du calendrier : des milliers de nourrissons oubliés par la prophylaxie

C’est la grande faille du dispositif actuel : les nourrissons nés au printemps ou en été ont manqué la fenêtre de tir pour recevoir le Beyfortus (Nirsevimab) à la maternité. Ce traitement prophylactique, qui confère une protection immédiate, n’était pas administré à leur naissance puisque le VRS ne circulait pas encore.
Résultat : la SFP estime que moins d’un bébé sur deux de cette cohorte (nés entre février et août) est actuellement immunisé. Ces enfants, désormais confrontés à la saison haute du VRS, sont particulièrement à risque d’une forme sévère de la maladie. Les pédiatres exhortent donc les familles concernées à contacter sans délai leur médecin traitant pour organiser cette immunisation « de rattrapage », d’autant que le Beyfortus agit immédiatement pour couvrir toute la saison épidémique.
La menace du VRS : symptômes et population à risque

Le VRS circule facilement via la salive, la toux, les contacts rapprochés, ou même en se déposant sur les surfaces. Après une période d’incubation qui dure de deux à huit jours, l’infection débute souvent comme un simple rhume avant de dégénérer en bronchiolite, caractérisée par :
- Une toux sèche et sifflante.
- Une respiration rapide et difficile.
- Des sifflements et râles audibles (wheezing).
Bien que la guérison s’opère le plus souvent en une à deux semaines, certaines populations demeurent extrêmement fragiles. Les nourrissons de moins de deux mois, les prématurés et les enfants souffrant de maladies chroniques (cardiaques ou pulmonaires) sont les plus exposés aux complications graves, voire, dans de rares cas, mortelles.
Il faut d’ailleurs noter que les aînés, souvent oubliés des campagnes, sont aussi vulnérables. Chez les plus de 65 ans ou ceux présentant des pathologies préexistantes, le VRS peut provoquer des complications sérieuses, notamment cardiovasculaires et pulmonaires.
Prévention : l’arsenal complet entre gestes barrières et innovations

Face à cette menace saisonnière, les réflexes d’hygiène restent la première ligne de défense. Il est essentiel d’appliquer rigoureusement les gestes barrières, notamment : se laver les mains fréquemment, éviter d’embrasser les bébés et porter un masque en cas de rhume ou de toux.
Mais l’arsenal préventif s’est nettement modernisé ces dernières années. Au-delà du Beyfortus pour les nourrissons (immunisation passive), les femmes enceintes peuvent désormais opter pour le vaccin Abrysvo, qui permet de transmettre des anticorps protecteurs au fœtus in utero. Ces stratégies combinées portent leurs fruits : cette campagne hivernale a déjà permis d’éviter des milliers d’hospitalisations. À la fin de février 2025, plus de 350 000 doses de Beyfortus et 91 000 doses d’Abrysvo avaient été distribuées ou commandées en France.
rester vigilant face à l’épidémie en cours

Alors que la vague épidémique monte, le système de santé se retrouve sous tension, mais dispose désormais de moyens plus efficaces pour protéger les plus petits. L’enjeu majeur réside aujourd’hui dans l’identification et le rattrapage rapide des nourrissons nés hors saison haute qui n’ont pas bénéficié de l’immunisation initiale.
Pour les parents concernés, le message des autorités pédiatriques est clair : ne pas hésiter à solliciter une consultation, même tardive, pour s’assurer que leur enfant ne fasse pas partie des victimes collatérales de cet « effet de calendrier ».