Le cosmos freine-t-il? De nouvelles preuves spectaculaires remettent en cause l’énergie noire
Auteur: Mathieu Gagnon
Des chercheurs de l’Université de Yonsei, en Corée du Sud, ont publié des conclusions dans les Monthly Notices of the Royal Astronomical Society qui suggèrent que l’expansion cosmique a, tenez-vous bien, déjà commencé à ralentir. Oui, vous avez bien lu. Si ces résultats sont avérés, cela pourrait complètement redéfinir notre compréhension de l’Univers, de son origine jusqu’à sa fin ultime. C’est une remise en question majeure, un vrai coup de frein dans nos certitudes.
L'accélération n'est plus l'évidence
Franchement, c’est fascinant, non? Toutes les preuves antérieures reposaient sur la mesure de supernovæ lointaines, appelées Type Ia. Le problème, c’est que ces mesures n’étaient peut-être pas aussi fiables qu’on le croyait.
Les 'bougies standards' sous la loupe des âges stellaires
Il semblerait que l’âge des étoiles qui donnent naissance à ces supernovæ a une incidence sur leur éclat. Même après avoir standardisé leur luminosité, les chercheurs ont découvert que les supernovæ issues de populations stellaires plus jeunes sont systématiquement plus faibles (plus faibles, donc plus lointaines qu’on ne le pensait ?), tandis que celles issues de populations plus anciennes brillent plus intensément. Ce n’est pas négligeable, car ce biais lié à l’âge a été confirmé avec une confiance statistique presque absolue (99,999%) en utilisant un ensemble de données beaucoup plus vaste de 300 galaxies hôtes.
Cette différence pourrait signifier que l’atténuation observée des supernovæ lointaines ne provient pas seulement de l’expansion accélérée de l’Univers, mais aussi, et peut-être surtout, de la manière dont les étoiles évoluent.
Le modèle traditionnel écarté par la correction des données
Par contre, miracle! Les résultats corrigés correspondent beaucoup mieux à un autre cadre : celui privilégié par les mesures faites sur les oscillations acoustiques baryoniques (BAO, en gros, les échos sonores du Big Bang) et sur le fond diffus cosmologique (CMB). Ces observations indépendantes suggéraient déjà que l’Énergie Noire n’était pas constante, mais qu’elle évoluait. Le fait que les supernovæ corrigées s’alignent maintenant avec ces autres mesures est une preuve très forte. C’est convaincant, non?
Un tournant cosmique : vers la décélération actuelle
Le Professeur Lee rappelle que même le projet DESI (Dark Energy Spectroscopic Instrument) avait suggéré que l’Univers décélérerait un jour, mais qu’il était toujours en phase d’accélération pour l’instant. « Notre analyse, qui applique la correction du biais d’âge, montre que l’Univers est déjà entré dans une phase de décélération aujourd’hui. » Il souligne que ce résultat correspond d’ailleurs aux prédictions indépendantes issues des analyses BAO ou BAO+CMB seules, une vérité qui n’avait curieusement pas retenu l’attention jusqu’à présent.
Ces résultats impliquent, de fait, que l’Énergie Noire, qui représente environ 70% de la composition totale de l’Univers, est non seulement un mystère, mais en plus une force qui semble s’affaiblir avec le temps.
L'ère des nouvelles observations
L’avenir de ces grandes questions repose en partie sur les nouveaux outils à notre disposition. D’ici cinq ans, l’Observatoire Vera C. Rubin, situé dans les Andes chiliennes, devrait découvrir plus de 20 000 nouvelles galaxies hôtes de supernovæ. Son énorme caméra numérique, la plus puissante au monde, permettra des mesures d’âge beaucoup plus précises. On peut espérer qu’elle fournira la preuve la plus robuste et la plus définitive sur la nature de l’Énergie Noire et sur le destin de notre cosmos. Car comprendre pourquoi et comment cette force s’affaiblit est peut-être la clé pour résoudre l’un des plus grands mystères de la science.
Selon la source : scitechdaily.com