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Microdosage de LSD contre la dépression : un essai clinique révèle des résultats étonnamment positifs et sans danger majeur
Crédit: lanature.ca (image IA)

Le retour inattendu du LSD dans la recherche médicale

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La dépression, ou trouble dépressif majeur, est un fardeau colossal, affectant environ 5 % de la population mondiale. Pour beaucoup de patients, les antidépresseurs classiques, bien qu’utiles, agissent lentement, causent divers effets secondaires et, franchement, n’offrent pas toujours l’efficacité espérée. C’est pourquoi l’on observe depuis quelques années un regain d’intérêt pour de vieilles connaissances : les psychédéliques classiques, ces composés dits sérotoninergiques.

Aujourd’hui, c’est une équipe de chercheurs de l’Université d’Auckland qui a fait le pari d’étudier le microdosage de LSD. Oui, le LSD, mais à des doses si faibles qu’elles ne provoquent pas d’altération substantielle de la conscience. Leurs conclusions, publiées dans Neuropharmacology, sont assez remarquables : un traitement de huit semaines s’est avéré faisable, bien toléré et a permis une réduction spectaculaire des scores de dépression. C’est le genre de nouvelle qui mérite qu’on s’y attarde.

L’essai clinique : évaluer la faisabilité et la sécurité d’abord

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L’étude, nommée « LSD microdosing in major depressive disorder », était un essai clinique de phase 2A en ouvert. C’est-à-dire que tant les participants que les médecins savaient ce qu’ils prenaient. L’objectif principal n’était pas de prouver que le LSD était meilleur qu’un placebo – ça, ce sera pour la prochaine étape – mais d’évaluer si cette approche était tout simplement faisable et tolérable pour des gens souffrant de dépression modérée.

Dix-neuf participants au total ont été enrôlés, l’âge moyen étant de 41 ans, et la plupart prenaient déjà des antidépresseurs. Leur niveau de dépression, mesuré par l’échelle MADRS (Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale), était en moyenne de 23,7, ce qui correspond à une dépression modérée. La faisabilité était définie par l’assiduité aux visites, et la tolérabilité, par le taux d’abandon à cause d’effets indésirables. On a regardé, entre autres choses, l’impact sur leur cœur grâce à des électrocardiogrammes (ECG) et des échocardiographies, car c’était une vraie inquiétude théorique.

Un protocole de dosage rigoureux et surveillé à la maison

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Les participants ont reçu un total de 16 doses, à prendre deux fois par semaine pendant huit semaines. La première prise, de 8 μg, se faisait à la clinique. Ensuite, les doses, variant de 6 à 20 μg, étaient auto-administrées à la maison, sous la supervision, disons, d’une application spéciale.

Cette application pour téléphone intelligent était essentielle. Elle aidait à ajuster la dose (on appelle ça la titration) en fonction des effets subjectifs rapportés chaque fin de journée. De plus, les participants devaient filmer l’administration de la dose pour s’assurer que tout était fait dans les règles de l’art. On leur demandait aussi d’éviter toute activité risquée pendant six heures après la prise et de ne pas doser après 14 heures pour ne pas perturber leur sommeil. Ce protocole a été suivi à la lettre : sur 319 doses auto-administrées à domicile, la conformité a été de 100 %. C’est vraiment impressionnant, n’est-ce pas ?

La sécurité cardiaque : une préoccupation dissipée

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Avant de crier victoire, il fallait répondre à une question cruciale : est-ce dangereux pour le cœur ? Il y avait une crainte théorique, liée à l’activité du LSD sur un certain récepteur, le 5-HT2B, qui pourrait, potentiellement, causer des problèmes de valvules cardiaques à long terme. Franchement, c’était l’un des points les plus surveillés.

Alors, ce fut dangereux ? Pas du tout. Quinze participants ont complété les examens cardiaques avant et après les huit semaines, et quatre d’entre eux ont même continué pour quatre semaines supplémentaires. Les résultats sont rassurants : aucune anomalie échocardiographique cliniquement significative n’a été identifiée. De même, les lectures d’ECG, qui mesurent le temps de recharge du système électrique du cœur, sont restées stables. Une seule personne a montré une légère variation, mais rien de menaçant. C’est un point fondamental : la sécurité semble être au rendez-vous pour ce type de protocole.

Moins d’effets secondaires et plus de bien-être

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Globalement, l’intervention a été très bien tolérée. Deux participants ont quitté l’étude pour des raisons sans lien avec le traitement, et un seul s’est retiré à cause de l’anxiété ressentie les jours de prise, et cela avec la dose la plus faible (6 μg) ! Il avait déjà un niveau d’anxiété élevé au départ, ce qui explique peut-être cela. Il n’y a eu aucun événement indésirable grave ou sévère, ce qui est quand même un soulagement.

Le seul effet secondaire un peu récurrent ? Des maux de tête. Ils ont été rapportés trois fois chez deux participants. C’est à peine plus qu’un petit désagrément. Comparez cela aux listes d’effets secondaires souvent longues et handicapantes des antidépresseurs conventionnels ; on comprend pourquoi ce profil de tolérabilité est si prometteur.

Une réduction des symptômes dépressifs spectaculaire

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Maintenant, parlons des résultats qui font vraiment jaser. Les chiffres sont là : la dépression moyenne au début (MADRS 23,7) est tombée à 9,59 à la fin du traitement. Cela représente une réduction impressionnante de 59,5 % ! Neuf participants sur dix-neuf ont même atteint les critères de rémission clinique, c’est-à-dire qu’ils ne présentaient pratiquement plus de symptômes dépressifs.

Mais ce n’est pas tout. Les améliorations étaient larges : l’anxiété a chuté de 51,9 % (mesurée par HAM-A), et les sous-échelles de stress, d’anxiété et de dépression du DASS ont toutes montré des baisses notables. Mieux encore : la ruminaton mentale a diminué, ces pensées répétitives et négatives qui nous rongent tant. De plus, les scores DARS, qui mesurent la capacité à ressentir de l’intérêt et du plaisir, ont augmenté de 14,8 %. En gros, les participants retrouvaient non seulement leur calme, mais aussi leur joie de vivre et leur qualité de vie générale, selon les scores WHOQOL-BREF. C’est pas une petite amélioration, c’est un vrai changement de perspective pour ces gens !

Et après ? Vers un essai contrôlé plus vaste

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Ces conclusions préliminaires appuient donc clairement la faisabilité d’un microdosage de LSD à domicile, sous surveillance médicale, chez des patients souffrant de dépression modérée. Les signaux d’efficacité sont là, ils sont forts, et surtout, le profil de sécurité semble excellent, du moins sur le court terme (huit semaines, avec un suivi à six mois).

Évidemment, ce n’est qu’un début. Puisque cette étude était « en ouvert », il est possible qu’une partie de l’amélioration soit due à l’effet placebo, qui est souvent puissant en psychiatrie. C’est pourquoi les auteurs ont déjà annoncé la suite logique : un essai clinique de Phase 2B, cette fois randomisé et contrôlé. Autrement dit, une partie des participants recevra le LSD et l’autre un placebo, pour vérifier si les améliorations sont bel et bien supérieures au simple fait de prendre un cachet en sachant qu’il pourrait aider. Affaire à suivre !

Un pas prudent vers une nouvelle ère de traitement

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Ce travail de l’Université d’Auckland est plus qu’un simple rapport ; c’est un signe très encourageant que le microdosage de substances psychédéliques pourrait devenir une avenue de traitement réaliste et sûre pour des millions de personnes souffrant de dépression. L’idée de pouvoir réduire de près de 60 % la sévérité des symptômes avec si peu d’effets indésirables est une lueur d’espoir qui ne peut être ignorée.

Si l’essai de Phase 2B confirme ces résultats, nous pourrions assister à un véritable changement dans la manière dont nous abordons la santé mentale. Pour l’instant, la vigilance reste de mise, mais l’optimisme est permis. Nous devons remercier les chercheurs et les participants pour avoir mené ce travail minutieux, basé sur des faits, qui ouvre doucement la porte à de nouvelles solutions thérapeutiques. Restons informés, car l’avenir de la psychiatrie pourrait bien être en train de s’écrire.

Selon la source : medicalxpress.com

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