Les sécheresses extrêmes aiguisent les tensions entre humains et animaux sauvages
Auteur: Mathieu Gagnon
Une analyse toute récente, menée en Californie, révèle une tendance qui devrait nous alerter : pour chaque baisse d’un pouce de pluie annuelle durant les années de sécheresse, les signalements de conflits avec des carnivores ont grimpé d’environ deux à trois pour cent. Ce n’est pas anecdotique, c’est une donnée lourde de sens, et les chercheurs pensent que cette réalité dépasse largement les frontières californiennes.
L’étude parle clairement : des chiffres qui s'empilent
L’effet de la sécheresse est constant, peu importe l’espèce. Pour chaque baisse d’un pouce de pluie, les conflits rapportés ont augmenté d’environ 2,1% pour les pumas, 2,2% pour les coyotes, 2,6% pour les ours noirs, et 3% pour les lynx roux. Ces chiffres s’accumulent vite lors des années très sèches, signalant un glissement général dans le comportement des animaux. C’est logique : si la nourriture et l’eau naturelle manquent, ils vont voir ailleurs, c’est-à-dire vers nos villes.
Pourquoi les animaux s'aventurent-ils en ville ?
Kendall Calhoun, l’écologiste et chercheuse principale de l’étude, rappelle une chose essentielle, et je la trouve tellement juste : « On accuse souvent les animaux de venir nous prendre nos ressources, mais c’est souvent parce que nous avons pris les ressources des zones sauvages. » N’est-ce pas ironique ? Ces conflits incluent typiquement des vergers grignotés, des poulaillers éventrés, des revêtements de maison déchirés par des griffes curieuses, ou un simple grand bazar après une nuit de fouille dans des bacs non sécurisés. Heureusement, ces données n’incluent pas les attaques contre les personnes, qui restent un phénomène très rare et sont suivies à part.
Perception ou réalité : un stress qui nous affecte tous
Calhoun admet que c’est difficile de trancher : « Il est difficile de savoir si le nombre de signalements augmente parce qu’il y a objectivement plus de conflits, ou parce que les gens perçoivent la faune de manière plus négative quand leurs propres ressources sont plus stressées. » Peu importe la cause exacte, le résultat pour les gestionnaires est le même : plus d’appels, plus de pièges à installer et à déplacer, plus de sensibilisation, et plus de pression sur des budgets déjà très serrés.
Le rôle aggravant des mégafeux
Les survivants doivent fuir vers des zones non brûlées, qui, très souvent, se trouvent juste à côté de nos fermes, de nos routes, et de nos quartiers. C’est un double coup dur. L’écologiste l’a bien résumé : « Le changement climatique va rendre la coexistence plus difficile. Mais si nous savons comment empirer les choses, nous savons aussi comment les améliorer. Il faut juste que les gens s’investissent dans leur environnement local. »
Des solutions existent, si l’on s’y met
Des actions comme la restauration des berges des rivières (restauration riparienne), l’utilisation de plantes indigènes qui résistent mieux à la sécheresse, et l’aménagement de points d’eau adaptés pour la faune loin des zones habitées, tout cela peut aider à maintenir les animaux là où ils devraient être. « Maintenant que nous savons comment les sécheresses aggravent les interactions, pourquoi ne pourrions-nous pas les améliorer ? », demande M. Calhoun.
Sur nos propriétés privées, des gestes de bon sens sont essentiels. Verrouiller les poubelles, sécuriser les poulaillers, enlever toute nourriture facilement accessible (comme la nourriture pour animaux laissée dehors) et, si besoin, ajouter des clôtures électriques simples peuvent vraiment couper court aux « raids » nocturnes.
Un outil précieux pour l'avenir des gestionnaires
Grâce à ces données, ils peuvent savoir où il est urgent de lancer des projets d’économie d’eau et de restauration d’habitat, quels quartiers ont besoin d’information et de sensibilisation pendant les périodes de sécheresse, et quand déployer plus de personnel pour répondre aux urgences.
Planifier la coexistence devient une urgence
Les données sont sans appel : l’échec de la pluie entraîne inévitablement des frictions. Il est donc crucial de passer à la planification concrète de la coexistence. C’est seulement en investissant dans des paysages résilients pour la faune, et en adoptant des mesures simples chez nous, que ces rencontres cesseront de se terminer par la peur et la perte, et pourront se transformer en une paix durable et réalisable. C’est à nous de jouer.
Selon la source : earth.com