L’envers du décor: la grogne sociale plombe l’inauguration du REM à deux-montagnes
Auteur: Adam David
La nouvelle antenne de Deux-Montagnes du Réseau express métropolitain (REM) a été inaugurée en grande pompe vendredi, promettant une avancée majeure pour le transport collectif dans la région métropolitaine. Mais le lustre de cette mise en service n’a pas tardé à être terni. Dès le lendemain, alors que l’accès était gratuit pour inciter le public à découvrir les nouvelles installations, des employés du REM manifestaient bruyamment pour dénoncer leurs conditions de travail.
Des relations de travail déjà « tumultueuses »
Cette mobilisation émane d’une quarantaine d’employés responsables de la maintenance des bâtiments, représentés par le Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ). Le personnel s’est syndiqué il y a seulement six mois et se prépare à négocier sa toute première convention collective. Pourtant, l’ambiance est déjà décrite comme exécrable.
Nicolas Leduc-Lafantaisie, président régional du SFPQ, a exprimé de vives inquiétudes quant aux négociations à venir. Il anticipe un processus « houleux », soulignant auprès de La Presse canadienne que les relations de travail sont actuellement « très partisanes, très difficiles » et marquées par un manque criant de collaboration et d’opacité de la part de l’employeur.
La sécurité des travailleurs en question
Le point de friction le plus sérieux semble concerner le respect des règles en vigueur. Le syndicat reproche explicitement à Pulsar, l’opérateur qui gère le REM, de ne pas se conformer aux normes de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST). Pour des employés dont la mission est d’assurer l’intégrité des infrastructures, cette accusation est loin d’être anodine.
Interpellée sur ces allégations, la direction de Pulsar a tenu à se défendre. Catherine Maurice, directrice aux communications de l’opérateur, a assuré par courriel que la santé et la sécurité des employés « demeurent une priorité absolue » et que l’entreprise respectait « pleinement [ses] obligations réglementaires ».
Des accusations de « chasse aux sorcières »
Les tensions ne se limitent pas aux seules conditions de travail. Selon M. Leduc-Lafantaisie, la syndicalisation aurait déclenché une véritable « chasse aux sorcières » au sein de l’entreprise. Il avance que les employés ayant participé activement à la démarche syndicale sont l’objet de rencontres disciplinaires répétées, et que certains auraient même été congédiés. Des allégations graves qui mettent en doute la sincérité des relations de travail.
Pulsar, de son côté, s’en tient à une position de fermeté légale. L’entreprise affirme négocier « de bonne foi avec l’ensemble de syndicats » représentant les différents corps d’emploi, cherchant à rejeter l’image d’un employeur hostile aux droits syndicaux.
Sensibiliser les usagers au milieu des festivités
La manifestation, prévue samedi entre 11h et 13h, n’était pas anodine. En pleine période d’accès gratuit, l’objectif était de distribuer des tracts et de sensibiliser la foule de curieux venue découvrir les 14 nouvelles stations. C’était une occasion unique de faire entendre une voix discordante au milieu des éloges médiatiques.
Le message, selon le président du SFPQ, était simple : même si « c’est une belle installation, c’est super, c’est neuf », il est essentiel que les visiteurs sachent que « des travailleuses et des travailleurs qui ont des problématiques assez importantes avec leur employeur » œuvrent quotidiennement à son fonctionnement.
l'ombre portée sur un projet à 9,4 milliards
Dès lundi matin, la nouvelle antenne sera pleinement opérationnelle, portant le réseau du REM à 19 stations sur près de 50 kilomètres, unifiant les couronnes nord, sud et l’île de Montréal. Le coût total de ce projet pharaonique est désormais estimé à 9,4 milliards de dollars, soit 2,4 milliards de plus que les projections initiales.
Alors que les projections tablent sur 150 000 passages quotidiens lorsque l’ensemble du réseau sera achevé, cette manifestation rapide et ciblée vient rappeler une vérité simple : la réussite d’un projet d’infrastructure de cette envergure dépend autant de sa technologie de pointe que de la qualité des relations humaines et du respect des conditions de ceux qui l’entretiennent. Le REM devra rapidement apaiser ce conflit social s’il veut que le service promis soit réellement « optimal ».
Selon la source : ledevoir.com