Migraine : le risque augmente-t-il lorsque votre quotidien sort de l’ordinaire ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Eh bien, des chercheurs de la Harvard Medical School ont peut-être trouvé une nouvelle piste, beaucoup plus intéressante. Leur idée ? Ce n’est pas forcément le quoi qui compte, mais plutôt le à quel point votre journée était inhabituelle. C’est ce qu’ils appellent le score de « surprise des déclencheurs ».
Comprendre la 'surprise' : une nouvelle façon de voir les habitudes
Les chercheurs ne se sont pas focalisés sur un seul élément (comme, disons, la consommation de fromage), mais sur l’ensemble des expériences de la journée. Si vous avez l’habitude de dormir six heures et que, soudain, vous en dormez neuf, cela contribue à un score de surprise élevé. Si vous mangez toujours à midi et que vous sautez le repas, surprise ! C’est une approche très individualisée.
Le journal intime électronique au cœur de la recherche
Pendant près de 28 jours, ces participants ont rempli deux journaux électroniques quotidiens. Un le matin, pour parler du sommeil (durée, qualité, réveils nocturnes) et de l’humeur. Un autre le soir, pour détailler les repas manqués, les expositions environnementales, le stress quotidien, l’humeur et les fameux déclencheurs alimentaires ou de boisson. C’est en analysant cette masse de données que le score de surprise pour chaque journée a pu être calculé.
Quand l'inattendu frappe : l'augmentation du risque de crise
Les résultats sont assez frappants. Les jours où le score de surprise était élevé – autrement dit, quand la journée était très différente de l’ordinaire – le risque d’une crise de migraine augmentait significativement sur les 12 à 24 heures suivantes.
Concrètement, les chances d’avoir un mal de tête montaient de 86 % dans les 12 heures et de 115 % dans les 24 heures suivant la journée inhabituelle. Le risque est donc plus fort sur le long terme que sur l’immédiat, ce qui est important à noter.
Mais attention, c’est là que ça devient un peu tordu, n’est-ce pas ? Si la veille était déjà inhabituelle, et que le jour suivant l’est aussi, l’augmentation du risque supplémentaire est moins forte. On dirait que notre corps, une fois qu’il est déjà bousculé, est moins sensible à une autre petite déviation. Le pic de risque est vraiment observé quand une journée très typique est suivie d’une journée pleine de changements.
L'individu face à l'instabilité : tout le monde n'est pas logé à la même enseigne
De plus, si vous êtes une personne qui souffre de maux de tête très fréquemment, la valeur prédictive de ce score de surprise est plus faible. Dans ce cas, il est probable que vos migraines soient liées à des facteurs qui ne sont pas forcément comportementaux ou environnementaux quotidiens. C’est une nuance importante, qui montre qu’il n’y a pas de solution unique pour tout le monde. Il est vrai que la petite taille de l’échantillon, à cause du COVID, a limité leur capacité à étudier plus finement les sous-groupes d’âge ou de types de maux de tête.
Maintenir une routine stable plutôt que de chasser les déclencheurs uniques
Alors, qu’est-ce qu’il faut en retenir pour gérer vos migraines au quotidien ? Ce concept de « surprise » pourrait être très utile pour l’autogestion, car il déplace l’attention des déclencheurs spécifiques vers le sentiment général qu’une journée est hors de l’ordinaire.
Plutôt que d’éviter obsessionnellement un verre de vin ou un aliment particulier, l’approche suggérée par les chercheurs est de se concentrer sur le maintien de routines stables et, peut-être, sur la régulation émotionnelle. L’objectif n’est pas d’éviter chaque petit écart, mais d’essayer d’avoir des journées qui ressemblent le plus possible à ce que vous faites habituellement.
Les chercheurs espèrent d’ailleurs que ces scores de surprise pourront être intégrés dans des applications pour téléphones. Cela permettrait aux gens de prévoir en temps réel leur risque de migraine. Si l’application vous dit : ‘Attention, cette journée est très atypique pour vous’, vous pourriez prendre des mesures préventives. C’est un avenir prometteur, même s’il faudra d’autres études pour confirmer tout cela et inclure, par exemple, l’impact des médicaments qui a été laissé de côté ici.
Selon la source : medicalxpress.com