Le secret étonnant des serpents : comment leur « urine solide » pourrait soigner la goutte et les calculs rénaux
Auteur: Mathieu Gagnon
Nous parlons ici de l’acide urique, ce composé chimique qui peut devenir un véritable cauchemar pour beaucoup d’entre nous. Mais pour les serpents et les lézards, ce n’est pas un souci; ils en ont fait une force. Comment parviennent-ils à gérer ce matériau que nos corps, eux, ont tant de mal à évacuer? L’astuce, semble-t-il, tient dans la façon dont ils transforment leur « pipi » en une substance solide et cristalline.
L'astuce évolutive : transformer le liquide en solide pour économiser l'eau
Les chercheurs, après avoir examiné l’urine solide – oui, l’urine solide! – de plus de vingt espèces de reptiles, ont découvert un point commun fascinant : elle est composée de minuscules sphères. Ces petits paquets compacts sont ce qu’on appelle des « urates », qui sont ensuite expulsés par une ouverture appelée cloaque. C’est ça, la magie de l’évolution, trouver une manière unique de stocker et d’excréter des déchets potentiellement toxiques.
Le problème humain : quand l'acide urique devient un fardeau
Alors, quel est le rapport avec nous? Si la cristallisation fonctionne si bien pour un python, pourquoi nous cause-t-elle tant de misère? Eh bien, chez l’humain, lorsque les niveaux d’acide urique sont trop élevés – un problème connu sous le nom d’hyperuricémie – les mêmes cristaux commencent à se former là où ils ne devraient pas.
On pense immédiatement à la goutte, cette maladie articulaire terriblement douloureuse où les cristaux s’accumulent dans les articulations, souvent au gros orteil. Mais il y a aussi les fameux calculs rénaux, quand ces mêmes cristaux décident de s’installer dans les voies urinaires. Nous savons tous à quel point ces conditions peuvent être invalidantes. C’est pour ça que la professeure de chimie Jennifer Swift, de l’Université de Georgetown, et son équipe ont voulu décortiquer le système reptilien.
Des microsphères à l'échelle nanométrique
Quelle taille, demandez-vous? Elles ne mesurent pas plus de 0,0004 pouce. C’est microscopique, presque invisible à l’œil nu, bien sûr! Mais attendez, il y a encore plus petit : ces microsphères sont elles-mêmes construites à partir de nanocristaux encore plus petits, faits d’acide urique et d’eau. C’est comme une poupée russe chimique. C’est cette taille et cette structure unique – sphérique, pas pointue – qui permettent aux reptiles d’évacuer leurs déchets en toute sécurité.
Le rôle protecteur de l'acide urique
C’est un mécanisme de sécurité étonnant, n’est-ce pas? Jennifer Swift expliquait que cette recherche était vraiment inspirée par le désir de comprendre comment les reptiles parviennent à excréter ce matériau sans danger. Est-ce que ce même acide urique pourrait avoir un rôle protecteur similaire dans le corps humain? C’est l’une des grandes questions qui restent, et qui nécessitent encore plus de travail, évidemment. Je suppose qu’on ne sait jamais tout!
Un espoir dans la chimie reptilienne
Les scientifiques n’en sont qu’aux balbutiements, mais comprendre la chimie sous-jacente des déchets reptiliens pourrait mener à la conception de nouveaux médicaments ou de traitements plus efficaces. L’objectif n’est pas de nous faire faire pipi solide, rassurez-vous! Il s’agit plutôt de s’inspirer de ces nanocristaux pour développer des moyens de prévenir la formation de ces douloureux dépôts dans nos articulations ou nos reins. C’est un rappel puissant que parfois, les plus grandes idées médicales viennent des endroits les plus inattendus de la nature.
Selon la source : medicalxpress.com