Des abeilles apprennent le ‘code morse’ : une découverte qui chamboule notre idée de l’intelligence
Auteur: Mathieu Gagnon
L’incroyable capacité des bourdons à ‘lire’ le temps

Cela peut sembler anecdotique, mais ce n’est pas le cas. Cette capacité, celle de mesurer et de différencier des durées de temps très précises, était jusqu’à présent principalement attribuée aux humains et à quelques animaux ayant un cerveau beaucoup, beaucoup plus gros. C’est fascinant, non ? Avant cette recherche, l’idée qu’un insecte puisse « faire la queue » dans le temps semblait tout simplement impensable, ce qui donne un sacré coup de pouce à ce domaine de recherche.
Abeilles, chronométrage et code morse
Dans le morse classique, un éclair court signifierait la lettre E, tandis qu’un long signifierait la lettre T. L’équipe voulait savoir si les abeilles pouvaient apprendre cette distinction fondamentale de durée, même si, soyons honnêtes, elles ne rencontrent jamais ce genre de signaux clignotants dans la nature. C’est la beauté de la recherche : poser une question que la nature n’a jamais posée.
Le labyrinthe et la récompense sucrée

Mais l’équipe a fait preuve d’une grande rigueur scientifique. Ils ont changé la position de chaque cercle clignotant à chaque arrêt. Pourquoi ? Pour que les abeilles ne puissent absolument pas compter sur la localisation pour trouver leur chemin. Elles devaient donc se fier uniquement à la durée du clignotement pour obtenir leur sucre.
L’apprentissage basé uniquement sur le temps

« C’était tellement excitant de les voir réussir », a raconté M. Davidson. Il a souligné que c’était remarquable que les abeilles, qui n’ont jamais vu ce genre de stimulus dans leur environnement naturel, y soient parvenues. Il suggère que cela pourrait être soit une extension de capacités de traitement du temps déjà existantes (pour la navigation ou la communication), soit, et c’est encore plus fou, une composante fondamentale de leur système nerveux, intrinsèque aux propriétés mêmes des neurones. Seules des recherches futures pourront trancher cette question.
Le grand mystère du chronométrage dans un petit cerveau

Les chercheurs ont émis diverses hypothèses, allant d’une unique horloge interne ultra-rapide à plusieurs petits systèmes de chronométrage fonctionnant simultanément. Ce qui est formidable, c’est que cette étude leur donne désormais un moyen de tester ces idées sur des cerveaux qui sont, littéralement, plus petits qu’un millimètre cube. C’est la preuve qu’une petite taille ne signifie absolument pas une pensée simple.
L’inspiration tirée de l’intelligence biologique

C’est un point qui intéresse beaucoup les ingénieurs. Les machines, surtout celles qui utilisent des réseaux neuronaux artificiels, cherchent à être aussi efficientes que possible pour pouvoir être adaptables et utilisables à grande échelle. Et où trouve-t-on le meilleur modèle d’efficacité ? Dans la nature, bien sûr. L’intelligence biologique des insectes pourrait bien inspirer la prochaine génération d’IA.
Un débat ravivé sur la taille du cerveau

Plus nous en apprenons sur la façon dont les insectes gèrent le temps, plus nous pourrions emprunter d’idées pour la conception et l’informatique, pour construire des systèmes petits, mais incroyablement performants.
L’adaptabilité surprenante des bourdons

Pour l’instant, le puzzle du chronométrage est loin d’être résolu ; les scientifiques cherchent encore à localiser les circuits neuronaux exacts derrière cette nouvelle compétence. Mais une chose est limpide : ces minuscules créatures traitent le temps d’une manière que nous n’avions jamais imaginée, ouvrant de nouvelles portes sur la manière dont nous comprenons la vie, à toutes les échelles. L’étude complète, si cela vous intéresse, a été publiée dans la revue Biology Letters.