Aller au contenu
Comment une simple manucure peut dévorer 636 000 dollars de votre richesse future
Crédit: lanature.ca (image IA)

L’argent, la neige et la manucure de luxe

credit : lanature.ca (image IA)

La saison a tourné. Les citrouilles sont désormais compostées, et la neige, tant attendue ou redoutée, est enfin là. Tandis que l’air se remplit doucement des mélodies de Noël, nos lecteurs, eux, restent les deux pieds sur terre, concentrés sur les questions essentielles : comment naviguer dans ce marché financier qui semble toujours au sommet, et surtout, comment ne pas laisser les petites dépenses du quotidien faire dérailler les grandes ambitions.

Ce courrier de l’amygdale est un mélange éclectique de doutes d’investisseurs et de dilemmes parentaux. Nous allons aborder la peur d’investir en janvier, l’étrange cas des obligations aux rendements décevants, et l’équation sidérante derrière le coût réel d’une manucure à 80 dollars.

Le dilemme de l’investisseur au sommet

credit : lanature.ca (image IA)

Commençons par Martin, un « Lucky Luke » de l’épargne, qui nous confie son hésitation classique. Il a l’habitude de cotiser ses comptes enregistrés (CELI, REEE) en une seule fois dès le début janvier. Or, les marchés actuels flirtent avec des sommets historiques. Martin craint un krach en 2026, et se demande s’il ne serait pas plus judicieux d’attendre un moment plus propice, peut-être un repli dans l’année.

C’est une question que l’on entend sans cesse. Pourquoi 2026, d’ailleurs ? En janvier 2025, nous nous posions déjà la même question. Et nous aurions eu tort d’attendre. La valeur d’un portefeuille équilibré, par exemple, a pu grimper de 13 % depuis le début de l’année. Un portefeuille de croissance, lui, a fait encore mieux, s’appréciant de près de 17 %.

Ne pas s’épuiser à anticiper le marché

credit : lanature.ca (image IA)

Nul ne peut prédire l’avenir, c’est entendu. Mais la tentation de vouloir anticiper le marché, de « timer » le meilleur point d’entrée, est forte. Imaginons une chute : vous seriez-vous précipité l’an dernier pour investir lors de l’annonce des droits de douane de Trump, par exemple ? Généralement, quand la peur est là, on ne bouge pas. Alors, pourquoi penser que la prochaine fois sera différente ?

Pour ma part, en bon gestionnaire aristocrate (si l’on peut dire), je ne me fatigue jamais à anticiper. Je cotise mon montant annuel dès janvier dans un portefeuille diversifié, et c’est tout. Sur le long terme, ces mouvements de mois en mois ou même d’année en année ne sont que du bruit. L’art de l’enrichissement consiste souvent à ignorer ce bruit de fond. Plus facile à dire qu’à faire, évidemment.

Les obligations sont-elles un pari perdant ?

Enchaînons avec le cas d’Yves, qui ne mâche pas ses mots concernant les obligations. Il a l’impression que cette classe d’actif est devenue un « fort coût de renonciation » et craint que la présente décennie ne soit perdante. Il faut lui donner raison, au moins en partie. En 2022, année marquée par une forte inflation, les obligations ont pris une véritable « débarque », connaissant leur pire rendement en plus d’un siècle. Elles n’ont clairement pas joué leur rôle habituel de coussin d’amortissement ; disons que la suspension a lâché.

Cependant, ce constat amer contient un élément positif. Puisque les prix ont diminué, l’avenir s’annonce paradoxalement moins sombre. Les obligations à court terme, en particulier, ont mieux résisté. Un fonds d’obligations gouvernementales échelonnées sur 1 à 5 ans, par exemple, a affiché un rendement composé annualisé de 2,3 % sur les cinq dernières années, sans être spectaculaire, mais sans être catastrophique non plus.

Le vrai rôle des obligations : la stabilité psychologique

credit : lanature.ca (image IA)

Il est crucial de se rappeler que le rôle premier des obligations n’est pas de nous rendre riches. Il est de nous permettre de laisser nos actions – qui, elles, sont le véritable moteur de croissance – travailler en paix le plus longtemps possible. Si un portefeuille 100 % actions offre de meilleurs rendements théoriques à très long terme, il vient aussi avec un risque psychologique immense.

Imaginez : si vous vendez toutes vos actions par dégoût ou par panique après trois années de chute consécutives (ce qui arrive), alors vous n’aurez jamais profité de la remontée. Les obligations, même si leur rendement est faible, servent à amortir les chocs. Elles permettent de dormir sur ses deux oreilles et de ne pas prendre de décisions irréfléchies lorsque les marchés paniquent. Elles sont un gilet de sauvetage émotionnel.

Le coût d’opportunité d’une petite gâterie

Terminons par la question d’une lectrice, mère de deux filles brillantes (l’une en médecine, l’autre visant une université américaine). Elle peine à leur inculquer la discipline budgétaire. Sa plus vieille est récemment rentrée à la maison avec des ongles fraîchement faits, pour 80 $… Comment les sensibiliser au coût de l’argent ?

D’abord, ces filles sont sur la bonne voie. Mais à cet âge, on découvre la liberté et, soyons honnêtes, ne pas dépenser, c’est plate. Elles apprendront par essais et erreurs. Il est important de leur faire comprendre ceci : on ne s’enrichit pas parce qu’on est médecin ou programmeur. On s’enrichit parce qu’on investit.

Et c’est là que le problème des ongles à 80 $ prend une tout autre dimension. Car ces ongles coûtent en réalité 636 000 $. Ce montant ahurissant correspond au coût de deux manucures par mois, de 20 ans à 65 ans, si l’on tient compte d’un rendement annualisé de 7 % et d’une hausse pour couvrir l’inflation. C’est le prix à payer pour ne pas avoir investi cet argent-là.

le prix du désir

credit : lanature.ca (image IA)

La question qui demeure est simple et philosophique : avoir des ongles impeccables toute sa vie vaut-il un capital de 636 000 $ à la retraite ? Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. On peut aider nos enfants à visualiser ce coût d’opportunité, cette richesse perdue dans le sillage de dépenses courantes. Mais, au fond, nous ne pouvons pas choisir à leur place.

Ils doivent trouver leur propre équilibre entre la gratification immédiate et la liberté financière future. Ce serait trop facile si l’on pouvait simplement leur dicter la réponse, n’est-ce pas ?

Selon la source : lapresse.ca

facebook icon twitter icon linkedin icon
Copié!
Plus de contenu