Un vieux médicament contre la goutte pourrait être notre nouveau bouclier contre les crises cardiaques
Auteur: Mathieu Gagnon
La colchicine, l’héroïne inattendue

Ce médicament, c’est la colchicine, et une grande revue scientifique, menée par Cochrane, vient de jeter un œil très sérieux sur son potentiel. Ce qui est fascinant, c’est qu’il s’agit d’une option à la fois courante et vraiment peu coûteuse pour les patients qui souffrent déjà de maladies cardiovasculaires. C’est, je pense, un espoir immense pour la prévention secondaire.
L’ennemi silencieux : l’inflammation chronique

La colchicine est un anti-inflammatoire puissant, traditionnellement utilisé contre la goutte. Elle est tirée d’une jolie plante, le colchique d’automne (Colchicum autumnale). Son travail, c’est de venir mettre le bazar dans les cellules immunitaires, si vous voulez, les empêchant de libérer tous ces signaux inflammatoires qui aggravent les maladies cardiaques. Elle agit en perturbant la formation de ce qu’on appelle les microtubules. C’est une façon assez élégante d’éteindre l’incendie, vous ne trouvez pas ?
La puissance d’une petite dose : le protocole d’étude

Ces gens avaient tous un historique cardiovasculaire : une crise cardiaque, un AVC, ou une maladie cardiaque établie. Pendant au moins six mois, la moitié prenait une faible dose de colchicine, généralement 0,5 mg une ou deux fois par jour. L’autre moitié prenait un placebo ou continuait son traitement standard sans l’ajout de colchicine. La majorité des participants étaient des hommes, âgés en moyenne de 57 à 74 ans. On parle donc bien de prévention secondaire, pour ceux qui sont déjà à haut risque.
Des chiffres qui parlent : réduction des risques

Imaginez ceci : pour 1 000 personnes traitées avec la colchicine, on a dénombré neuf crises cardiaques de moins et huit AVC de moins que chez ceux qui n’avaient pas pris le médicament. Neuf et huit ! C’est considérable, surtout si vous vivez avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête.
Le Dr Ramin Ebrahimi, un des co-auteurs de l’étude en Allemagne, l’a bien résumé : « Parmi 200 personnes atteintes de maladies cardiovasculaires… l’utilisation de colchicine à faible dose pourrait prévenir environ deux accidents de chaque type. » Des réductions comme ça, cela fait une vraie différence pour les patients qui font face à un risque continu.
Le trésor caché des vieux remèdes

Lars Hemkens, l’auteur principal de Suisse, a insisté sur ce point : ces résultats proviennent d’essais financés par des fonds publics, utilisant un vieux remède pour un usage totalement inédit. Cela prouve la puissance de la recherche académique pour dénicher des opportunités thérapeutiques que l’industrie pharmaceutique traditionnelle, focalisée sur le profit, pourrait facilement ignorer. C’est une excellente nouvelle pour l’accessibilité des soins, car les maladies cardiovasculaires restent, hélas, la première cause de mortalité mondiale.
Oui, mais soyons prudents : les effets secondaires et ce qu’on ignore encore

Par contre, les auteurs soulignent qu’on ne sait pas encore si la colchicine change grand-chose aux taux de mortalité globaux, ou si elle améliore vraiment la qualité de vie ou réduit les séjours à l’hôpital. Ces domaines demandent plus d’études. La science est patiente, n’est-ce pas ? On a besoin de plus de données pour affirmer ces bénéfices secondaires.
Un pas de plus vers une prévention accessible

C’est une lueur qui prouve que la lutte contre l’inflammation chronique est essentielle et que même les médicaments les plus établis peuvent encore nous surprendre. Pour les patients à haut risque cardiovasculaire, la colchicine offre une prévention significative des récidives, ce qui est une excellente nouvelle en termes de santé publique. Attendons la suite des recherches, mais pour l’instant, c’est très prometteur.