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Hypertension : le cerveau est touché bien avant que la tension n’augmente réellement
Crédit: lanature.ca (image IA)

Le dommage silencieux de l’hypertension

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C’est une découverte assez troublante, et je crois qu’elle mérite vraiment qu’on s’y arrête deux minutes : l’hypertension, qu’on appelle souvent l’ennemi silencieux, fait des ravages sur notre cerveau beaucoup plus tôt qu’on ne l’imaginait. On parle là de dommages qui commencent à s’installer bien avant même qu’un médecin ne puisse détecter une augmentation de la tension artérielle. C’est l’idée principale d’une nouvelle étude assez pointue menée par des chercheurs de Weill Cornell Medicine.

Franchement, cela donne à réfléchir, non ? Cela signifie que ce trouble, qui est si courant, pourrait commencer à saper la santé de nos vaisseaux sanguins et de nos cellules cérébrales, cette fameuse « matière blanche », sans aucun signal d’alerte. Ce travail, publié dans la revue Neuron, suggère que l’hypertension déclenche des changements moléculaires précoces, préparant le terrain pour de sérieux problèmes de mémoire et de réflexion.

L’énigme du lien entre tension artérielle et mémoire

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On sait depuis longtemps, bien sûr, qu’il y a un lien direct entre avoir de l’hypertension et courir un risque accru de développer des troubles cognitifs. Les patients hypertendus ont entre 1,2 et 1,5 fois plus de chance d’être touchés par des maladies comme la démence vasculaire ou même l’Alzheimer. Mais honnêtement, le pourquoi exact de cette relation restait assez flou. Et ça, c’est important, car beaucoup de médicaments utilisés pour faire baisser la tension n’ont qu’un effet limité sur la protection du cerveau.

« Nous avons constaté que les principales cellules responsables des troubles cognitifs étaient déjà affectées seulement trois jours après avoir provoqué l’hypertension chez nos souris — et ce, avant même que leur tension artérielle n’augmente », explique le Dr Costantino Iadecola, qui a dirigé cette recherche. Il est clair que le fond de l’histoire, c’est que quelque chose d’autre que la simple dysrégulation de la pression est impliqué. Cette révélation est fondamentale, je trouve.

L’attaque avant l’heure : les dégâts cellulaires au jour 3

credit : lanature.ca (image IA)
Pour mener cette étude, les scientifiques ont utilisé une hormone (l’angiotensine) pour simuler l’hypertension, un peu comme cela se passe chez les humains. Ils ont ensuite regardé ce qui se passait dans le cerveau à deux moments clés : au troisième jour (quand la pression n’avait pas encore bougé) et au jour 42 (quand la pression était déjà haute et que des problèmes cognitifs commençaient à apparaître).

Le choc, c’est que dès le troisième jour, l’expression des gènes – c’est-à-dire la manière dont les cellules lisent et utilisent leur ADN – a changé radicalement dans trois types de cellules cruciales. Ces changements se passaient, si l’on peut dire, dans les coulisses du cerveau : chez les cellules endothéliales, les interneurones et les oligodendrocytes. Trois jours, ce n’est rien, mais les dommages étaient déjà là.

Le vieillissement prématuré des vaisseaux sanguins

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Parlons d’abord des cellules endothéliales. Ce sont, en gros, celles qui tapissent l’intérieur de nos vaisseaux. Elles sont les premières sur la ligne de front. Or, les chercheurs ont découvert qu’elles « vieillissaient » prématurément. Elles montraient des signes de sénescence (un genre de mise au repos forcée et dommageable) et leur métabolisme énergétique ralentissait.

Mais ce n’est pas tout. Ce vieillissement précoce est directement lié à un affaiblissement de ce qu’on appelle la barrière hémato-encéphalique. Pensez à cette barrière comme à un filtre très strict. Elle permet aux nutriments d’entrer dans le cerveau tout en bloquant les molécules nocives. Si cette barrière est faible, le cerveau devient vulnérable, n’est-ce pas? Je suppose que c’est là que tout commence à mal tourner.

Les « gardiens » de la communication flanchent

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Les deux autres types de cellules affectées sont encore plus liés à la fonction cognitive pure. Il y a d’abord les interneurones. Ces cellules sont cruciales parce qu’elles maintiennent l’équilibre parfait entre les signaux nerveux qui excitent et ceux qui inhibent le cerveau. Si ces interneurones sont abîmés, cet équilibre est rompu. Ce déséquilibre ressemble d’ailleurs beaucoup à ce que l’on observe dans la maladie d’Alzheimer. Une légère incohérence qui frappe, je trouve.

Ensuite, il y a les oligodendrocytes. Ce sont eux qui enveloppent nos fibres nerveuses avec la myéline, comme une gaine isolante autour d’un fil électrique. Sans myéline saine, les neurones ne peuvent plus communiquer efficacement entre eux. L’étude a montré que les gènes responsables de l’entretien et du remplacement de ces oligodendrocytes n’étaient plus exprimés correctement. C’est vraiment le talon d’Achille de la fonction cognitive qui est touché là.

Un tsunami de changements au niveau génétique

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Ce qui a beaucoup surpris l’équipe de recherche, c’est l’ampleur des altérations précoces, même si la tension n’était pas encore montée. « L’étendue des altérations précoces induites par l’hypertension était tout à fait surprenante », a confirmé le Dr Anthony Pacholko, qui a également participé à ces travaux.

Et bien sûr, les problèmes s’accumulaient. Au jour 42, lorsque l’hypertension était installée et la fonction cognitive déjà en déclin chez les souris, on observait encore davantage de changements dans l’expression génique. Comprendre comment l’hypertension affecte le cerveau au niveau moléculaire et cellulaire, et ce dès les premiers instants de la maladie, c’est, je suppose, la clé pour trouver des traitements capables de bloquer la neurodégénérescence.

Un médicament existant offre-t-il une piste? Le cas du losartan

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La bonne nouvelle, c’est que cette recherche ouvre des portes pour de nouvelles stratégies de traitement. Les chercheurs se sont penchés sur un médicament antihypertenseur que l’on utilise déjà : le losartan. Ce médicament agit en bloquant le récepteur de l’angiotensine (l’hormone utilisée pour simuler l’hypertension).

Le Dr Iadecola note que « dans certaines études humaines, les données suggèrent que les inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine pourraient être plus bénéfiques pour la santé cognitive que d’autres médicaments qui abaissent la tension. » Mieux encore, dans leurs expériences supplémentaires, le losartan a réussi à annuler les effets précoces de l’hypertension sur les cellules endothéliales et les interneurones du modèle murin. C’est encourageant, mais attention, cela ne remplace pas encore un traitement ciblé pour l’humain, il faut être prudent.

Traiter l’hypertension est une priorité absolue

Quoi qu’il arrive, le message du Dr Iadecola reste d’une clarté limpide : « L’hypertension est l’une des principales causes de dommages au cœur et aux reins, et cela peut être évité par des médicaments. Donc, indépendamment de la fonction cognitive, traiter l’hypertension artérielle est une priorité. » C’est un rappel important.

Ces nouvelles recherches confirment que le traitement ne doit pas seulement se concentrer sur le chiffre sur le tensiomètre, mais bien sur les mécanismes sous-jacents qui endommagent les cellules et les vaisseaux, parfois même avant que la tension ne monte. Les équipes du Dr Iadecola continuent leurs investigations, essayant de comprendre comment le vieillissement prématuré des petits vaisseaux sanguins pourrait déclencher les défauts observés dans les interneurones et les oligodendrocytes. Espérons qu’ils découvrent bientôt le meilleur moyen de prévenir, ou même d’inverser, ces effets dévastateurs sur notre cerveau.

Selon la source : scitechdaily.com

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