Le 17 novembre, date mondiale de l’espoir: comment l’oms veut rayer le cancer du col de l’utérus de la carte
Auteur: Adam David
Trente ans après l’introduction de vaccins efficaces et de méthodes de dépistage éprouvées, le cancer du col de l’utérus continue de tuer plus de 340 000 femmes chaque année dans le monde. C’est un chiffre terrible, d’autant plus qu’il révèle une profonde injustice : il s’agit d’une maladie presque entièrement évitable. Face à ce bilan, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), avec le soutien de l’UNICEF, vient de franchir une étape résolument historique.
Dans une vague d’engagements internationaux sans précédent, l’OMS a officialisé la création d’une Journée mondiale dédiée à cet enjeu, fixée au 17 novembre. L’objectif est clair : faire de l’élimination de ce cancer une réalité concrète, capable de sauver des millions de vies au cours des prochaines décennies.
Un tueur silencieux longtemps négligé
Pour comprendre l’urgence, il faut rappeler la mécanique de cette maladie. Le cancer du col de l’utérus est causé dans la grande majorité des cas par le virus du papillome humain (VPH), transmis lors des relations sexuelles. Le problème est qu’il s’agit souvent d’une maladie silencieuse. Si des saignements anormaux ou des douleurs pelviennes peuvent apparaître, le diagnostic est trop souvent tardif.
Pendant des décennies, la lutte a reposé sur le dépistage (frottis, tests VPH) et la vaccination des adolescentes. Mais ces outils, pourtant cruciaux, sont restés hors de portée pour les pays à faible revenu, là où surviennent neuf décès sur dix. C’est l’illustration parfaite des inégalités sanitaires qui persistent, laissant une maladie évitable devenir l’un des cancers les plus meurtriers chez les femmes jeunes.
Un tournant diplomatique et sanitaire
L’OMS le souligne avec insistance : malgré l’efficacité prouvée du vaccin, la couverture vaccinale chez les filles de moins de 15 ans demeure dramatiquement loin des 90 % visés pour 2030. C’est ce constat d’échec relatif qui a mené à cette mobilisation massive. L’annonce faite par l’UNICEF révèle que plus de 40 pays ont officialisé de nouveaux engagements de haut niveau.
Ce revirement n’est pas uniquement symbolique. Les documents internes de l’OMS confirment cette nouvelle priorité. Dans sa résolution de 2025, l’organisation insiste sur le fait que « la vaccination et le dépistage du VPH sont des stratégies d’un très bon rapport coût/efficacité » pour freiner l’épidémie. L’ensemble de la communauté internationale semble avoir enfin reconnu que prévenir coûte moins cher, humainement et financièrement, que de soigner.
Le 17 novembre, un accélérateur planétaire
L’instauration officielle de la Journée mondiale pour l’élimination du cancer du col de l’utérus, le 17 novembre, n’est pas qu’un simple ajout au calendrier des Nations Unies. C’est avant tout un jalon stratégique. L’idée est de créer un événement annuel qui force les gouvernements, les donateurs et les systèmes de santé à rendre des comptes sur leurs progrès et à maintenir l’attention médiatique sur cet objectif d’éradication.
Cette date symbolique est censée devenir un puissant moteur de plaidoyer, permettant d’accélérer la logistique et de mobiliser les financements nécessaires, notamment pour garantir la livraison de doses de vaccins dans les régions les plus reculées.
La stratégie 90-70-90 et l'impact sur le terrain
Derrière les résolutions, il y a des objectifs précis, regroupés dans la fameuse stratégie « 90-70-90 ». Concrètement, ces engagements signifient que d’ici 2030, les pays doivent s’efforcer :
- De vacciner 90 % des filles avant l’âge de 15 ans.
- De dépister 70 % des femmes adultes grâce à des tests VPH de haute performance.
- De garantir le traitement pour 90 % des femmes diagnostiquées.
Pour une jeune femme de 25 ans vivant par exemple dans un pays à revenu faible, cette mobilisation peut se traduire par la possibilité d’éviter un cancer mortel grâce à une simple dose de vaccin ou un examen de dépistage précoce. C’est la preuve que l’accès universel à la santé peut changer une destinée.
Une révolution en marche mais encore fragile
Malgré l’élan politique inédit, la route vers l’élimination reste semée d’embûches. Les défis logistiques sont colossaux, notamment l’acheminement des vaccins et la mise en place de laboratoires de dépistage dans les zones rurales isolées. Il faut ajouter à cela la question sensible de la désinformation autour du VPH, qui pourrait freiner l’acceptation du vaccin chez les parents et les communautés.
L’OMS le rappelle : il est essentiel de renforcer la sensibilisation, d’améliorer la qualité des services et, surtout, de réduire les inégalités socio-économiques pour atteindre l’objectif de 2030. Un effort de coordination sans faille est requis pour que le nouveau mouvement international ne s’essouffle pas.
Un monde sans cancer du col est-il possible ?
La réponse, selon les experts, est oui. Si l’élimination complète du cancer du col de l’utérus est un pari ambitieux, elle n’a jamais paru aussi réaliste. En fixant le 17 novembre comme date de mobilisation planétaire, l’OMS et ses partenaires forcent la communauté internationale à maintenir la pression et à accélérer la mise en œuvre des outils préventifs existants. Nous assistons peut-être, enfin, à la fin de l’ère où ce cancer faisait figure de condamnation évitable pour des millions de femmes.
Selon la source : passeportsante.net