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Le régime céto et le moral : une étude vaste démontre un lien avec la réduction des symptômes dépressifs

Auteur: Mathieu Gagnon

2025-11-18 09:53:51

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Crédit: lanature.ca (image IA)

Le régime cétogène, ou « Keto », fait beaucoup parler de lui depuis des années, n’est-ce pas? On l’associe souvent à la perte de poids, mais figurez-vous que cette approche alimentaire très stricte a été utilisée en médecine clinique il y a un siècle déjà, principalement pour traiter l’épilepsie réfractaire. Ce n’est pas si nouveau que ça, finalement.Mais aujourd’hui, la grande question que se posent les chercheurs de l’Hôpital St Michael’s à Toronto est la suivante : ce régime, riche en gras et extrêmement pauvre en glucides, peut-il vraiment améliorer notre santé mentale ? Après tout, la dépression, l’anxiété, et même la schizophrénie, sont liées à des problèmes de gestion de l’énergie au niveau du cerveau. Changer de carburant cérébral pourrait donc avoir un effet.

Une méta-analyse et revue systématique colossale vient d’être publiée dans JAMA Psychiatry, qui tente de faire le tri dans les preuves. Le verdict ? Il y a de bonnes nouvelles pour ceux qui souffrent de symptômes dépressifs, mais le tableau est beaucoup plus flou concernant l’anxiété.

Comment un régime alimentaire pourrait-il affecter l’humeur ?

C’est un peu contre-intuitif pour beaucoup de monde, je suppose. On pense que ce qu’on mange agit sur le corps, pas forcément sur l’esprit, mais la science nous dit le contraire. Les chercheurs expliquent que plusieurs troubles psychiatriques graves, comme la dépression majeure ou le trouble bipolaire, sont liés à ce qu’on appelle des « dysfonctionnements mitochondriaux », c’est-à-dire des problèmes dans les centrales énergétiques de nos cellules.Le régime céto fonctionne en forçant le corps à passer de l’utilisation du glucose (sucre) à l’utilisation des corps cétoniques – comme le bêta-hydroxybutyrate – pour alimenter le cerveau. Ce changement de source d’énergie semble avoir des effets bénéfiques sur l’inflammation et le stress oxydatif, qui sont souvent en cause dans la dépression. Il y a aussi des liens avec la chimie du cerveau, notamment les signaux GABA et glutamate. C’est fascinant de voir à quel point tout est relié, n’est-ce pas ?

L’étude en chiffres : un échantillon colossal

Ce n’est pas une petite étude isolée. Non, non. Les scientifiques ont agrégé les données de 50 études différentes, couvrant 41 718 participants adultes de 15 pays. C’est une quantité de données impressionnante !Les participants venaient de populations très variées : certains souffraient de troubles psychiatriques diagnostiqués (dépression, schizophrénie, anxiété généralisée), mais beaucoup d’autres étaient des personnes suivant un régime céto pour d’autres raisons, comme l’obésité, et chez qui les chercheurs mesuraient les symptômes mentaux comme un point secondaire. C’est important de le noter, car ça montre que l’effet pourrait exister dans la population générale, pas seulement chez les malades.

Ils ont examiné des études allant de 1965 jusqu’en 2025, mais ce qui frappe, c’est l’explosion des publications après 2019. L’intérêt pour le keto et la santé mentale est clairement en pleine croissance.

Le verdict sur la dépression : un signal positif, mais sous conditions

C’est dans le domaine de la dépression que les résultats sont les plus encourageants. L’analyse des essais cliniques randomisés – le type d’étude le plus fiable – a montré une association modeste mais réelle en faveur du régime céto par rapport aux régimes témoins. Une petite ou moyenne réduction des symptômes dépressifs, mesurée par des outils reconnus comme le PHQ-9.Mais attention, il y a un grand « si ». L’effet était beaucoup plus marqué quand les participants suivaient un régime très faible en glucides (moins de 10% de l’apport énergétique total) et, surtout, quand on vérifiait qu’ils étaient bien en état de cétose par des tests biochimiques (mesure des corps cétoniques dans le sang ou l’urine). Quand ce suivi n’était pas fait, l’association positive devenait petite et non significative.

Cela nous dit quelque chose de fondamental : ce n’est pas l’idée du régime qui marche, c’est l’état métabolique réel de cétose. Si vous ne faites pas le régime à fond, vous n’obtiendrez probablement pas cet effet sur le moral.

L’obésité et l'intensité du régime : des facteurs déterminants

Deux autres facteurs ont vraiment modifié les résultats, c’est très intéressant. D’abord, le statut de la personne. Chez les participants qui n’étaient pas obèses, l’association entre le céto et l’amélioration de la dépression était forte et significative. Par contre, chez les personnes déjà obèses, l’effet était très faible. Pourquoi ? Les auteurs ne l’expliquent pas complètement, mais cela pourrait indiquer que le mécanisme est différent selon le métabolisme de départ.Ensuite, l’intensité : les « très faibles » en glucides avaient un bénéfice clair. Mais dès que l’apport en glucides montait un peu (même 11 à 20 % de l’énergie totale, ce qui est encore bas), l’effet sur la dépression disparaissait. Cela confirme que pour le cerveau, il faut vraiment atteindre et maintenir l’état de cétose nutritionnelle pour que les bienfaits se manifestent.

L'anxiété : un tableau beaucoup plus confus

Et qu’en est-il de l’anxiété, cette angoisse qui nous ronge tous un peu, par moments ? Eh bien, les résultats sont décevants. Dans les essais cliniques randomisés (les plus rigoureux), le régime céto n’a montré aucune association significative avec l’amélioration des symptômes d’anxiété par rapport aux régimes témoins.

Cependant, et c’est là que ça devient un peu plus confus, les études quasi-expérimentales – celles où les participants se suivent eux-mêmes sur la durée – suggéraient une amélioration moyenne des symptômes d’anxiété au fil du temps. Alors, qu’est-ce qui explique cette différence ? Les auteurs pensent que ces études sont plus sujettes aux biais ; peut-être que ceux qui tiennent le régime sont aussi ceux qui se sentent le mieux. Il y a aussi des rapports de cas qui suggèrent une amélioration de l’humeur et des symptômes psychotiques dans la schizophrénie, mais ça demande beaucoup plus de travail pour être confirmé.

Prudence et espoir d'une nouvelle thérapie

Alors, que devons-nous retenir de cette vaste analyse ? D’abord, c’est une première étape très prometteuse. Les auteurs concluent que les régimes cétogènes pourraient effectivement offrir des bénéfices thérapeutiques pour les symptômes dépressifs, surtout si l’état de cétose est bien réel et vérifié.Mais attention aux conclusions hâtives ! Ces résultats ne prouvent pas que le régime céto est la cause unique et directe de l’amélioration. On parle d’association. Et comme le soulignent les chercheurs, l’efficacité dépend beaucoup trop de l’adhérence stricte, de la composition exacte du régime et, franchement, le suivi des études était souvent trop court. Il est peu probable qu’il y ait un effet miracle et uniforme pour tout le monde. Si vous avez déjà beaucoup de médicaments, par exemple, il y a des préoccupations de sécurité qu’il faut absolument discuter avec un médecin.

En somme, le céto n’est pas une panacée, mais il ouvre certainement une voie fascinante pour utiliser la nutrition comme un outil sérieux en psychiatrie. Il faut simplement que d’autres essais, plus longs et plus stricts, confirment ces promesses.

Selon la source : medicalxpress.com

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