L’incroyable histoire des images de la Lune : comment la NASA a effacé par erreur les enregistrements d’Apollo 11

Nous sommes le 20 juillet 1969. Des millions de personnes, partout dans le monde, sont scotchées devant leur téléviseur. Neil Armstrong descend l’échelle du module lunaire et prononce ces mots devenus légendaires. Un petit pas pour l’homme, un bond de géant pour l’humanité.

Les images étaient un peu floues, presque fantomatiques. On se disait que c’était normal, après tout, elles venaient de la Lune, à plus de 380 000 kilomètres de là ! C’était magique. Mais ce que presque personne ne savait à l’époque, c’est qu’il existait des enregistrements de bien meilleure qualité, nets et précis, ici même sur Terre.

Pendant que nous regardions ces silhouettes un peu tremblantes, les ingénieurs de la NASA, eux, dans les stations de suivi en Californie et en Australie, voyaient tout autre chose. Sur leurs moniteurs spéciaux, les images qui arrivaient directement de la Lune étaient d’une clarté incroyable. On y voyait tout, les détails du sol lunaire, les textures de la combinaison… C’était spectaculaire.

Alors pourquoi n’avons-nous pas eu droit à ce spectacle ? Pour une raison technique, tout simplement. Pour diffuser ces images en direct dans le monde entier, il fallait les convertir dans un format compatible avec nos téléviseurs de l’époque. Et cette conversion, malheureusement, dégradait énormément la qualité. Un compromis nécessaire, pensait-on, pour que l’événement soit vécu par tous en temps réel.

Après le retour des astronautes, on a bien sûr eu accès à des photos et des films de haute qualité. Mais quid de ces fameuses bandes vidéo originales, celles qui étaient si nettes ? Pendant des décennies, on a pensé qu’elles étaient précieusement conservées quelque part dans les archives de la NASA. Un trésor historique, forcément.

Pourtant, au début des années 2000, quand on a voulu les retrouver, impossible de mettre la main dessus. C’était le début d’un véritable mystère. Comment des enregistrements aussi importants avaient-ils pu disparaître ?

En 2006, la NASA a dû admettre la terrible vérité : les bandes étaient perdues. S’en est suivie une enquête de trois ans, menée par un certain Richard Nafzger, un ingénieur qui avait justement supervisé la diffusion télévisée de la mission Apollo 11. Et la conclusion de sa recherche a de quoi laisser pantois.

Les bandes n’ont pas été volées, ni perdues dans un déménagement. Non, la réalité est bien plus… banale. Pour ceux qui ont connu les cassettes VHS, l’explication va leur sembler familière : la NASA avait tout simplement enregistré par-dessus. Les bandes originales ont été effacées pour servir à autre chose.

Comment a-t-on pu en arriver là ? La raison est simple : une histoire de gros sous et de manque de place. Après Apollo, l’ère des satellites a explosé. Ces engins envoyaient en permanence des quantités phénoménales de données qu’il fallait bien enregistrer quelque part. Et à l’époque, le support de stockage principal, c’était la bande magnétique. Très chère et encombrante.

Face à une pénurie de bandes neuves, quelqu’un, quelque part, a pris la décision de réutiliser les anciennes. Un lot de 200 000 bandes a ainsi été « dégaussé », c’est-à-dire effacé magnétiquement. Dans le lot, se trouvaient les enregistrements d’Apollo 11. « Je pense que personne n’a mal agi, c’est juste passé entre les mailles du filet. Et personne n’en est heureux », a expliqué Nafzger, avec une pointe de tristesse.

Alors, faut-il tout jeter à la poubelle ? Non, bien sûr. Heureusement, nous avons toujours les enregistrements de la diffusion télévisée. Ces images, bien que de moins bonne qualité, ont été restaurées avec les technologies modernes. Elles sont aujourd’hui plus belles qu’elles ne l’ont jamais été.

C’est une histoire un peu triste, c’est vrai. Perdre la version la plus pure d’un tel événement historique, c’est un crève-cœur. Mais au fond, l’essentiel est préservé. L’émotion de ce moment, le souvenir de ces pionniers sur la Lune et l’impact que cela a eu sur le monde entier… ça, personne ne pourra jamais l’effacer. C’est peut-être ça, le plus important.