Le groupe Bell a annoncé ce jeudi la suppression de 690 postes à travers le pays. L’entreprise justifie cette nouvelle vague de compressions, qu’elle qualifie de «difficile» mais «nécessaire», par la mise en œuvre accélérée de son plan de croissance stratégique. Cette décision intervient dans un contexte de turbulences intenses et de restructurations quasi continues pour le géant canadien des télécommunications.
Si la direction tient à préciser que les postes syndiqués ont été épargnés cette fois-ci, ces coupes rappellent la pression structurelle qui pèse sur le secteur. Les suppressions visent principalement des fonctions de gestion et une petite portion de l’unité Bell Média.
Des postes de gestion ciblés par la cure d'austérité
D’après Katherine Cuplinskas, porte-parole de Bell, ces 690 suppressions représentent moins de 2 % de l’effectif total de l’entreprise. L’impact se concentre surtout sur les cadres : environ 650 postes de gestion sont concernés, ainsi qu’une quarantaine du côté de Bell Média. «Aucun poste syndiqué n’a été touché», a-t-elle insisté, une précision qui marque une différence notable avec les vagues précédentes.
Ces ajustements sont intégrés dans un nouveau « plan stratégique de trois ans » visant à assurer une croissance durable au sein de toutes les unités d’affaires clés. En interne, l’entreprise insiste sur le fait qu’elle doit «évaluer et changer régulièrement la structure de [son] équipe» pour faire progresser ce plan.
Un plan d'économies de 1,5 milliard axé sur l'IA et le numérique
Ce plan stratégique, dévoilé aux investisseurs il y a quelques mois, ambitionne des économies massives. Le groupe Bell Canada Entreprises (BCE) vise notamment 1,5 milliard de dollars de réduction de coûts d’ici 2028.
Pour y parvenir, le géant mise sur une transformation radicale de son modèle d’affaires. Cela inclut un focus renforcé sur la fibre optique, l’expansion des services sans fil, ainsi que l’adoption de solutions d’entreprise basées sur l’intelligence artificielle et les médias numériques. En d’autres termes, l’entreprise tente de s’alléger pour s’adapter à un environnement technologique en mutation rapide.
L'historique des coupes : un paysage en crise permanente
Il est difficile de considérer ces 690 suppressions comme un événement isolé. L’effectif de Bell subit une purge régulière depuis plus d’un an. En février dernier, Bell Média avait déjà sabré 98 postes. Mais la restructuration la plus spectaculaire et la plus douloureuse avait été annoncée un an plus tôt, lorsque BCE avait procédé à l’abolition de 4800 emplois, la vente de 45 de ses stations de radio régionales, et la fin de plusieurs bulletins d’information télévisés.
En juin 2023, une autre vague avait concerné 1300 emplois. À chaque fois, la direction avait souligné des «politiques publiques et des conditions réglementaires défavorables» comme principaux responsables des difficultés, pointant du doigt la lenteur d’Ottawa à soutenir le secteur médiatique en crise.
La polémique des primes des dirigeants
Ces efforts constants de compression passent d’autant moins bien qu’ils contrastent avec la générosité des primes octroyées à la haute direction. En avril dernier, le syndicat Unifor avait fermement condamné l’attribution de 5 millions de dollars de primes aux dirigeants, dont près de 2,4 millions pour le PDG Mirko Bibic.
Lana Payne, présidente nationale d’Unifor, n’y était pas allée par quatre chemins, dénonçant un système où, «malgré le fait que l’entreprise ait licencié des milliers de personnes, que son titre boursier ait baissé de 30 %, les plus riches et les plus puissants persistent à s’enrichir sur le dos de nos membres».
Le marché sanctionne-t-il la stratégie ?
Si la stratégie vise à rassurer les investisseurs en promettant des économies à long terme, la performance récente de Bell sur les marchés n’est pas encourageante. Depuis le 1er septembre 2024, l’action de BCE a chuté de plus de 14 %, traduisant les inquiétudes persistantes des actionnaires face à la lourdeur et la complexité de cette transformation.
Ces dernières coupes dans les postes de gestion, bien que présentées comme une simple optimisation structurelle, témoignent de la détermination de l’entreprise à atteindre ses objectifs financiers, coûte que coûte. Mais la question demeure : cette saignée continue sera-t-elle suffisante pour garantir la «croissance durable» promise ?
Un équilibre difficile à trouver
L’annonce de la suppression de 690 postes de gestion s’inscrit dans un mouvement de fond : Bell est en pleine mutation. L’entreprise est prise entre la nécessité d’investir massivement dans le numérique et la fibre optique, et l’impératif de réduire ses coûts pour satisfaire des objectifs financiers agressifs.
Cependant, la fréquence des licenciements et la fracture visible entre la direction, récompensée par de généreuses primes, et les employés subissant les coupes posent de sérieuses questions sur l’équilibre social de cette transition. L’ère du numérique chez Bell s’ouvre, mais elle semble pavée de tensions et d’incertitudes pour ses effectifs.
Selon la source : ledevoir.com
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