Notre sang a deux origines : une découverte qui pourrait tout changer pour notre immunité
Auteur: Mathieu Gagnon
Et si on nous avait raconté une histoire incomplète sur notre sang ?

Pendant des décennies, on a tous appris la même chose. Notre sang, avec ses milliards de cellules, naît dans la moelle de nos os. Simple, non ? Tout partait de quelques cellules souches, qui se transformaient ensuite en globules rouges, globules blancs, bref, en tout ce qui coule dans nos veines. Une belle histoire bien rangée.
Mais voilà que des chercheurs viennent bousculer ce que l’on croyait savoir. Ils ont découvert qu’en réalité, ce n’est pas si simple. Il n’y aurait pas une, mais deux usines à fabriquer notre sang, fonctionnant en parallèle. Une découverte assez folle, qui pourrait bien changer notre vision de l’immunité, surtout en vieillissant.
La grande surprise des chercheurs allemands

C’est en Allemagne, au Centre de recherche sur le cancer (DKFZ), que tout s’est joué. Des chercheurs, menés par Hans-Reimer Rodewald et Thomas Höfer, ont mis au point une méthode pour suivre à la trace, une par une, les cellules sanguines chez des souris. Une sorte de pistage individuel, sur plusieurs mois.
Et là, surprise. Ils ont vu que notre modèle classique était incomplet. Il existe bien un système qui part des cellules souches de la moelle osseuse, mais il y en a un autre, totalement indépendant. Ce second système, ils l’ont appelé « précurseurs multipotents embryonnaires » (ou eMPP), car il se met en place dès le stade de l’embryon et reste actif toute la vie. Qui l’eût cru ?
Deux usines à cellules, deux missions différentes
Alors, à quoi servent ces deux systèmes ? Font-ils la même chose ? Pas tout à fait, et c’est là que ça devient passionnant. Le système classique, celui de la moelle osseuse (appelé hMPP), s’occupe surtout de fabriquer les cellules dites « myéloïdes ». Pensez aux globules rouges qui transportent l’oxygène ou aux granulocytes, des soldats de première ligne de notre immunité.
L’autre système, celui qui vient de l’embryon, est le spécialiste des lymphocytes. Ce sont les cellules stars de notre système immunitaire, celles qui gardent en mémoire les infections passées. Ce n’est pas rien : environ un tiers de toutes nos cellules sanguines viendrait de cette filière embryonnaire. C’est énorme.
Le mystère du vieillissement immunitaire enfin éclairci ?

On le sait tous, en prenant de l’âge, notre système immunitaire devient un peu moins performant. On attrape plus facilement des infections, les vaccins fonctionnent parfois moins bien. Et si cette découverte nous donnait une piste ?
Les chercheurs ont observé que la contribution de ce système embryonnaire, le grand producteur de nos défenses immunitaires, diminue au fil de la vie. Moins de précurseurs embryonnaires signifie probablement moins de lymphocytes frais et combatifs. Ça pourrait expliquer, au moins en partie, pourquoi notre immunité s’affaiblit avec le temps. C’est une idée très prometteuse, même si d’autres recherches sont nécessaires.
Comment les identifier ? la découverte du marqueur cd138
C’est bien beau de savoir qu’il y a deux systèmes, mais comment les distinguer ? Pour ça, l’équipe a développé une nouvelle technique, baptisée PolySMART. Un nom un peu barbare, mais l’idée est de pouvoir lire l’identité de chaque cellule comme un code-barres.
Grâce à cela, ils ont trouvé une sorte d’étiquette, une protéine à la surface des cellules, appelée CD138. Cette étiquette est une signature quasi parfaite des fameuses cellules précurseures embryonnaires. Pour la première fois, les scientifiques peuvent donc les isoler spécifiquement pour les étudier. C’est comme trouver la bonne clé pour ouvrir une porte qui était restée fermée jusqu’à présent.
Et maintenant, qu’est-ce que ça change pour nous ?

Cette découverte n’est pas juste une curiosité de laboratoire. C’est une avancée majeure, un « jalon » comme disent les chercheurs. Pour la première fois, on peut analyser les deux systèmes de fabrication du sang séparément. Ça ouvre des perspectives immenses pour comprendre comment notre immunité évolue tout au long de la vie.
La prochaine étape, bien sûr, est de vérifier si c’est la même chose chez l’humain. Le professeur Rodewald pense que c’est très probable. Si c’est le cas, on pourrait un jour, peut-être, trouver des moyens de soutenir ce système embryonnaire qui faiblit avec l’âge. Repenser la formation de notre sang, c’est un peu comme redécouvrir les fondations de notre propre santé.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.