La viande au menu de nos ancêtres : une histoire bien plus ancienne qu’on ne le croyait
Auteur: Mathieu Gagnon
Une idée reçue qui vacille
Pendant des années, on nous a raconté la même histoire : nos lointains cousins, les membres du genre Homo, auraient été les premiers à chasser et à manger de la viande. On pensait surtout à l’Homo erectus, apparu il y a environ deux millions d’années, comme le grand pionnier du régime carné. C’était une belle histoire, simple, presque trop parfaite. Mais voilà, de nouvelles études viennent tout chambouler. Et si nos ancêtres avaient eu un goût pour la viande bien avant l’arrivée de ce fameux Homo erectus ? C’est une sacrée remise en question.
La fameuse théorie : la viande nous aurait rendus humains

Cette idée que l’Homo erectus était notre premier boucher vient principalement des découvertes faites en Tanzanie, dans les gorges d’Olduvai. Là-bas, on a trouvé une concentration impressionnante d’os d’animaux avec des marques de découpe, datant de moins de deux millions d’années. Comme par hasard, ça coïncide pile avec l’apparition de l’Homo erectus dans les fossiles. Le coupable semblait tout désigné.
De là est née la théorie de « la viande nous a rendus humains ». L’idée, c’est que manger de la viande, riche en protéines et en graisses, aurait permis à notre cerveau de grossir. Pendant des décennies, cette explication a fait l’unanimité. Franchement, qui aurait pu la contredire ? Les preuves semblaient accablantes.
Quand les nouvelles découvertes sèment le doute
Mais la science, c’est fait pour douter. Des chercheurs ont récemment réexaminé tous les sites de boucherie d’Afrique de l’Est. Et leur conclusion est surprenante. Ils ont réalisé que nos ancêtres transformaient déjà des carcasses d’animaux il y a au moins 2,6 millions d’années. Plus étonnant encore, cette pratique n’a pas subitement augmenté avec l’arrivée de l’Homo erectus.
En fait, l’idée que ce dernier était un grand carnivore serait une sorte d’illusion. Pourquoi ? À cause de ce qu’on appelle un biais d’échantillonnage. Pour faire simple, pendant longtemps, les archéologues ont surtout cherché des preuves de boucherie sur les sites où ils savaient qu’il y avait eu de l’Homo erectus. Forcément, on trouve ce qu’on cherche… Cette nouvelle analyse montre donc que nos ancêtres plus anciens mangeaient de la viande tout aussi souvent. La viande n’a donc probablement pas été l’unique déclencheur qui a fait de nous des humains.
Des indices de plus en plus anciens
Quelques découvertes récentes viennent ajouter du poids à cette nouvelle vision. Au Kenya, le site de Kanjera Sud, par exemple, montre des traces de consommation de viande répétée il y a environ deux millions d’années, ce qui est un peu plus ancien que les sites d’Olduvai.
Et ce n’est pas tout. En Éthiopie, dans la formation de Bouri, des os d’antilopes et de chevaux dépecés ont été datés de 2,5 millions d’années. Ça repousse encore plus loin l’histoire ! Le plus frustrant dans tout ça, c’est que les os d’hominidés trouvés sur place sont trop abîmés pour être identifiés. Impossible de savoir qui se régalait de ces animaux. Le mystère reste entier.
Le plus vieux festin connu : un banquet d’hippopotame il y a presque 3 millions d’années
L’exemple le plus concret et le plus ancien nous vient de Nyayanga, au Kenya. Là-bas, des chercheurs ont trouvé les restes d’hippopotames dépecés par une espèce d’hominidé inconnue, il y a entre trois et 2,6 millions d’années. Vous vous rendez compte ? C’est énorme !
On ne sait pas exactement qui étaient ces premiers bouchers, mais il est intéressant de noter que des fossiles de Paranthropus ont été découverts à Nyayanga. Une chose est sûre : ceux qui ont découpé ces animaux vivaient bien, bien avant que l’Homo erectus ne fasse son apparition sur la scène de l’évolution. Ça change toute la perspective.
Alors, qui étaient les premiers amateurs de viande ?

Au final, il est impossible de dire avec une certitude absolue quand nos ancêtres sont devenus des bouchers. C’est un peu comme essayer de trouver la première note d’une très longue chanson. Ce qui est clair, c’est que l’idée d’un Homo erectus pionnier de la viande est probablement à revoir.
Comme le dit l’anthropologue John Hawks, ce serait même très surprenant qu’une espèce d’hominidé n’ait jamais mangé de proies animales de temps en temps. Peut-être que le goût pour la viande est une caractéristique bien plus fondamentale et partagée de notre grande famille. Cela nous rappelle que l’histoire de nos origines est un puzzle dont les pièces changent constamment de place, et c’est ce qui la rend si fascinante.
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