Une amitié improbable en mer

Vous avez déjà vu ces images impressionnantes de baleines, le dos constellé de petites coquilles blanches ? Ce sont des bernacles. On pourrait croire à des parasites, mais la réalité est bien plus fascinante. C’est une sorte de colocation qui dure depuis des millions d’années. Pour y voir plus clair, nous avons interrogé le professeur Geoffrey Boxshall, un expert de ces petits crustacés au Muséum d’Histoire Naturelle de Londres. Il nous aide à comprendre cette alliance pour le moins surprenante entre le géant des mers et ces minuscules créatures.
Mais pourquoi choisir une baleine comme maison ?

Alors, pourquoi une baleine et pas un simple rocher ? Il y a plusieurs bonnes raisons, en fait. D’abord, comme l’explique le professeur Boxshall, les baleines passent leur temps à naviguer dans les eaux de surface. C’est là que la lumière abonde et, avec elle, le plancton. Le garde-manger idéal pour un bernacle !
Ensuite, il y a la taille. Une baleine, c’est un véritable appartement avec une surface immense. Beaucoup de place pour s’installer. Et enfin, il y a la vie sociale des cétacés. Les baleines se rassemblent pour se nourrir ou se reproduire, elles voyagent souvent en groupe. Pour les larves de bernacles, qui ne mesurent qu’un ou deux millimètres, c’est une occasion en or. Elles doivent trouver un hôte avant d’épuiser leurs réserves, et ces rassemblements facilitent grandement la recherche d’un nouveau ‘véhicule’.
Qui sont vraiment ces voyageurs clandestins ?
Les bernacles, ou balanes, sont des crustacés. Oui, de la même famille que les crabes et les crevettes, même s’ils ne leur ressemblent pas du tout. Il en existe plus de 2 000 espèces. Leur particularité ? Une carapace calcaire très dure. À l’intérieur, on trouve une petite bête avec des pattes plumeuses, appelées cirres. Elles lui servent de filet pour attraper le plancton dans l’eau.
Contrairement à la plupart des crustacés, les bernacles sont sessiles, ce qui veut dire qu’ils se fixent pour toute leur vie à un support. Ça peut être un rocher, la coque d’un bateau, et bien sûr, une baleine. D’ailleurs, ils ne sont pas si exclusifs : on les retrouve aussi sur d’autres animaux marins, comme les tortues de mer qui leur offrent une surface parfaite. On en a même vu sur des requins ou des dauphins, mais c’est plus rare.
Est-ce que ça fait mal à la baleine ?

La grande question : est-ce que ça dérange la baleine ? La réponse est non. Heureusement pour nos géants des mers, les bernacles sont des compagnons de route plutôt inoffensifs. Ils ne sont pas parasites, car ils ne lui causent pas de tort. Ils ne font que profiter du voyage.
Le professeur Boxshall a une image assez parlante : c’est comme s’ils étaient attachés à un ‘rocher mobile’ qui les transporte vers de nouvelles zones riches en nourriture. En somme, un service de livraison de repas à domicile. Attention, ce n’est pas le cas pour tout le monde. « Les requins transportent parfois des bernacles », précise-t-il, « mais ceux-là sont parasites et se nourrissent de leur hôte. » Une différence de taille.
Toutes les baleines ne sont pas logées à la même enseigne

Certaines baleines sont de véritables HLM à bernacles ! C’est le cas des baleines grises, qui peuvent transporter jusqu’à 180 kilos de bernacles et de poux de mer. D’autres, comme les baleines bleues ou les orques (qui sont des dauphins, techniquement), en ont très peu. Pourquoi ? Probablement à cause de leur peau, plus lisse et glissante. On sait aussi que les orques se ‘toilettent’ mutuellement avec des algues, ce qui doit aider à se débarrasser des intrus.
Et puis, il y a une certaine fidélité. Certaines espèces de bernacles sont très spécifiques : elles ont évolué avec une seule espèce de baleine et ne s’installent nulle part ailleurs. Par exemple, la Tubicinella major ne vit que sur les baleines franches, tandis que la Coronula diadema a un faible exclusif pour les baleines à bosse. C’est une relation très spécialisée.
Une histoire vieille comme le monde

Finalement, cette relation entre baleines et bernacles est bien plus qu’une simple anecdote. C’est une histoire de survie, d’adaptation, et une coopération silencieuse qui se joue dans l’immensité de l’océan. On imagine que ce pacte remonte à des millions et des millions d’années. Difficile d’en être certain sans preuves concrètes, mais il est probable que cette alliance a vu le jour peu après que les premiers ancêtres des baleines sont retournés à l’eau, il y a 50 millions d’années. Une belle leçon de vie, où le plus grand aide le plus petit à prospérer, sans rien demander en retour.
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