Ces ‘pressentiments’ qui nous troublent : et s’ils étaient des souvenirs du futur ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Une nuit d’octobre qui a tout changé

C’était une nuit d’octobre 1989. Elle n’avait que 4 ans. Le téléphone a sonné, puis un cri a déchiré le silence. L’enfant s’est levée, ses pieds nus posés sur le carrelage froid du couloir, et a découvert sa mère au téléphone. « Un accident de voiture ? » La voix de sa mère s’est brisée.
L’enfant, elle, est restée immobile, le regard vide. Elle semblait déjà savoir. Depuis le moment où elle avait serré son père avant qu’il ne monte dans cet avion, une certitude glaciale s’était installée en elle : elle ne le reverrait plus vivant.
Cette petite fille ignorait encore que ce qu’elle venait de vivre était l’une de ses premières expériences de précognition. Dans l’ombre de ce couloir, elle a compris que l’angoisse ressentie à l’aéroport n’était pas simplement une peur d’enfant. Quel genre d’enfant ne pleure pas en apprenant la mort de son père ? Peut-être celui qui pressent déjà qu’il ne construira plus de cabanes avec ses chemises et ne sentira plus jamais son parfum.
Quand la science s’intéresse aux ‘mauvais pressentiments’
Des années plus tard, cette histoire a été rapportée à Julia Mossbridge, neuroscientifique cognitive. Loin de juger ce récit, elle l’a écouté avec une attention profonde, puis a posé une série de questions, comme si elle avait devant elle un véritable sujet d’étude.
Elle comprenait. Pourquoi ? Parce qu’elle-même avait vécu ces intuitions étranges, ces « sentiments instinctifs » surgissant de nulle part.
Depuis l’âge de 7 ans, Mossbridge dit avoir connu ce phénomène sous deux formes : des rêves prémonitoires et des moments d’éveil accompagnés d’une connaissance inexplicable d’un événement futur. Pour elle, ces expériences remettent en cause notre vision linéaire du temps.
Le temps, une ligne droite ? Pas si sûr…

« La précognition n’est pas difficile à comprendre, mais elle reste difficile à croire pour ceux qui ne l’ont jamais vécue », explique Mme Mossbridge. Elle souligne que même des physiciens commencent à admettre que le fonctionnement du temps reste largement mystérieux.
On persiste à imaginer une flèche allant strictement du passé vers le futur. Mais si ce modèle était faux ?
Selon elle, la principale résistance à ces idées provient de la peur. La peur de l’inconnu, ou de voir le monde autrement que ce qu’on nous a enseigné. Une perspective déroutante, certes, mais difficile à ignorer.
L’expérience qui a semé le doute

Dean Radin, parapsychologue et collègue de Mossbridge, étudie la conscience depuis des décennies. Pour lui, la précognition suggère que l’esprit peut, d’une certaine manière, sortir du cadre temporel ordinaire pour saisir des informations provenant du passé… ou du futur.
Dans les années 90, il a mené une expérience fascinante. Des participants, reliés à un EEG, appuyaient sur un bouton pour afficher une image aléatoire : soit agréable (un lever de soleil), soit désagréable (un accident).
Ce qui a surpris les chercheurs, c’est que pour les images négatives, le cerveau des participants montrait des pics d’activité AVANT même l’apparition de l’image. Comme s’ils savaient déjà ce qui allait arriver.
Plus qu’une simple coïncidence ?

Cette expérience n’est pas isolée : elle a été répliquée avec succès des dizaines de fois. Plus surprenant encore, la CIA a déclassifié en 1995 ses propres recherches sur la précognition après validation statistique des résultats.
Pour Julia Mossbridge, lorsque les chiffres s’obstinent à pointer dans une même direction, il faut les prendre au sérieux.
D’autres cultures possèdent d’ailleurs une vision très différente de ces capacités. Dean Radin s’est intéressé aux oracles tibétains et a découvert que la clairvoyance pouvait permettre de voir à travers le temps comme à travers l’espace. Bien avant les prévisions météorologiques, des chamans annonçaient la pluie ou l’approche d’ennemis. Pour eux, c’était une compétence vitale.
Une explication venue de la physique quantique

Comment expliquer tout cela ? Une des pistes vient de la physique quantique. Dean Radin évoque l’intrication quantique, ce phénomène où deux particules restent liées malgré la distance.
Et si cette intrication existait… à travers le temps ?
« Certains pensent que la précognition serait le résultat d’un cerveau intriqué avec lui-même dans le futur », indique-t-il. « Le présent ne serait alors que l’écho d’un souvenir… d’un événement qui n’est pas encore arrivé. »
Les sceptiques y voient une simple prophétie auto-réalisatrice, une coïncidence émotionnelle. Une possibilité parmi d’autres.
Un souvenir venu du futur

À mesure que les scientifiques s’expriment, une nouvelle hypothèse émerge pour expliquer l’expérience de cette petite fille de 4 ans. Si elle n’a pas pleuré, c’est peut-être parce qu’une partie de sa conscience avait déjà traversé ce moment tragique.
Un esprit d’enfant est incapable de comprendre une idée aussi vertigineuse.
Avec le recul, certains chercheurs suggèrent que ce n’était peut-être pas une simple prémonition. Il pourrait s’agir d’un souvenir.
Un souvenir du futur, qui aurait trouvé son chemin jusqu’à elle dans ce couloir plongé dans l’obscurité.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.