Pourquoi conseille-t-on de mettre un bol de sel sur le bord des fenêtres cet hiver ?

On voit passer toutes sortes de conseils sur Internet, surtout quand l’hiver arrive. La dernière en date ? Placer des bols de sel sur les rebords de fenêtres pour lutter contre l’humidité et les moisissures. Ça semble presque trop simple pour être vrai, non ? C’est une de ces astuces qui circulent, partagées avec beaucoup d’enthousiasme. Mais avant de transformer nos maisons en salines, on peut se demander si ça marche vraiment. Est-ce que ça vaut le coup d’essayer ?

Ce phénomène, on le connaît tous : la condensation. C’est simplement de la vapeur d’eau présente dans l’air de nos maisons qui, au contact d’une surface froide comme une vitre en hiver, redevient liquide. Des petites gouttelettes se forment. C’est une question de différence de température. L’air chaud de nos intérieurs est chargé d’humidité (on respire, on cuisine, on fait sécher le linge…) et quand il touche la fenêtre glacée, eh bien, l’eau se dépose.

Ce n’est pas juste un problème esthétique. À la longue, cette humidité peut abîmer les cadres de fenêtres, créer des auréoles sur les murs et, pire, favoriser l’apparition de moisissures, ce qui n’est vraiment pas bon pour la santé.

L’idée derrière le bol de sel est assez simple. Le sel est connu pour être hygroscopique, un mot un peu savant pour dire qu’il attire et absorbe l’humidité de l’air. C’est un déshumidificateur naturel, en quelque sorte.

Selon les experts qui promeuvent cette méthode, il suffirait de remplir un petit bol ou une coupelle avec du sel (de table ou du gros sel, peu importe) et de le placer près de la fenêtre. La quantité dépendrait de la taille de la vitre. En théorie, le sel capterait la vapeur d’eau avant qu’elle n’atteigne la surface froide, réduisant ainsi la formation de buée. Simple comme bonjour, non ? Enfin, en théorie.

C’est là que les choses se compliquent un peu. Oui, le sel absorbe bien l’humidité. C’est un fait scientifique. Le problème, c’est qu’il ne le fait de manière significative que lorsque l’humidité de l’air est très élevée. Des études montrent que le sel de chlorure de sodium commence à vraiment « travailler » à partir d’un taux d’humidité relative de 74-75%.

Or, dans la plupart de nos maisons, le taux d’humidité se situe généralement entre 30% et 60%. Bien sûr, dans une salle de bain après une douche chaude ou dans une cuisine en pleine ébullition, on peut dépasser ce seuil, mais pour le reste de la maison, on en est souvent loin. Autrement dit, pour une fenêtre de chambre ou de salon, le petit bol de sel risque de ne pas faire grand-chose. C’est un peu comme essayer de vider une baignoire avec une petite cuillère.

Finalement, pour lutter efficacement contre la condensation, il n’y a pas de secret magique. La solution la plus efficace, c’est la ventilation. Exactement comme dans une voiture : pour enlever la buée, on met la ventilation ou on ouvre un peu la fenêtre. Le principe est le même à la maison.

Il faut faire circuler l’air pour évacuer l’excès d’humidité vers l’extérieur. Pensez à ouvrir vos fenêtres quelques minutes chaque jour, même en hiver. C’est radical. Utilisez les aérateurs souvent intégrés aux fenêtres modernes. Assurez-vous que votre VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) fonctionne correctement. C’est bien plus efficace que de disposer des petits bols de sel partout, comme des offrandes au dieu de l’hypertension.

Pour résumer, l’astuce du bol de sel n’est pas une arnaque totale, car le sel a bien des propriétés absorbantes. Cependant, son efficacité est très limitée dans les conditions habituelles d’une maison. Ça peut peut-être aider un tout petit peu dans une pièce très, très humide, mais ça ne remplacera jamais la solution numéro un : une bonne aération.

Plutôt que de compter sur ce remède de grand-mère, le mieux est encore de prendre la bonne habitude d’ouvrir ses fenêtres 5 à 10 minutes par jour. C’est gratuit, simple, et redoutablement efficace pour avoir un air plus sain et des fenêtres sans buée.