Les perruches et le secret de l’amitié : pourquoi la prudence est leur meilleure alliée
Auteur: Mathieu Gagnon
Une histoire de confiance qui nous ressemble

Rencontrer quelqu’un pour la première fois, c’est toujours un peu une aventure, n’est-ce pas ? On hésite, on observe avant de se lancer. Eh bien, figurez-vous que les perruches sont exactement comme nous. Ces petits oiseaux ne foncent pas tête baissée dans une nouvelle relation. Ils y vont doucement, parce que la confiance, ça ne se décrète pas, ça se construit. C’est une belle leçon de vie.
Pour beaucoup d’animaux qui vivent en groupe, le même dilemme se pose. S’approcher du mauvais individu peut coûter cher : une morsure, une dispute, voire pire. Mais ce risque n’empêche pas les perruches de tisser des liens très forts. Elles ont simplement une méthode bien à elles pour faire le premier pas.
Se faire des amis, version perruche

Des scientifiques de l’université de Cincinnati se sont penchés sur la question dans une étude récente. Ils ont observé des perruches moines (une espèce de petits perroquets verts, très intelligents et plutôt bruyants) face à des inconnues. Ces oiseaux ont un bec acéré, capable de faire de vrais dégâts, d’où leur prudence.
L’idée était simple : est-ce que les perruches se jettent à l’eau ou prennent-elles leur temps ? Claire O’Connell, qui a mené l’étude, explique que « les amitiés doivent bien commencer quelque part ». Elle ajoute : « La plupart d’entre nous ont déjà été dans des situations où l’on partage un espace avec de nouvelles personnes, on s’habitue et on construit la confiance petit à petit. Les perruches semblent faire quelque chose de très similaire. » On dirait vraiment nous !
Des amitiés qui font du bien au moral

Cette recherche, menée avec d’autres professeurs, s’est concentrée sur la naissance des relations, pas seulement sur les amitiés déjà bien établies. C’est ça qui est intéressant.
« Beaucoup de perroquets, par exemple, créent des liens très forts avec un ou deux autres oiseaux », précise Claire O’Connell. Ils passent leur temps ensemble, se lissent les plumes, et parfois forment des couples. Et le résultat est là : entretenir ces amitiés solides est associé à une diminution du stress et à un meilleur succès pour avoir des petits. C’est un vrai bénéfice.
La stratégie des petits pas pour éviter les prises de bec

Les avantages d’être proche d’un congénère sont évidents, mais le danger est bien réel, surtout entre inconnus. Un coup de bec un peu brusque peut blesser et refroidir toute tentative de rapprochement. Il faut donc y aller avec précaution.
Parfois, même la meilleure intention peut mal tourner. « Nous observons souvent ce que nous appelons des ‘querelles’, qui peuvent survenir si une tentative de lissage des plumes est mal reçue », raconte la chercheuse. Un geste amical peut se transformer en un petit conflit. La stratégie la plus sûre, c’est donc de construire le contact étape par étape.
Au cœur de l’expérience scientifique

Pour observer tout ça de près, les chercheurs ont mis ensemble, dans une grande volière, des groupes de perruches moines capturées dans la nature. Certaines se connaissaient déjà, d’autres étaient de parfaites étrangères. Cela a permis de voir comment de nouvelles relations se formaient, en toute liberté.
Ils ont noté à quelle distance les oiseaux se tenaient, qui lissait les plumes de qui, et les autres signes d’amitié. Avec plus de 179 relations à analyser, l’équipe a utilisé des modèles informatiques pour vérifier si le comportement des oiseaux correspondait à cette idée de « tâter le terrain ». « Capter les premiers moments entre inconnus peut être difficile, nous étions donc très heureux que nos expériences nous donnent la chance d’observer ce processus de près », confie Claire O’Connell.
Les perruches préfèrent ‘tâter le terrain’

Les résultats ont été très clairs : les inconnues ne se sont pas précipitées. Elles ont commencé par simplement partager le même espace, en restant proches mais sans se toucher. Puis, avec le temps, certaines paires se sont rapprochées, jusqu’à se percher épaule contre épaule, se toucher le bec ou se lisser les plumes. Quelques-unes sont même allées jusqu’à partager de la nourriture ou s’accoupler.
Ces étapes, lentes et prudentes, confirment bien l’idée de « tâter le terrain ». Claire O’Connell avoue même y voir un parallèle avec sa propre vie : « Ce qui est fascinant avec cette méthode, c’est à quel point elle nous semble familière. J’ai commencé à observer les perruches juste avant de déménager à Cincinnati pour mes études. J’étais excitée, mais aussi un peu nerveuse à l’idée de me faire de nouveaux amis. » Une expérience très humaine, finalement.
Une prudence partagée dans le monde animal

Ces découvertes sur les perruches font écho à des travaux plus anciens sur les chauves-souris vampires. Chez elles aussi, les nouveaux partenaires commencent par des gestes à faible risque, comme le toilettage, avant de partager de la nourriture avec ceux qui se sont montrés fiables. On ne sait pas si ce processus est courant chez d’autres espèces, mais il semble logique.
Pour les animaux qui vivent en groupe avec des alliances changeantes, tester la fiabilité d’un autre individu avant de s’investir davantage est tout simplement une question de bon sens. Cela permet d’éviter de faire confiance à la mauvaise personne… ou au mauvais oiseau.
Mieux comprendre comment naissent les amitiés

Finalement, cette étude n’est qu’une première étape pour comprendre comment les liens sociaux se créent. En se concentrant sur les débuts, souvent fragiles, on peut voir ce qui construit la confiance et ce qui, au contraire, la détruit.
De futurs projets examineront d’autres groupes de perruches et d’autres espèces pour voir si ce comportement est répandu. Comme le dit Claire O’Connell, « j’ai vraiment hâte de voir qui d’autre ‘tâte le terrain’ et ce que cela peut nous apprendre sur la façon dont les animaux, et peut-être même les gens, construisent de nouvelles relations ». Une belle leçon de patience et de prudence, que ce soit chez les oiseaux ou chez nous.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.