Les singes de compagnie des officiers romains avaient leurs propres animaux de compagnie
Auteur: Mathieu Gagnon
Une amitié inattendue au cœur de l’Empire

Imaginez un instant la vie dans un port égyptien il y a près de deux mille ans. Des soldats romains, loin de chez eux, stationnés sous un soleil de plomb. On s’attend à de la discipline, de la rigueur… mais certainement pas à une tendresse folle pour des singes. Et pourtant ! Il semble bien que les officiers de l’armée romaine basés à Bérénice étaient de véritables passionnés d’animaux de compagnie, et leur dada, c’était les macaques venus d’Inde. Ils ne se contentaient pas de les posséder, non. Ils les traitaient comme de véritables enfants, allant jusqu’à leur offrir leurs propres petits animaux et à les enterrer avec un soin tout particulier.
Une découverte archéologique hors du commun

C’est dans un cimetière pour animaux, sur le site du port de Bérénice, au bord de la mer Rouge, que cette histoire a été mise au jour. Des chercheurs ont documenté les restes de pas moins de trois douzaines de primates asiatiques. Ces découvertes, datées des 1er et 2e siècles de notre ère, correspondent à une période où Bérénice était un lieu de vie pour les élites romaines. La plupart des singes ont été retrouvés avec des objets qui ne laissent que peu de doutes : ils appartenaient très probablement à des officiers de l’armée.
Des importations de luxe venues de très loin
Ce qui rend cette découverte si spéciale, c’est l’origine de ces singes. Jusqu’à présent, les quelques squelettes de singes retrouvés sur des sites romains, comme celui de Pompéi, étaient des macaques de Barbarie, une espèce nord-africaine, donc issue de l’Empire lui-même. Mais les singes de Bérénice, c’est une tout autre affaire. Il s’agit de macaques rhésus et de macaques à bonnet, originaires du sud de l’Inde ou de la vallée de l’Indus. Ils sont donc les premiers animaux de compagnie découverts dans un contexte romain qui ont dû être importés de contrées situées bien au-delà des frontières de l’empire. Un véritable voyage !
Enterrés comme des membres de la famille

La façon dont ces animaux ont été enterrés en dit long sur l’affection qu’on leur portait. L’un des squelettes, datant du début du 1er siècle, a été retrouvé aux côtés des restes d’un petit porcelet, de deux grands coquillages, d’un panier tressé et même d’un morceau de tissu plié qui fait penser à une poupée de chiffon. Pour les chercheurs, il ne fait aucun doute que tous ces objets « appartenaient » au jeune macaque. C’est assez touchant, non ?
Un autre singe a été inhumé avec un chiot et un chaton, tandis qu’une autre sépulture était marquée d’une pierre tombale, « ressemblant ainsi aux tombes humaines ». On pense que ces objets étaient les biens les plus précieux des singes, placés là pour les accompagner dans l’au-delà.
Le singe, ce symbole de statut social

Alors, pourquoi tant d’attention ? L’amour, sans doute, mais pas que. À Bérénice, se promener avec un macaque indien en laisse, c’était un puissant marqueur social. C’était montrer à tous qu’on était quelqu’un d’important, un explorateur, une personne avec des relations et une connaissance de terres exotiques. Pline l’Ancien écrivait d’ailleurs que les Romains considéraient les primates comme ayant un « statut semi-humain ».
Malgré toute cette admiration, il faut croire que s’occuper d’un animal exotique n’était pas si simple. Beaucoup de squelettes montrent des signes de malnutrition. Le cœur y était, mais les connaissances, peut-être un peu moins. Quoi qu’il en soit, avoir un singe était le comble du chic pour ces officiers.
Plus qu’un simple animal

En fin de compte, l’histoire de ces singes de Bérénice est fascinante. Ils n’étaient pas de simples animaux de compagnie. Ils étaient un symbole de pouvoir, de richesse et d’ouverture sur un monde lointain. Leur présence raconte les ambitions et le mode de vie d’une élite militaire romaine à l’autre bout de l’empire. Malgré des soins parfois maladroits, le lien qui unissait ces hommes à leurs petits primates était bien réel, comme en témoignent ces émouvantes sépultures. Une preuve de plus que la relation entre l’homme et l’animal a toujours été complexe, profonde et pleine de surprises.
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