RFK Jr. nomme un prédicateur anti-vaccins à la tête d’un comité de santé clé

On pensait avoir tout vu, mais visiblement, non. La gestion de la santé publique aux États-Unis sous la direction de Robert F. Kennedy Jr. ressemble de plus en plus à un spectacle déconcertant. La dernière nouvelle en date ? La nomination de Kirk Milhoan à la tête du comité consultatif sur les vaccins du CDC. Qui est-il ? Un cardiologue pédiatrique, mais aussi un prédicateur connu pour ses déclarations, disons… plutôt surprenantes sur les dangers de la vaccination. Ça promet.

Ce lundi, le Département de la Santé et des Services Sociaux a officialisé sa nomination au poste de président du Comité Consultatif sur les Pratiques d’Immunisation (ACIP). C’est ce comité qui donne des recommandations cruciales sur les vaccins. Et M. Milhoan, lui, a déjà affirmé sans sourciller que les vaccins contre la Covid-19 provoquaient des cancers et des fausses couches. Le voilà maintenant en position de décider de la politique vaccinale du pays.

Ce n’est pas vraiment une surprise, quand on y pense. Kirk Milhoan a été nommé pour la première fois à l’ACIP en septembre, dans la foulée du grand ménage opéré par RFK Jr. Vous vous souvenez ? Ce dernier avait tout simplement renvoyé les 17 membres du comité précédent, sans préavis. Du jamais-vu. Milhoan prend la place de Martin Kulldorff, qui, lui, a été promu à un autre poste clé au sein du ministère.

Comme beaucoup des nouveaux venus, Milhoan a un passif assez chargé en matière de déclarations pour le moins contestables sur les vaccins. C’est un euphémisme, bien sûr. Il s’inscrit parfaitement dans la nouvelle ligne idéologique du ministère.

Pour vous donner une idée, pas plus tard qu’en octobre dernier, lors d’un sermon dans une église au Texas, Milhoan a soutenu que les vaccins contre la Covid étaient contaminés par de l' »ADN nu ». Selon lui, cette contamination serait la cause d’une augmentation des cancers et des fausses couches. Rien que ça. Et ce n’est pas tout.

Dans le même discours, il a osé comparer le suivi des vaccinations contre la Covid à l’obligation pour les juifs de porter un brassard durant l’Holocauste en Allemagne. Une comparaison pour le moins… déplacée. Franchement, on se demande où ils vont chercher tout ça. C’est une rhétorique bien connue des milieux complotistes, mais la voir émaner d’un responsable de la santé publique a de quoi inquiéter.

Heureusement, la réalité scientifique est bien différente. L’idée que les vaccins contre la Covid-19 causent le cancer est une théorie du complot maintes fois démontée. D’ailleurs, certaines recherches récentes suggèrent même que les vaccins à ARNm pourraient, au contraire, améliorer l’efficacité de certains traitements contre le cancer. Un comble, non ?

De la même manière, l’immense majorité des études n’a trouvé aucun lien entre ces vaccins et un risque accru de fausse couche. En revanche, ce qui est certain, c’est que les femmes enceintes qui attrapent la Covid-19 s’exposent à des complications bien plus graves. Mais ces faits semblent avoir peu de poids face aux certitudes de certains.

Le pire, c’est que ces idées ne restent pas de simples paroles en l’air. Milhoan et ses collègues de l’ACIP s’apprêtent à prendre des décisions qui pourraient avoir de lourdes conséquences. Cette semaine, le comité doit se prononcer sur la recommandation du vaccin contre l’hépatite B pour tous les nouveau-nés. Une mesure simple, sûre et qui a permis de réduire drastiquement les cas de cette maladie aux États-Unis depuis trente ans. On s’attend à ce qu’ils votent contre. Un retour en arrière monumental.

L’ACIP doit aussi discuter du calendrier de vaccination des enfants. Le but ? Voir s’il pourrait être lié aux allergies alimentaires (une autre lubie de RFK Jr.) et à d’autres maladies chroniques. C’est le rêve de tous les mouvements anti-vaccins : démanteler le calendrier vaccinal. Et on dirait bien que le premier coup de pioche est sur le point d’être donné.

Et le problème ne se limite pas à ce comité. En parallèle, une note interne de Vinay Prasad, un directeur de la FDA (l’agence du médicament), a fuité. On y apprend que l’agence prévoit de durcir les règles d’approbation des futurs vaccins. Pour justifier cette décision, Prasad affirme avoir découvert au moins dix décès d’enfants causés par le vaccin contre la Covid. Une affirmation qui laisse les experts extérieurs plus que sceptiques, car aucune donnée détaillée n’a été publiée ou vérifiée.

La situation est donc très préoccupante. On a l’impression d’assister à un véritable sabotage en règle de la santé publique. Difficile de savoir jusqu’où cela ira, mais une chose est sûre : on n’a probablement pas encore touché le fond.