La punaise de lit, l’insecte que nous détestons tous, peut-elle devenir le meilleur allié de la police scientifique ?
Auteur: Adam David
L’ennemi public numéro un se rachète-t-il une conduite ?

La simple mention du mot « punaise de lit » suffit souvent à provoquer une vague de dégoût ou de panique collective. Ces parasites discrets, dont les infestations ont récemment défrayé la chronique, sont considérés comme un fléau moderne. Pourtant, des chercheurs malaisiens avancent une idée pour le moins inattendue : ce petit vampire pourrait bientôt redorer son blason en devenant un outil essentiel pour la résolution des crimes les plus complexes.
Un ADN conservé jusqu’à 45 jours

C’est à l’Université des sciences de Malaisie (USM) qu’une équipe de chercheurs a mis en lumière cette capacité stupéfiante. Leurs travaux, portant sur la punaise de lit tropicale (*Cimex hemipterus*), révèlent que l’insecte est capable de conserver l’ADN humain intact dans son organisme pendant une période étonnamment longue. Une fois qu’elles ont sucé le sang de leur hôte, elles retiennent les marqueurs génétiques jusqu’à 45 jours. Ce laps de temps, bien que limité, est une véritable aubaine pour la police scientifique.
Cette découverte transforme potentiellement le nuisible en véritable « espion », selon les mots de l’entomologiste Abdul Hafiz Ab Majid, impliqué dans l’étude. Il explique : « Nous appelons les punaises de lit l’ennemi dans la couverture » à cause des terribles démangeaisons qu’elles provoquent, mais « elles peuvent aussi être des espions » pour aider à résoudre des crimes.
Des données génétiques extraites d’une quantité minime

Ces insectes sont des hématophages : ils se nourrissent de sang. Les chercheurs ont pu démontrer qu’il suffit d’une quantité infime — environ 5,3 microlitres — pour fournir des données génétiques exploitables. En utilisant des marqueurs d’ADN spécifiques extraits de ce sang ingéré, les enquêteurs seraient en mesure de reconstituer le profil complet d’un suspect, même s’il s’agit d’une seule goutte conservée dans l’estomac de la créature.
L’ADN extrait peut permettre de déterminer des caractéristiques observables d’une personne, comme son sexe, mais aussi la couleur de ses yeux, de ses cheveux et de sa peau, aidant ainsi à affiner la recherche de suspects potentiels jusqu’à un mois et demi après les faits.
Le facteur de fiabilité : l’insecte qui ne vole pas

Ce qui rend ces créatures particulièrement intéressantes pour les enquêteurs, c’est leur comportement après le repas. La fiabilité de la punaise de lit est inversement proportionnelle à sa mobilité. Contrairement aux moustiques ou aux mouches, qui s’envolent immédiatement après s’être nourris et disséminent potentiellement l’ADN sur de larges distances, la punaise de lit est sédentaire.
Une fois repue, elle reste confinée dans un périmètre extrêmement restreint, ce qui garantit l’utilité de l’indice génétique. Le Dr Ab Majid insiste sur cet aspect : « C’est ce qui les rend uniques. On peut dire qu’elles sont parfaites comme outil médico-légal, contrairement aux moustiques qui… s’envolent. »
Un rayon d’action limité mais efficace

Selon les observations scientifiques, l’insecte ne se déplace que dans « un rayon de six mètres » après avoir piqué sa victime ou un suspect. Cette faible mobilité est cruciale. Si une punaise gorgée de sang est retrouvée sur une scène de crime, l’ADN qu’elle contient permet de localiser avec une forte probabilité l’individu dans l’environnement immédiat de l’agression. Même dans des situations où les preuves classiques ont été méticuleusement nettoyées, l’insecte devient une preuve biologique involontaire.
Un allié précieux mais aux limites claires

Si cette approche ouvre une voie fascinante pour les enquêtes criminelles, elle présente néanmoins une limite majeure : la conservation de l’ADN pendant 45 jours signifie que cette technique ne sera pas utile pour élucider les affaires non résolues depuis longtemps, les fameux « cold cases ». Néanmoins, cette étude nous force à reconsidérer notre relation aux nuisibles. Un suspect aura beau avoir nettoyé toute trace visible, s’il a laissé derrière lui une seule punaise de lit gorgée de son sang, la preuve, invisible à l’œil nu, pourrait bien transformer radicalement l’issue de l’enquête.
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