Ces serpents géants n’ont pas bougé depuis 12 millions d’années : l’étonnante stabilité des anacondas
Auteur: Adam David
Une taille figée dans le temps

L’anaconda est l’un des reptiles les plus mythiques de la planète, dont la réputation de « serpent mangeur d’homme » alimente les fantasmes et les peurs. Pourtant, au-delà de sa puissance brute, c’est son histoire évolutive qui fascine désormais les paléontologues. Une nouvelle étude vient de révéler que ces géants n’ont pratiquement pas pris une ride, ni perdu un mètre, depuis plus de 12 millions d’années, atteignant ainsi une stabilité record dans le règne animal.
Les anacondas étaient déjà des colosses au Miocène
Pendant longtemps, la communauté scientifique a imaginé que les anacondas avaient connu une phase d’expansion extrême durant le Miocène, une période où les zones humides étaient particulièrement vastes et le climat favorable au gigantisme. L’analyse des fossiles raconte toutefois une tout autre histoire. Des chercheurs ont récemment étudié une vaste série de vestiges provenant du Venezuela.
L’équipe s’est concentrée sur 183 vertèbres fossilisées, issues d’au moins 32 individus, pour reconstituer la taille de ces premiers représentants. En appliquant une méthode rigoureuse de reconstruction des états ancestraux, ils ont pu estimer la longueur corporelle moyenne des premiers anacondas.
Une surprise pour les scientifiques
Les résultats, publiés dans le *Journal of Vertebrate Paleontology*, sont formels : les anacondas mesuraient déjà en moyenne autour de 5,2 mètres il y a 12,4 millions d’années. En d’autres termes, les spécimens qui glissent aujourd’hui dans les eaux du bassin amazonien affichent quasiment le même gabarit que leurs aïeux. Cette constance a de quoi surprendre.
Le paléontologue Andrés Alfonso-Rojas, coauteur de l’étude, confie la surprise de son équipe face à ces chiffres stables : « Nous nous attendions sincèrement à trouver que les anacondas anciens mesuraient sept ou huit mètres », a-t-il indiqué. Contrairement à ce que l’on observait chez d’autres reptiles de l’époque, il n’y a pas eu de phase de croissance excessive avant une régression ; leur taille s’est fixée très tôt.
Le gigantisme : un trait fonctionnel plutôt qu’un excès climatique

Cette découverte vient bousculer l’idée selon laquelle les animaux géants du Miocène étaient le simple produit de conditions environnementales exceptionnellement chaudes. Pour la plupart des grands reptiles de cette période, le gigantisme était contextuel, soumis aux fluctuations des habitats et des températures. Chez l’anaconda, la stabilité observée suggère autre chose.
Si leur taille a été constante, c’est que les anacondas avaient déjà trouvé, il y a des millions d’années, une stratégie biologique parfaitement équilibrée. Leur gigantisme était sans doute un trait fonctionnel essentiel, parfaitement ajusté à leurs proies et à leur mode de chasse dans les milieux aquatiques, plutôt qu’un simple effet d’un climat favorable.
Survivre aux bouleversements

La vraie énigme de ce reptile réside dans sa résilience. Au fil des millions d’années, l’anaconda a traversé des bouleversements écologiques majeurs, y compris le refroidissement global qui a marqué la fin du Miocène et l’arrivée de nouveaux compétiteurs lors des échanges fauniques entre les Amériques. De nombreux autres géants de l’époque n’ont pas survécu à ces changements.
Comme le rappelle Andrés Alfonso-Rojas : « D’autres espèces comme les crocodiles géants et les tortues géantes ont disparu depuis le Miocène, probablement à cause du refroidissement global des températures et de la réduction de leurs habitats. » Tandis que ces mastodontes disparaissaient ou rétrécissaient, l’anaconda, lui, a maintenu fièrement sa masse.
La force est interne

Ce maintien constant défie les explications classiques basées uniquement sur les interactions externes. Ni l’arrivée de nouveaux prédateurs, ni les simples variations de disponibilité alimentaire ne suffisent à expliquer pourquoi cette taille s’est maintenue sur une si longue période géologique. Si l’absence de concurrence a peut-être permis aux premiers individus de grandir, elle n’explique pas la constance observée jusqu’à nos jours.
Les chercheurs suggèrent plutôt que la survie des anacondas est liée à un ensemble de caractéristiques intrinsèques : une capacité physiologique optimale et une adaptation parfaite aux environnements aquatiques lents, faisant de leur gigantisme un moteur d’efficacité durable.
L’exemple d’une ‘super-résilience’

L’histoire évolutive de l’anaconda n’est donc pas celle d’une croissance spectaculaire et éphémère, mais celle d’une forme de perfection atteinte très tôt. En trouvant rapidement son équilibre de masse optimal, ce reptile a pu traverser les âges en ignorant les cataclysmes qui ont décimé d’autres mégafaunes. L’anaconda est, selon le résumé du chercheur Alfonso-Rojas, « super-résilient ». Une fascinante leçon de stabilité dans un monde en mutation constante.
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