Migraine avec aura et pilule : pourquoi cette combinaison risquée persiste-t-elle encore ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Quand les habitudes médicales résistent aux avertissements

On entend souvent dire que certaines habitudes ont la vie dure, et il semblerait que ce soit aussi le cas dans les cabinets médicaux. Vous connaissez peut-être quelqu’un, ou c’est peut-être votre cas, qui souffre de ces fameuses migraines avec aura. C’est ce type particulier de migraine qui s’accompagne de symptômes neurologiques temporaires assez effrayants. Eh bien, les directives médicales actuelles sont pourtant claires : elles déconseillent l’utilisation de contraceptifs oraux combinés (les fameuses pilules COC) chez ces patientes en raison d’un risque accru d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Pourtant, malgré ces drapeaux rouges agités par la communauté scientifique, une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’école de santé publique de l’Université de Boston (BUSPH) révèle qu’un pourcentage notable de personnes diagnostiquées avec ce type de migraine continuent de recevoir ces ordonnances. C’est assez surprenant, non ?
Publiée dans la revue spécialisée Pharmacoepidemiology and Drug Safety, cette étude a noté que l’utilisation des COC a certes diminué au cours des deux dernières décennies, mais elle ne s’est pas arrêtée pour autant. On parle tout de même d’environ 15 % des personnes en âge de procréer diagnostiquées avec une migraine avec aura qui reçoivent encore ces contraceptifs. C’est un chiffre qui fait réfléchir sur la communication entre la recherche et la pratique clinique quotidienne.
Ménopause et thérapies hormonales : le flou persiste aussi chez les seniors

Ce n’est pas seulement une histoire de contraception pour les plus jeunes. La situation est assez similaire, voire plus complexe, pour les femmes plus âgées. Certaines directives cliniques suggèrent d’ailleurs que les femmes souffrant de migraine avec aura devraient faire preuve de prudence avec l’hormonothérapie pour traiter la ménopause. Pourquoi ? Parce que de vieilles recherches ont établi un lien entre cette thérapie et des risques variables d’AVC, dépendant souvent de facteurs comme l’âge.
Mais voilà, malgré ce risque potentiel — qui, soyons honnêtes, n’est jamais rassurant —, l’étude de Boston a découvert que l’hormonothérapie reste couramment utilisée. Tenez-vous bien : environ la moitié de cette population (les femmes ménopausées avec des antécédents de migraine avec aura) reçoit une ordonnance pour ce traitement à un moment donné après leur diagnostic. C’est énorme, je trouve.
Le problème, c’est que la plupart des études sur les risques d’AVC liés aux contraceptifs chez ces personnes datent d’il y a des décennies. On manque cruellement de données fraîches. Liza Gibbs, doctorante au département d’épidémiologie de la BUPSH et auteure principale de l’étude, met le doigt sur le problème : « Il existe des données historiques… mais la plupart de ces recherches portaient sur des doses plus élevées que celles utilisées aujourd’hui et n’incluaient pas de point de comparaison pertinent, comme les contraceptifs sans œstrogènes ».
En gros, on navigue un peu à vue. On ne sait pas vraiment si une personne souffrant de migraine avec aura est spécifiquement plus sensible aux petits risques connus des contraceptifs oraux combinés par rapport à la population générale. C’est un peu inquiétant ce manque de clarté, vous ne trouvez pas ? Gibbs ajoute même que ces trouvailles soulignent le besoin urgent de preuves modernes et de haute qualité.
Une analyse massive sur 24 ans : des millions de vies scrutées à la loupe

Pour bien comprendre l’ampleur du sujet, il faut regarder les chiffres en face. Dans le monde, au moins 39 millions de personnes souffrent de migraines. Et parmi elles, jusqu’à 1 sur 3 subit ces migraines avec aura. Si vous n’avez jamais vécu ça, c’est assez intense : cela peut inclure une perte de vision, une sensibilité à la lumière, des engourdissements, des nausées, des problèmes d’élocution, des vertiges… bref, la totale. Et le trouble lui-même est déjà lié à une augmentation des AVC, probablement à cause d’un cocktail de facteurs cardiovasculaires et génétiques.
Pour cette étude colossale, Liza Gibbs et ses collègues du BUSPH, de la faculté de médecine Chobanian & Avedisian de BU (CAMED) et du Boston Collaborative Drug Surveillance Program n’ont pas fait les choses à moitié. Ils ont utilisé les dossiers médicaux électroniques d’une base de données britannique couvrant la période de 2000 à 2024.
Ils ont examiné les parcours de près de :
- 143 000 personnes en âge de procréer.
- 45 000 personnes post-reproductives.
Ils ont traqué l’utilisation des COC et des pilules progestatives (celles sans œstrogènes) avant et après le diagnostic de migraine. Ce qu’ils ont vu est intéressant : beaucoup de celles qui continuaient à recevoir des COC les utilisaient déjà avant leur diagnostic. Mais bon, il y a quand même eu un changement notable : les chercheurs ont observé une baisse globale des prescriptions de COC chez les jeunes femmes, avec un basculement marqué vers les pilules progestatives après le diagnostic. C’est peut-être le signe d’une prise de conscience progressive.
Conclusion : Entre prudence, nouvelles options et besoin de clarté

Ce virage vers les pilules uniquement progestatives pourrait indiquer que les patientes sont orientées loin de leur contraception préférée à cause des directives actuelles. Le Dr Susan Jick, professeure adjointe d’épidémiologie et auteure principale de l’étude, insiste sur le besoin de vraiment comprendre la sécurité de ces médicaments pour ne pas priver les gens d’options sans raison valable.
D’ailleurs, même avec ce changement, l’utilisation globale des contraceptifs oraux a légèrement baissé ces dernières années. Liza Gibbs avance une explication simple : « Les pilules progestatives sont devenues disponibles sans ordonnance au Royaume-Uni en 2021 ». Du coup, ces achats n’apparaissent plus dans les dossiers médicaux. Malin, non ? Ou alors, c’est simplement une préférence accrue pour les options non orales.
Concernant la ménopause, les tendances ont fait les montagnes russes : 51 % d’utilisation au début des années 2000, une chute à 41 % entre 2015 et 2019, puis une remontée à 45 % en 2024. Les patchs transdermiques semblent gagner du terrain, surtout chez les patientes récemment diagnostiquées. Co-écrite par le Dr Matthew Fox et le Dr Hugo Aparicio, cette étude nous rappelle finalement qu’en médecine, rien n’est jamais figé et que le besoin de données actualisées est vital pour notre sécurité à tous.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.