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90 milliards pour l’Ukraine : l’Europe affirme son soutien après l’échec du plan sur les avoirs russes
Crédit: lanature.ca (image IA)

Un accord massif né dans la douleur à Bruxelles

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C’était vendredi, à Bruxelles. L’ambiance devait être électrique, j’imagine. Après ce qui a semblé être des heures de tractations interminables, les dirigeants de l’Union européenne ont finalement tapé du poing sur la table — ou du moins, se sont serré la main — pour valider un prêt massif à l’Ukraine. On parle quand même de 90 milliards d’euros (environ 106 milliards de dollars). C’est colossal.

Ce prêt, qui est sans intérêts — un détail qui a son importance —, est destiné à couvrir les besoins militaires et économiques de Kiev pour les deux prochaines années, soit 2026 et 2027. Il faut dire qu’après presque quatre ans de guerre, la situation est critique. Le Fonds Monétaire International (FMI) estime d’ailleurs que l’Ukraine aura besoin de bien plus que ça : la facture grimperait à 137 milliards d’euros (161 milliards de dollars) pour cette période. Le gouvernement à Kiev est littéralement au bord de la faillite et a désespérément besoin de liquidités d’ici le printemps.

Mais voilà, ce n’était pas le plan A. Pas du tout. L’idée de départ, c’était de piocher dans le trésor de guerre gelé : quelque 210 milliards d’euros (246 milliards de dollars) d’avoirs russes bloqués en Europe. Sauf que ce plan s’est effondré. Pourquoi ? Parce que la Belgique, où se trouve la majorité de ces fonds, a dit non. Les leaders ont tenté de rassurer les Belges jusque tard dans la nuit de jeudi, promettant de les protéger contre d’éventuelles représailles russes, mais les discussions se sont enlisées. Finalement, faute d’accord sur les saisies, ils ont opté pour l’emprunt sur les marchés de capitaux.

Le blocage belge et la crainte des représailles juridiques

Arrival of Bart de Wever, during an informal EU leaders retreat at the Egmont Palace via wikimedia

C’est là que ça devient un peu technique, mais accrochez-vous. Le plan d’utiliser les avoirs gelés a capoté principalement à cause du Premier ministre belge, Bart De Wever. Il a rejeté le projet, le qualifiant de juridiquement risqué. Et franchement, on peut comprendre sa nervosité. Il a averti que cela pourrait nuire aux activités d’Euroclear, cette chambre de compensation financière basée à Bruxelles qui détient la bagatelle de 193 milliards d’euros (226 milliards de dollars) de ces avoirs gelés.

La Belgique a eu un sacré coup de chaud vendredi dernier quand la Banque centrale de Russie a carrément lancé un procès contre Euroclear pour empêcher tout prêt à l’Ukraine utilisant son argent. Cet argent est gelé sous le coup des sanctions de l’UE imposées après le lancement de l’invasion à grande échelle en 2022. Bart De Wever n’a pas mâché ses mots après la réunion : « Pour moi, le prêt de réparations n’était pas une bonne idée ». Il a ajouté, avec un certain agacement je suppose : « Quand on a réexpliqué le texte, il y avait tellement de questions que j’ai dit : je vous l’avais bien dit. Il y a beaucoup de zones d’ombre. Et si vous commencez à tirer sur les ficelles, tout s’effondre ».

Selon lui, ils ont évité de créer un précédent qui risquait de saper la sécurité juridique mondiale. Il affirme avoir sauvegardé le principe selon lequel l’Europe respecte le droit, même sous pression, tout en assurant que l’UE a envoyé un signal politique fort et « se tient aux côtés de l’Ukraine ».

Tensions politiques : entre pacifisme affiché et urgence vitale

Séance plénière du Parlement européen – Déclarations du Conseil et des Commissions – Présentation du programme d’activités de la présidence hongroise via wikimedia

Bien sûr, l’unanimité en Europe, c’est souvent un vœu pieux. Tous les pays n’étaient pas d’accord avec ce paquet de prêts. La Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque ont refusé de soutenir l’Ukraine et s’y sont opposés. Cependant, un compromis typiquement européen a été trouvé : ils n’ont pas bloqué le paquet et ont reçu la promesse d’être protégés contre toute retombée financière. C’est du billard à trois bandes, comme souvent.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui reste l’allié le plus proche de Vladimir Poutine en Europe et qui aime se décrire comme un faiseur de paix, a déclaré : « Je ne voudrais pas d’une Union européenne en guerre ». Pour lui, c’est simple : « Donner de l’argent signifie la guerre ». Il a d’ailleurs qualifié le plan rejeté d’utilisation des avoirs russes d’« impasse ». À l’opposé du spectre, on avait le Premier ministre polonais Donald Tusk qui, tôt jeudi, avait lancé un avertissement glaçant : il s’agissait d’envoyer « soit de l’argent aujourd’hui, soit du sang demain » pour aider l’Ukraine.

Malgré ces divergences, António Costa, le président du Conseil de l’UE, a pu annoncer la nouvelle sur les réseaux sociaux : « Nous avons un accord… Nous nous sommes engagés, nous avons tenu parole ». Le prêt est validé.

Un emprunt « réaliste » et l’ombre des réparations russes

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Alors, comment ça va marcher concrètement ? Le président français Emmanuel Macron a salué l’accord comme une avancée majeure, affirmant qu’emprunter sur les marchés des capitaux était « le moyen le plus réaliste et pratique » de financer l’effort de guerre ukrainien. Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a aussi applaudi la décision. Dans un communiqué, il a noté que « le paquet financier pour l’Ukraine est finalisé » et que Kiev bénéficie d’un prêt à taux zéro.

Merz a précisé que ces fonds sont suffisants pour couvrir les besoins budgétaires et militaires pour les deux années à venir. Mais attention, le dossier des avoirs russes n’est pas totalement enterré. Merz a expliqué que les actifs gelés resteront bloqués jusqu’à ce que la Russie paie des réparations de guerre à l’Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy a chiffré cela à plus de 600 milliards d’euros (700 milliards de dollars). C’est vertigineux.

« Si la Russie ne paie pas de réparations, nous utiliserons — en totale conformité avec le droit international — les actifs russes immobilisés pour rembourser le prêt », a averti Merz. Zelenskyy, qui avait fait le déplacement à Bruxelles en plein milieu de manifestations d’agriculteurs en colère contre un accord commercial avec l’Amérique du Sud, avait plaidé pour une décision rapide pour garder son pays à flot. Costa a d’ailleurs conclu en rappelant que l’UE « se réserve le droit d’utiliser les actifs immobilisés pour rembourser ce prêt ».

Selon la source : usnews.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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