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Pourquoi les petits oiseaux montent-ils toujours sur les rhinocéros ? Une relation bien plus profonde qu’il n’y paraît
Crédit: lanature.ca (image IA)

Une alliance improbable dans la savane

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Fermez les yeux une seconde et imaginez un rhinocéros. Il y a de fortes chances que, dans votre esprit, vous visualisiez aussi ce petit oiseau au bec pointu, tranquillement perché sur son dos, n’est-ce pas ? C’est une image d’Épinal de la faune africaine. On se dit souvent que ces oiseaux sont là simplement pour faire le ménage, picorant les tiques et autres petites nuisances. Mais honnêtement, c’est un peu plus compliqué que ça.

Cette alliance, qui semble indéfectible, brouille en réalité la frontière entre le parasitisme et la véritable symbiose. Ces oiseaux, ce sont les pique-bœufs (ou oxpeckers en anglais). On pourrait dire qu’ils sont les compagnons « à la vie, à la mort » de la mégafaune africaine. S’ils sont célèbres pour leurs balades à dos de rhinocéros, ils ne se gênent pas pour faire du stop sur des zèbres, des girafes, des impalas ou même des hippopotames. Ils ne sont pas difficiles.

Les scientifiques distinguent généralement deux espèces : le pique-bœuf à bec jaune, qu’on trouve par-ci par-là en Afrique subsaharienne, et le pique-bœuf à bec rouge, natif de l’Afrique de l’Est. D’ailleurs, j’adore son nom en swahili : Askari wa kifaru. Ça signifie littéralement « le garde du rhinocéros ». C’est poétique, non ? Mais est-ce vraiment justifié ? Certains chercheurs ont longtemps chipoté, affirmant que ces oiseaux étaient plus des parasites que des protecteurs. Pourtant, des recherches récentes suggèrent que ce vieux nom indigène avait vu juste depuis le début.

Amis dévoués ou vampires opportunistes ?

credit : lanature.ca (image IA)

Pendant des années, on nous a raconté une jolie histoire : le pique-bœuf se régale des tiques, le rhinocéros se fait faire une beauté, et tout le monde est content. Une relation « gagnant-gagnant », comme on dit dans le monde de l’entreprise. Sauf que… la nature est rarement aussi propre. Le Dr Roan Plotz le souligne bien : comme dans toute relation symbiotique, les espèces testent les limites. Et là, les limites sont parfois franchies.

Il s’avère que des études ont montré que ces oiseaux ne réduisent pas tant que ça le nombre de tiques. Pire encore, ils ont une habitude assez désagréable : ils adorent picorer les plaies. Oui, vous avez bien lu. Au lieu de laisser cicatriser une blessure, ils la maintiennent ouverte pour boire le sang. C’est un peu vampirique sur les bords, disons-le franchement.

Ils ne se contentent pas de grignoter les parasites ; ils sirotent l’hémoglobine et retardent la guérison, ce qui peut activement nuire aux rhinocéros. Une publication sur le sujet concluait d’ailleurs que la relation « pique-bœuf / mammifère » est bien plus complexe qu’on ne le pensait. Alors, si l’oiseau boit votre sang et ne vous débarrasse même pas de toutes vos tiques, pourquoi le garder sur son dos ? Quel est l’intérêt pour le rhinocéros ? Eh bien, une étude de 2020 a levé le voile sur ce mystère, et la réponse est fascinante.

Des yeux pour ceux qui ne voient pas

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C’est là que ça devient vraiment intéressant. Des scientifiques de l’Université Victoria en Australie ont suivi des rhinocéros noirs (Diceros bicornis) dans le parc Hluhluwe-iMfolozi, en Afrique du Sud. Il faut savoir une chose sur les rhinocéros noirs : ils sont pratiquement aveugles. Le Dr Roan Plotz, auteur principal de l’étude et écologiste comportemental (aujourd’hui à l’Université Deakin), a raconté qu’il a pu s’approcher très près d’eux. Leur ouïe est bonne, leur odorat est incroyable, mais leur vue ? Une catastrophe.

L’équipe a remarqué que la présence des pique-bœufs à bec rouge changeait totalement la donne. Ils agissent comme un système d’alarme vivant. Les chiffres de l’étude sont assez stupéfiants, je trouve. Lors de leurs expériences, les rhinocéros sans oiseaux ne détectaient une approche humaine que 23 % du temps. C’est peu. Très peu. Mais dès qu’ils avaient leur petite sentinelle sur le dos ? Le taux de détection grimpait à 100 % !

Et ce n’est pas tout. Non seulement ils repéraient le danger à coup sûr grâce au cri d’alarme de l’oiseau, mais ils le faisaient de beaucoup plus loin. En moyenne, les rhinocéros alertés repéraient l’humain à une distance de 61 mètres, soit près de quatre fois plus loin que lorsqu’ils étaient seuls. Plotz a même noté que plus le rhino portait d’oiseaux sur son dos, plus la distance de détection augmentait.

La réaction des rhinocéros est d’ailleurs très astucieuse. Une fois l’alarme donnée par l’oiseau, ils se positionnent face au vent. Pourquoi ? Parce que c’est leur « angle mort » sensoriel. Comme l’explique Plotz, ils ne peuvent pas sentir un prédateur qui arrive de sous le vent. C’est leur position la plus vulnérable, surtout face aux humains qui chassent souvent en utilisant cette technique pour masquer leur odeur.

Conclusion : Un prix sanglant pour la survie

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Alors, que retenir de tout ça ? C’est un compromis, tout simplement. Comme beaucoup de choses dans la vie, il y a un coût. Les pique-bœufs font certainement du mal en gardant les plaies ouvertes pour boire du sang frais, mais pour le rhinocéros, c’est un prix qu’il semble prêt à payer.

Cette relation est régie par un équilibre subtil entre les coûts et les bénéfices. Le Dr Plotz a eu une réflexion très juste à ce sujet : les rhinocéros noirs qu’il a observés toléraient totalement que les oiseaux se nourrissent sur leurs lésions. Pourquoi ? Parce qu’ils reçoivent en échange le bénéfice crucial d’une sentinelle.

Dans un monde où les humains ont pratiquement exterminé leur espèce, avoir une paire d’yeux supplémentaire — même si elle vous coûte quelques gouttes de sang — n’est pas un luxe, c’est une nécessité vitale.

Selon la source : iflscience.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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