Des moutons et des… rhinos ? Il existe une raison adorable derrière ces duos improbables
Auteur: Mathieu Gagnon
Une amitié née d’une tragédie : l’histoire de Lammie et Gertjie

C’était le 4 août 2014. Je m’en souviens comme si c’était hier, ou presque. Ce jour-là, un agneau Pedi nommé Lammie est arrivé au Hoedspruit Endangered Species Centre (HESC), en Afrique du Sud. Sa mission ? Elle était aussi noble qu’étrange : devenir l’animal de compagnie, le soutien émotionnel si vous voulez, d’un orphelin nommé Gertjie. Leur amitié a fini par toucher le cœur de millions de personnes à travers le monde, mais avouons-le, c’était un couple pour le moins bizarre. Pourquoi ? Eh bien, tout simplement parce que Gertjie était un rhinocéros.
L’histoire de Gertjie commence mal, très mal même. Il n’avait que 3 mois lorsque sa mère a été sauvagement tuée par des braconniers de rhinocéros. C’est une réalité brutale qui me brise le cœur à chaque fois que j’y pense. Le petit a été retrouvé juste à côté du corps sans vie de sa mère avant d’être transporté au HESC pour sa réhabilitation. Mais une fois sur place, il manquait quelque chose d’essentiel. Vous voyez, les rhinocéros blancs sont l’espèce la plus sociale de tous les rhinos. Même si les adultes sont plutôt du genre solitaire, les mères et leurs petits forment des groupes très soudés qu’on appelle des « crashes ». Sans aucun autre rhinocéros sous la main pour jouer le rôle de mère de substitution, l’équipe du HESC a dû faire preuve d’une sacrée créativité.
Biologie et comportement : pourquoi un mouton ?

On pourrait se dire que les moutons et les rhinocéros n’ont rien à voir, non ? Ils sont très différents, c’est sûr, mais ils partagent quelques similitudes cruciales quand on y regarde de plus près. Ce sont tous deux des mammifères et des ongulés. Bon, il y a une nuance technique : le mouton est un ongulé à doigts pairs, alors que le rhinocéros est un ongulé à doigts impairs. C’est une séparation dans l’arbre de l’évolution qui remonte probablement à environ 55 à 65 millions d’années. Ça ne nous rajeunit pas.
Mais au-delà de ces histoires d’orteils, ce sont tous les deux des herbivores à sabots, ce qui est bien pratique du point de vue de l’élevage. Les moutons broutent joyeusement aux côtés d’animaux qui ne sont pas de leur famille, ils sont rarement agressifs et, surtout, ce sont des animaux hyper sociaux avec un fort instinct de troupeau. C’est un peu le même principe qui fait que les chèvres arrivent à réduire le stress chez les chevaux socialement isolés. Le HESC l’a d’ailleurs expliqué sur Facebook : « On nous demande souvent pourquoi nos rhinocéros sont vus avec des moutons à leurs côtés. Les moutons font d’excellents animaux de compagnie pour la faune orpheline et sont de superbes substituts, car ils adoptent n’importe quelle espèce comme la leur. »
C’est leur nature placide qui aide à calmer les rhinos. C’est une nécessité absolue, croyez-moi, car les rhinocéros orphelins arrivent souvent complètement traumatisés et nerveux au centre.
Une grande famille recomposée et des nuits paisibles

Le HESC ne s’est pas arrêté à un seul essai, loin de là. Ils ont appliqué cette méthode avec succès en jumelant plusieurs autres rhinos avec des moutons compagnons. Il y a eu Lammie, bien sûr, mais aussi Mielie, Vlooi et Babette. C’est touchant de voir comment ça se passe concrètement. Les moutons sont placés avec les rhinocéros dans leurs « bomas » (des enclos) la nuit et s’endorment littéralement contre eux pour leur offrir une sécurité émotionnelle. Imaginez la scène !
Par exemple, Esmé et Mielie ont été présentés l’un à l’autre très jeunes et ont grandi ensemble. Il y a aussi l’histoire de Thaba et Vlooi, qui sont devenus des amis inséparables. Vlooi a apporté à Thaba un soutien émotionnel indispensable après que sa première compagne mouton, Babette, soit tristement décédée. C’est la vie, avec ses hauts et ses bas… Bien sûr, dans un monde idéal, les jeunes animaux grandiraient dans des paires plus naturelles. C’est pourquoi le HESC tenait tant à présenter Gertjie à un autre rhinocéros orphelin nommé Matimba. Et vous savez quoi ? Ce fut une réussite. On peut d’ailleurs voir des photos d’eux se faisant des câlins sur le site web du HESC.
Au-delà des rhinos : quand les chiens aident les guépards

Ce genre de soutien émotionnel par substitution ne se limite pas aux rhinos, figurez-vous. Ça marche aussi très bien ailleurs. Prenez le Metro Richmond Zoo, en Virginie. Là-bas, un bébé guépard nommé Kumbali a été rejeté par sa famille parce qu’il devait être retiré pour des soins médicaux. Le pauvre petit a commencé à montrer des signes d’anxiété. Alors, qu’a fait le zoo ? Ils lui ont trouvé un ami sous la forme d’un chiot Labrador appelé Kago. L’histoire de Kago est belle aussi : il a été sauvé d’un refuge qui pratiquait l’euthanasie en Alabama avant d’être donné comme compagnon.
Selon le zoo, cela fait plus de 40 ans que des chiens sont utilisés comme compagnons pour les guépards en captivité. C’est le célèbre Zoo de San Diego qui a été le pionnier de cette idée, et d’autres zoos ont suivi le mouvement. Comme l’écrivait le Metro Richmond Zoo dans un article de blog en 2015 : « Cette relation symbiotique n’arriverait jamais dans la nature. Cependant, nous croyons que les résultats positifs l’emportent sur le négatif. »
En grandissant ensemble, ils créent un lien presque inséparable, comme des frères et sœurs. Le chien a une influence apaisante car le guépard prend ses repères comportementaux sur lui. Il apprend à ne pas craindre son environnement, mais à l’embrasser avec confiance. C’est fascinant de voir comment la nature, même un peu aidée, trouve son chemin.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.