L’obsession du “cliché parfait” : des photographes accusés d’avoir causé la disparition d’une population de grenouilles galaxie en Inde
Auteur: Adam David
Quand la quête de la beauté mène à la destruction

C’est une nouvelle à la fois triste et profondément inhabituelle qui nous vient d’Inde. Qui aurait pu imaginer que la simple quête de la photographie la plus spectaculaire puisse mener à la disparition pure et simple d’une espèce ? Pourtant, des groupes de photographes, qu’ils soient professionnels ou amateurs passionnés, sont pointés du doigt. Ils auraient causé la perte d’une population entière de grenouilles galaxies, déjà classées comme gravement menacées d’extinction.
Cette population a été déclarée disparue après que l’habitat de ces amphibiens uniques ait été sauvagement perturbé, voire complètement détruit, dans la région où elles vivent. C’est dans les célèbres Ghâts Occidentaux, en Inde, que cette histoire se déroule, soulevant des questions essentielles sur l’éthique de la photographie en milieu naturel sensible. Notre obsession pour l’image a-t-elle dépassé les limites du respect de la vie sauvage ?
La fragilité extrême de la grenouille galaxie et son dernier sanctuaire

Pour comprendre l’ampleur du désastre, il faut saisir à quel point la grenouille galaxie est rare. Scientifiquement connue sous le nom de Melanobatrachus indicus, elle est tout simplement l’unique représentante de son genre (*Melanobatrachus*). Vous l’aurez compris, elle est unique au monde et ne se trouve que dans cette zone spécifique des Ghâts Occidentaux. Elle est depuis longtemps sur la fameuse liste rouge de l’UICN – un signe que son nombre d’individus est dangereusement faible.
Jusqu’à récemment, l’espèce n’était connue que sur trois sites spécifiques. Il s’agit de la ville de Kallakkad, du parc national Indira Gandhi, et enfin, le parc national de Periyar, situé dans l’État du Kerala. C’est précisément au sein de ce dernier « sanctuaire » qu’un groupe entier de ces grenouilles est aujourd’hui présumé mort. Cette disparition a été rapportée par Rajkumar K. P., un chercheur qui travaille pour la Société zoologique de Londres. On n’a plus vu ces individus depuis la fin de la pandémie de Covid-19.
Rajkumar K. P. avait eu la chance de découvrir cette petite colonie au début de l’année 2020. Il avait recensé un groupe de sept grenouilles. Son travail minutieux de documentation et d’observation a été brutalement interrompu par la crise sanitaire mondiale. Malheureusement, à son retour, les grenouilles n’étaient plus là. Quel choc terrible pour lui, je suppose.
Des manipulations fatales : comment les photographes ont détruit un habitat

Le chercheur a rapidement constaté que l’abri de la colonie — un tronc d’arbre sous lequel ces amphibiens vivaient — avait été cassé et déplacé. Cela a poussé Rajkumar K. P. à mener l’enquête. Les témoignages recueillis auprès des observateurs de la région sont accablants et, franchement, révoltants. Il semble que des groupes de photographes soient venus chercher à capturer ces amphibiens à tout prix.
Dans leur recherche du plus beau cliché, ces photographes auraient complètement saccagé l’habitat des grenouilles galaxie, retournant des tas de troncs d’arbres à la volée, y compris celui découvert par Rajkumar quelques mois plus tôt. Mais le pire n’est pas là : après avoir localisé les grenouilles, ils les auraient capturées et manipulées sans cesse, dans le but de les emmener et de les placer sur des décors plus « esthétiques », afin d’obtenir le fameux cliché parfait.
Or, il y a un détail essentiel et dramatique à connaître : les grenouilles galaxie sont des animaux extrêmement sensibles. Elles respirent directement par la peau. La manipulation humaine, même très courte, peut donc leur être littéralement fatale. C’est une certitude : cette manipulation a causé la mort d’au moins deux des individus précédemment recensés par le chercheur. Les cinq ou six grenouilles restantes sont introuvables. La destruction de leur foyer leur a très probablement été tout aussi fatale. Rappelons que cet amphibien est si rare que sa coloration ressemble au ciel étoilé, comme l’illustre la référence Melanobatrachus indicus ou la GRENOUILLE GALAXIE.
Le dilemme de la conservation face aux passe-droits administratifs

Cette tragédie nous rappelle de façon brutale à quel point la conservation d’espèces aussi fragiles est un travail délicat, et comment l’influence de l’Homme, même indirecte ou motivée par l’art, peut devenir dangereuse, voire conduire à l’extinction locale. C’est un combat constant, visiblement.
Les agents du département des forêts indiennes déploient des efforts considérables pour tenter d’empêcher ces groupes de photographes d’accéder aux zones de vie des grenouilles. Et pourtant, le système est perverti. Ces photographes parviennent toujours, et c’est le plus frustrant, à obtenir des « passe-droits » en contournant les règles, souvent par l’intermédiaire de hauts fonctionnaires. Comment voulez-vous, dans ces conditions, que les scientifiques puissent mener efficacement leur lutte pour protéger la grenouille galaxie ? Cela rend leur mission presque impossible. C’est une situation complexe où la bureaucratie et l’égo humain se heurtent à la nécessité urgente de préserver la biodiversité, comme le soulignait l’article de référence publié dans 20 minutes le 18/12/2025.
Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.