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Quand la Terre bouge : l’arc de Gibraltar s’apprête à transformer l’océan Atlantique
Crédit: lanature.ca (image IA)

Un compte à rebours géologique sous nos pieds

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On a souvent l’impression que la carte du monde est figée pour l’éternité, n’est-ce pas ? Pourtant, sous la surface des eaux, la Terre continue son lent travail de remodelage. C’est assez fascinant quand on y pense. Récemment, des scientifiques se sont penchés sur ce qui se passe sous le détroit de Gibraltar, cette frontière maritime bien connue entre l’Espagne et le Maroc. Ils y surveillent une zone précise, l’arc de Gibraltar, une frontière de plaques sous-marine qui semble sortir d’une longue sieste.

Selon les dernières recherches, cette zone ne va pas rester tranquille indéfiniment. Après une longue période d’accalmie, ou de « calme plat » si on veut parler marin, les experts prévoient que cet arc va se déplacer vers l’Atlantique. L’accélération de ce phénomène est attendue dans environ 20 millions d’années. Oui, je sais, ça nous laisse un peu de temps pour voir venir ! Mais à l’échelle de notre planète, c’est presque demain. Ce petit coin où les plaques africaine et eurasienne se rencontrent est en train de préparer, tout doucement, une réorganisation complète de notre géographie.

L’étude suggère que l’arc de Gibraltar, actuellement dans une phase lente, va finir par s’étendre vers l’ouest, pénétrant l’Atlantique pour y construire un tout nouveau système de subduction. C’est un véritable tournant dans la vie de cet océan, marquant le début d’un long compte à rebours vers sa fermeture éventuelle. C’est un peu comme si l’océan entamait sa retraite, millimètre par millimètre.

Dans les coulisses de la mécanique terrestre

credit : lanature.ca (image IA)

Pour comprendre comment tout cela fonctionne, il faut se tourner vers le travail méticuleux mené par João C. Duarte, professeur assistant en tectonique à l’Université de Lisbonne. Avec son équipe, et en collaboration avec des chercheurs de Mayence, ils ont publié un article évalué par des pairs en 2024 qui décrit la physique derrière ce schéma. C’est assez technique, mais en gros, ils ont utilisé des simulations tridimensionnelles basées sur la gravité. L’idée était de tester si un arc à l’arrêt pouvait redémarrer et réussir à percer une croûte océanique plus résistante.

Leur scénario traite la région comme une sorte de charnière. Imaginez une porte un peu grippée : elle peut caler un moment, puis se remettre en mouvement une fois que les forces l’emportent sur la résistance de la lithosphère — cette enveloppe rigide de la Terre qui comprend la croûte et le manteau supérieur. Le résultat de cette lutte de forces ? Un front semi-circulaire qui envahit progressivement le bassin océanique et recycle le fond marin. C’est un processus titanesque.

Ce phénomène s’inscrit dans ce que les géologues appellent le cycle de Wilson. C’est un concept qui explique comment les océans naissent, grandissent, vieillissent et finissent par se refermer sur des centaines de millions d’années. Boris Kaus, chef du groupe de géodynamique et de géophysique à l’Université Johannes Gutenberg de Mayence, a précisé un détail intéressant : « L’arc de Gibraltar qui est sur le point d’envahir l’Atlantique est le troisième ». C’est fou, non ? João C. Duarte ajoute d’ailleurs que leurs simulations ont montré pour la première fois que cette forme de migration directe est tout à fait possible.

Il faut aussi noter que des travaux antérieurs, datant de 2013, avaient déjà posé les bases de cette théorie. Ils suggéraient que les contraintes de compression près de la péninsule ibérique préparaient déjà un système de subduction dans l’Atlantique Est, proposant même que l’arc de Gibraltar et la marge sud-ouest de l’Ibérie soient mécaniquement liés. Le moteur clé de tout ça, c’est ce qu’on appelle le « slab pull » (ou traction de la plaque), une sorte de remorquage vers le bas exercé par une plaque qui coule et entraîne le reste derrière elle. Parfois, quand la plaque est étroite ou vieille, le mouvement cale… jusqu’à ce que le système reprenne de l’adhérence.

L’histoire nous met en garde : risques et réalités

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Alors, je vous entends d’ici… Faut-il s’inquiéter que le détroit disparaisse de notre vivant ? Rassurez-vous, la réponse est non. Comme je le disais, les horloges géologiques ont un rythme bien à elles, terriblement lent pour nous, pauvres humains. Ces changements modélisés se dérouleront sur des dizaines de millions d’années. Cependant, même pendant les phases dites « calmes », l’histoire de la région nous rappelle qu’elle n’est pas sans danger.

Souvenez-vous — ou du moins, peut-être avez-vous lu à ce sujet — du terrible tremblement de terre de Lisbonne en 1755. Il a généré un tsunami mortel et a changé le visage de la ville à jamais. Ce drame historique ne signifie pas qu’une réplique est imminente, loin de là, mais il nous sert de piqûre de rappel : les limites de plaques lentes peuvent, elles aussi, produire des chocs rares mais d’une violence inouïe. Les scientifiques parlent d’un « intervalle de récurrence », c’est-à-dire le temps moyen entre deux grands séismes dans une région donnée.

Le problème avec ces marges convergentes lentes, c’est que cet intervalle peut être très, très long. Du coup, ça complique la planification et ça peut endormir la vigilance des communautés, qui finissent par croire qu’il ne se passe rien sous leurs pieds. Le message du modèle informatique est donc double : il pointe vers un système dormant qui peut se réveiller, et vers une future marge atlantique qui pourrait, un jour, se comporter davantage comme le turbulent Pacifique. Si l’Atlantique développe une ceinture de subduction complète, on pourrait voir émerger un « Cercle de feu » de l’Atlantique, avec ses volcans et ses séismes fréquents. Un peu effrayant, mais c’est la nature qui reprend ses droits.

Conclusion : Vers une réunion des continents

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Au final, que faut-il retenir de cette étude publiée dans la revue Geology ? Si les prévisions se réalisent, l’Europe et l’Afrique se dirigeront lentement vers des retrouvailles, à mesure que le fond marin sera consommé par la subduction. Bien sûr, c’est un résultat lointain, presque inimaginable aujourd’hui. La géographie précise de cette future jonction reste incertaine, car des forces subtiles peuvent toujours rediriger les chemins tectoniques en cours de route.

Ce travail sur l’arc de Gibraltar souligne surtout à quel point la modélisation a progressé. En mélangeant des indices trouvés sur le terrain et le calcul haute performance, on arrive à tester des histoires complexes. Cela montre aussi comment un tout petit corridor près de Gibraltar peut, à lui seul, gouverner le destin d’un océan bien plus vaste. Pour l’instant, le détroit reste ce passage étroit entre deux continents qui se déplacent à la vitesse de quelques pouces par an, et non de miles par décennie. La science pointe vers une transformation patiente, pas une fermeture brutale de la porte entre l’Espagne et le Maroc. On a encore le temps d’admirer la vue.

Selon la source : earth.com

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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