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Une avancée majeure : la traque du liquide de spin quantique dans les matériaux Kagome
Crédit: Lee group, Stanford University.

Quand les électrons refusent de se ranger

credit : lanature.ca (image IA)

Vous savez, la matière a cette fâcheuse tendance à vouloir s’organiser quand on la refroidit. L’eau devient glace, les atomes se figent… C’est la norme. Mais dans le monde étrange de la physique quantique, il existe des rebelles. On les appelle les liquides de spin quantiques. C’est un concept assez exotique, pour ne pas dire carrément bizarre, où les spins (le moment angulaire intrinsèque des électrons, pour être précis) refusent obstinément de s’installer dans un motif ordonné.

Même à des températures incroyablement basses, où tout devrait être immobile, ces spins continuent de fluctuer, un peu comme une soupe en ébullition constante. Ce qui rend cet état si particulier, c’est le niveau élevé d’intrication quantique — cet effet un peu magique qui lie les particules entre elles de sorte que l’état de l’une affecte instantanément les autres, même à distance. Récemment, des chercheurs du SLAC National Accelerator Laboratory et de l’Université de Stanford ont mis la main sur des preuves solides de ce comportement dans un matériau magnétique structuré selon un motif bien précis : le réseau Kagome. Leurs résultats, publiés dans Nature Physics, pourraient bien nous aider à enfin comprendre les principes fondamentaux de ces états insaisissables.

La quête du cristal parfait : de l’Herbertsmithite à la Zn-barlowite

credit : Lee group, Stanford University.

Young S. Lee, l’auteur principal de l’étude, ne s’en cache pas : cela fait plus de 20 ans qu’il est obsédé — disons, passionné — par la compréhension de ces liquides de spin quantiques. « Ce sont de nouveaux états fascinants de la matière quantique », a-t-il confié à Phys.org. Et il a raison. En principe, leurs états fondamentaux peuvent posséder une intrication quantique à longue portée, ce qui est, soyons honnêtes, extrêmement rare dans les matériaux réels que nous pouvons toucher.

Son groupe a passé un temps fou à synthétiser des échantillons de monocristaux. Pourquoi des monocristaux ? Eh bien, parce qu’ils sont essentiels pour obtenir des mesures détaillées. Dans leurs travaux précédents, Lee et ses collègues avaient déjà repéré des indices d’excitations exotiques dans un matériau appelé herbertsmithite, un candidat au titre de liquide de spin quantique de type Kagome spin-1/2. À l’époque, ils pensaient avoir trouvé une signature forte de cet état. Mais le doute subsistait… Est-ce que c’était juste un coup de chance lié à ce matériau spécifique ?

C’est là que la science devient intéressante (et un peu têtue). Pour en avoir le cœur net, ils ont fabriqué des cristaux d’un tout nouveau matériau, la Zn-barlowite. L’idée était simple : voir si les résultats précédents étaient applicables de manière générale ou juste une anomalie.

Bombardement de neutrons et chasse aux « Spinons »

credit : lanature.ca (image IA)

Alors, comment on sonde l’état fondamental d’un aimant Kagome ? On ne se contente pas de le regarder au microscope. Lee et son équipe ont refroidi leurs échantillons de Zn-barlowite de haute qualité à des températures ultra-basses pour atteindre leur état d’énergie minimale. Ensuite, ils ont sorti l’artillerie lourde : la diffusion inélastique de neutrons à haute résolution. C’est une technique qui permet d’étudier comment les spins absorbent et relâchent de l’énergie.

Comme l’explique Lee, « Les neutrons peuvent pénétrer profondément à l’intérieur des matériaux et se disperser à partir des moments de spin-1/2 ». En gros, le schéma de diffusion leur donne deux infos cruciales : comment les directions des spins sont corrélées dans l’espace, et comment elles fluctuent dans le temps. Et devinez quoi ? Ils ont comparé ces observations avec des prédictions théoriques basées sur une méthode numérique complexe, le DMRG (groupe de renormalisation de la matrice densité).

Les résultats sont assez bluffants. Les mesures ont révélé que les excitations fondamentales des spins Kagome apparaissent sous la forme de « spinons ». Ce sont des morceaux fractionnés d’excitations classiques qu’on appelle magnons. Le fait que ce comportement exotique observé dans la Zn-barlowite soit aligné avec ce qu’ils avaient vu dans l’herbertsmithite suggère fortement que ce même état liquide de spin est universellement présent dans de nombreux matériaux Kagome connus.

Conclusion : Vers un consensus et de futures technologies

credit : lanature.ca (image IA)

C’est un grand pas en avant, vraiment. Un des objectifs majeurs dans ce domaine a toujours été d’atteindre un consensus sur au moins un matériau réel (ou une famille de matériaux) qui présente une preuve irréfutable d’un état fondamental QSL (Quantum Spin Liquid). Comme le dit Lee, cela nécessite des données expérimentales détaillées qui collent parfaitement aux prédictions théoriques. Et c’est exactement ce que leur travail, soutenu par le SLAC, a accompli ici.

Bien sûr, on pense tout de suite aux applications. Une fois que ces liquides de spin seront bien vérifiés, on peut espérer exploiter leurs propriétés d’intrication pour le stockage d’informations quantiques ou le calcul quantique. Imaginez la puissance… Mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. Pour l’instant, Lee reste absorbé par la physique fondamentale de ces aimants quantiques. Il admet lui-même que les sondes expérimentales de l’intrication quantique manquent encore cruellement. Explorer de nouvelles façons de caractériser cette bizarrerie quantique, c’est probablement ce qui va l’occuper pour les prochaines années.

Selon la source : phys.org

Ce contenu a été créé avec l’aide de l’IA.

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