
Quand un médecin prescrit un médicament, il prévient souvent des interactions avec l’alcool ou d’autres médicaments, mais l’impact de certains aliments est trop souvent ignoré. Pourtant, un simple jus ou un fruit peut altérer l’absorption d’un traitement, réduire son efficacité ou provoquer des effets indésirables.
Bethanne Brown, professeure de pharmacie, souligne que ce risque est peu pris en compte, même par les professionnels de santé. Pour éviter toute mauvaise surprise, voici 8 aliments à ne pas mélanger avec vos médicaments sur ordonnance.
Pourquoi les interactions entre aliments et médicaments sont cruciales pour les aînés

Aliments à surveiller : quand la nourriture perturbe vos médicaments

Certains aliments peuvent modifier l’efficacité des médicaments sur ordonnance, entraînant des effets indésirables ou réduisant leurs bienfaits thérapeutiques. Ces interactions, souvent méconnues, peuvent nuire à votre santé si elles ne sont pas prises en compte.
Dans cette section, nous vous présentons huit aliments courants qui peuvent interférer avec vos traitements. Nous expliquerons les risques associés et vous donnerons des conseils pratiques pour éviter ces interactions et assurer un meilleur suivi de votre santé.
1. Les aliments riches en fibres : un impact sur certains traitements

Si les fibres sont essentielles pour une bonne digestion, elles peuvent aussi réduire l’efficacité de certains médicaments, notamment ceux destinés au traitement de l’hypothyroïdie et de l’insuffisance cardiaque. Des aliments comme la farine de soja et les noix peuvent ralentir l’absorption de ces traitements, diminuant ainsi leurs bienfaits.
Par exemple, le lévothyroxine, prescrit pour l’hypothyroïdie, et la digoxine, utilisée pour les problèmes cardiaques, peuvent être moins bien absorbés si consommés avec un repas riche en fibres. Pour éviter ce problème, il est recommandé de prendre la digoxine au moins deux heures avant ou après un repas contenant beaucoup de fibres.
Si vous suivez un traitement de longue durée, parlez-en à votre médecin ou pharmacien pour savoir comment ajuster votre alimentation et garantir l’efficacité de vos médicaments.
2. Les bananes et les inhibiteurs de l’ECA : un mélange risqué

Si les bananes et d’autres aliments riches en potassium comme les avocats, les tomates et les abricots secs sont bénéfiques pour la santé, ils peuvent devenir dangereux lorsqu’ils sont consommés avec des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA), des médicaments souvent prescrits pour faire baisser la tension artérielle.
En effet, ces médicaments peuvent augmenter le taux de potassium dans l’organisme, et combinés à une alimentation trop riche en ce minéral, ils peuvent entraîner des troubles cardiaques graves, comme des arythmies. Pour limiter ce risque, il est recommandé de réduire la consommation d’aliments riches en potassium lorsque vous prenez ces traitements.
De plus, certains inhibiteurs de l’ECA, comme le captopril et le moexipril (Capoten et Univasc), doivent être pris au moins une heure avant les repas pour une absorption optimale. Demandez conseil à votre médecin ou pharmacien pour ajuster votre alimentation en fonction de votre traitement.
3. La réglisse et les médicaments pour la pression artérielle : une combinaison dangereuse

La réglisse noire, souvent appréciée pour son goût sucré et ses bienfaits médicinaux, peut poser un sérieux problème pour les personnes sous traitement contre l’hypertension. Elle contient un composé actif appelé glycyrrhizine, qui peut entraîner des troubles du rythme cardiaque et une hausse de la pression artérielle lorsqu’elle est consommée avec des inhibiteurs de l’ECA ou des diurétiques, des médicaments couramment prescrits pour réguler la tension.
L’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) met en garde : chez les adultes de plus de 40 ans, consommer seulement 50 grammes de réglisse noire par jour pendant deux semaines peut suffire à provoquer une arythmie. De plus, la réglisse peut aussi interagir avec d’autres traitements, notamment les anticoagulants, les inhibiteurs de la MAO et les médicaments transformés par le foie.
Si vous prenez des médicaments pour la pression artérielle ou d’autres traitements sensibles, il est préférable d’éviter la réglisse noire et de consulter votre médecin pour adapter votre alimentation.
4. Jus de fruits, antihistaminiques et médicaments pour la pression artérielle

Si les jus de fruits sont souvent considérés comme sains, certains peuvent perturber l’action de médicaments essentiels, notamment ceux contre l’hypertension et les allergies.
- Le jus de pamplemousse peut réduire l’efficacité des inhibiteurs calciques, couramment prescrits pour traiter l’hypertension.
- Le jus de pomme et le jus d’orange peuvent diminuer l’absorption des bêtabloquants, comme l’aténolol (Tenormin), ainsi que celle de l’aliskiren (Tekturna), un médicament qui régule la tension.
- Les jus acides (pomme, orange, pamplemousse) interfèrent aussi avec certains antihistaminiques récents, comme la fexofénadine (Allegra), neutralisant leur effet et rendant le traitement contre les allergies inefficace.
Pour éviter ces interactions, il est recommandé d’attendre au moins deux à quatre heures après la prise du médicament avant de boire ces jus. Si vous prenez un traitement quotidien, demandez à votre pharmacien quel est le meilleur moment pour consommer ces boissons sans compromettre leur efficacité.
5. Charcuteries, soja et antidépresseurs MAOIs : un risque de tension dangereuse

Les inhibiteurs de la monoamine oxydase (IMAO) sont une ancienne classe d’antidépresseurs encore prescrite dans certains cas. Mais attention, ces médicaments peuvent réagir fortement avec certains aliments riches en tyramine, un acide aminé présent dans plusieurs produits fermentés ou vieillis.
Parmi les aliments à risque, on retrouve :
- Les viandes fumées et séchées (saucissons, jambon cru, charcuteries),
- Les fromages affinés (comme le bleu, le roquefort ou le parmesan),
- Les aliments fermentés ou marinés (choucroute, cornichons),
- Le vin rouge et les produits à base de soja (tofu, sauce soja, miso),
- Les bananes trop mûres.
Associer ces aliments aux IMAO peut provoquer une hausse soudaine et dangereuse de la pression artérielle, pouvant entraîner des complications graves. Bien que ces antidépresseurs soient moins prescrits aujourd’hui, il est essentiel d’éviter ces aliments si vous suivez ce traitement. En cas de doute, demandez toujours conseil à votre médecin ou pharmacien pour ajuster votre alimentation en toute sécurité.
6. Produits laitiers et antibiotiques : une combinaison qui réduit l’efficacité du traitement

Si le lait, le fromage et le yaourt sont essentiels pour la santé des os, ils peuvent interférer avec certains antibiotiques, notamment ceux de la famille des tétracyclines (doxycycline, minocycline) et les quinolones comme la ciprofloxacine.
Le calcium contenu dans les produits laitiers empêche l’absorption correcte de ces médicaments, réduisant ainsi leur efficacité dans la lutte contre les infections bactériennes. Cela signifie que, même en prenant le traitement, le corps risque de ne pas recevoir la dose nécessaire pour éliminer l’infection.
Pour éviter ce problème, il est recommandé de ne pas consommer de produits laitiers une heure avant et jusqu’à deux heures après la prise de ces antibiotiques. En cas de doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou votre pharmacien pour adapter votre alimentation pendant votre traitement.
7. Le pamplemousse et les médicaments contre le cholestérol : un danger méconnu

Le pamplemousse et son jus sont souvent recommandés pour leur richesse en vitamine C, mais ils peuvent perturber l’action de certains médicaments, notamment les statines utilisées pour réduire le cholestérol.
Ces médicaments, comme l’atorvastatine, la lovastatine et la simvastatine (Lipitor, Altoprev/Mevacor, Zocor), ont besoin d’une enzyme spécifique pour être métabolisés. Or, le pamplemousse bloque cette enzyme, ce qui peut entraîner une accumulation du médicament dans le sang. Conséquence : un risque accru d’effets secondaires, notamment des douleurs musculaires et des problèmes hépatiques.
Mais ce n’est pas tout ! Le pamplemousse peut aussi interagir avec certains anxiolytiques comme le BuSpar, ainsi que certains corticoïdes prescrits pour la maladie de Crohn ou la colite ulcéreuse.
Par précaution, il est recommandé d’éviter complètement le pamplemousse si vous prenez ces traitements. Si vous avez un doute, demandez conseil à votre médecin ou pharmacien pour adapter votre alimentation en toute sécurité.
8. Légumes verts et anticoagulants : un équilibre à surveiller

Les légumes verts à feuilles, comme le brocoli, le chou, le kale et les épinards, sont riches en vitamine K, un nutriment essentiel pour la coagulation du sang. Mais cette même vitamine peut interférer avec la warfarine (Jantoven, Coumadin), un anticoagulant couramment prescrit pour prévenir les caillots sanguins.
Lorsque l’on consomme trop de vitamine K, l’effet de la warfarine peut être diminué, augmentant ainsi le risque de formation de caillots et de complications cardiovasculaires. À l’inverse, un apport insuffisant peut rendre le sang trop fluide, augmentant le risque d’hémorragie.
La clé n’est pas d’éliminer ces légumes, mais de maintenir une consommation régulière et équilibrée pour que la warfarine reste efficace. Si vous prenez ce traitement, parlez-en à votre médecin pour ajuster votre alimentation sans compromettre votre santé.
Prévenir les interactions entre aliments et médicaments : les bonnes pratiques

Les interactions entre aliments et médicaments peuvent modifier l’efficacité d’un traitement ou provoquer des effets secondaires indésirables. Pour éviter ces risques et garantir le bon fonctionnement de vos médicaments, voici quelques conseils essentiels :
✔️ Consultez votre médecin ou pharmacien : Avant de commencer un nouveau traitement, demandez toujours quels aliments éviter pour éviter toute interaction.
✔️ Lisez attentivement les étiquettes : Les notices des médicaments indiquent souvent les précautions à prendre avec certains aliments.
✔️ Respectez les horaires et dosages prescrits : Prenez vos médicaments exactement comme indiqué pour éviter toute diminution de leur efficacité.
✔️ Soyez régulier dans votre alimentation : Si un aliment doit être consommé avec modération, maintenez une consommation stable pour éviter des fluctuations dans l’absorption du médicament.
✔️ Évitez les combinaisons à risque : Certains mélanges, comme les produits laitiers avec certains antibiotiques ou le pamplemousse avec les statines, peuvent perturber l’action des médicaments.
✔️ Organisez votre prise de médicaments : Utilisez un pilulier ou un calendrier pour éviter les oublis et suivre un rythme régulier.
✔️ Faites confiance à un seul pharmacien : En remplissant toutes vos ordonnances dans une même pharmacie, votre pharmacien pourra surveiller d’éventuelles interactions entre vos traitements.
En restant vigilant et bien informé, vous pouvez réduire les risques d’interactions alimentaires et assurer l’efficacité de vos médicaments. Parlez-en à votre professionnel de santé pour adapter votre alimentation et prendre soin de votre santé en toute sérénité.