Les Européens avaient la peau foncée jusqu’à l’époque romaine… voici ce qui a tout changé
Auteur: Simon Kabbaj
Quand on imagine les premiers Européens, on pense souvent à des peuples à la peau claire et aux cheveux blonds ou châtains. Pourtant, les dernières analyses ADN révèlent une toute autre réalité : jusqu’à l’âge du fer, la majorité des habitants du continent avaient encore la peau foncée. Une découverte qui bouscule ce que l’on croyait savoir sur l’évolution humaine et qui soulève une question fascinante : qu’est-ce qui a provoqué ce changement ?
Pour comprendre comment et pourquoi la peau claire s’est répandue en Europe, plongeons dans cette enquête scientifique qui remet en cause bien des idées reçues.
L’origine africaine et l’évolution de la pigmentation

Les premiers humains, qui sont apparus en Afrique, avaient naturellement une peau foncée, adaptée aux environnements riches en soleil. En migrant vers le nord, notamment en Europe, les populations humaines ont dû s’adapter à des conditions climatiques bien différentes, où l’ensoleillement était plus faible. La théorie dominante suggère que la peau plus claire s’est développée pour permettre une meilleure absorption des rayons ultraviolets, essentiels à la production de vitamine D. Cependant, cette transition ne s’est pas produite de manière aussi linéaire et rapide que l’on croyait auparavant.
Des découvertes ADN qui changent notre vision du passé

Des chercheurs ont analysé l’ADN de 348 individus anciens ayant vécu à différentes périodes en Eurasie. Les résultats révèlent que la peau foncée était largement répandue jusqu’à l’âge du fer, soit il y a environ 3 000 ans. Avant cela, même durant le néolithique (environ 10 000 à 4 000 ans avant notre ère), la majorité des Européens conservaient encore des traits foncés, bien que quelques individus à la peau plus claire aient commencé à apparaître dans certaines régions du nord.
Le cas fascinant de Cheddar Man et d’autres ancêtres

Un exemple frappant de cette réalité est le célèbre “Cheddar Man”, un individu ayant vécu en Angleterre il y a environ 10 000 ans. Son ADN a révélé qu’il avait la peau foncée et les yeux bleus, une combinaison surprenante qui témoigne de la diversité génétique de l’époque. D’autres analyses ont montré que les premières occurrences de peau claire sont apparues sporadiquement en Scandinavie il y a environ 12 000 ans, mais qu’elles étaient loin d’être généralisées dans toute l’Europe.
L’influence de l’alimentation sur la couleur de peau

Une des raisons pour lesquelles la peau foncée a persisté plus longtemps que prévu en Europe est liée à l’alimentation des populations anciennes. L’un des rôles majeurs de la peau claire est de compenser le manque de vitamine D causé par un faible ensoleillement. Toutefois, certains peuples, notamment ceux vivant près des côtes, consommaient beaucoup de poissons riches en vitamine D, réduisant ainsi la pression évolutive en faveur de la peau claire. Ainsi, la génétique seule ne suffit pas à expliquer ces changements : le mode de vie et le régime alimentaire ont aussi joué un rôle clé.
Un changement progressif jusqu’à l’ère romaine

C’est véritablement durant l’âge du bronze et l’âge du fer (entre 3 000 et 1 700 ans avant notre ère) que la proportion de personnes à la peau claire a commencé à augmenter de manière significative. À cette période, les migrations et le mélange des populations ont contribué à la diversification des traits physiques. Lors de la fondation de l’Empire romain, les Européens présentaient déjà une plus grande variété de pigments de peau, bien que la peau foncée soit encore courante dans certaines régions.
Conclusion : une histoire de l’humanité en constante réécriture

Cette étude remet en question nos idées reçues sur l’apparence des premiers Européens et souligne la complexité des facteurs qui influencent notre évolution. Contrairement à ce que l’on croyait, la peau claire n’a pas immédiatement remplacé la peau foncée, mais a cohabité avec elle pendant des millénaires. L’environnement, l’alimentation et les migrations humaines ont tous contribué à façonner la diversité que nous connaissons aujourd’hui. Ces nouvelles découvertes nous rappellent que l’histoire humaine est bien plus nuancée que les images simplifiées que l’on peut en avoir.
Source étude : biorxiv.org