Un ancien pilote de ligne partage la vérité pourquoi autant de crashs d’avion en ce moment
Auteur: Simon Kabbaj
Les récents accidents aériens à travers le monde inquiètent de plus en plus les passagers, surtout ceux qui voyagent régulièrement ou qui ont prévu de prendre l’avion prochainement. Un ancien pilote de ligne et enquêteur spécialisé dans les accidents d’avion, Shawn Pruchnicki, a décidé de briser le silence et d’expliquer pourquoi autant de catastrophes surviennent ces derniers mois. Grâce à son expertise acquise sur plusieurs décennies, il apporte un éclairage précieux sur une situation qui touche directement la sécurité de millions de voyageurs.
1. Une série d’accidents inquiétante

Depuis le début de l’année, les chiffres de l’aviation sont alarmants. Selon les données officielles du National Transportation Safety Board (NTSB), 119 accidents ont été recensés aux États-Unis seulement, dont 16 mortels. Cette recrudescence d’incidents aériens n’est pas passée inaperçue, surtout après plusieurs accidents particulièrement tragiques.
En janvier, un avion de la compagnie American Airlines est entré en collision avec un hélicoptère de l’armée américaine près de Washington, causant la mort de 67 personnes. Quelques jours plus tard, un avion médical s’est écrasé à Philadelphie, faisant 6 victimes à bord et une autre au sol. En février, c’est en Alaska qu’un petit avion a connu un sort similaire, avec 10 décès. Même lorsque les passagers survivent, comme lors du vol Delta 4819 qui s’est retourné à l’atterrissage à Toronto, ces incidents laissent un profond traumatisme chez les passagers et les équipages.
2. Un système de sécurité affaibli avec le temps

Shawn Pruchnicki, qui a piloté pendant des années avant de devenir enquêteur spécialisé, affirme que la sécurité aérienne, autrefois une priorité absolue, a progressivement été érodée. Ce phénomène s’explique par un relâchement des procédures, mais aussi par des contraintes budgétaires qui poussent certaines compagnies à réduire la formation et les contrôles réguliers.
Selon lui, la sécurité aérienne est comme une série de barrières protectrices qui permettent d’éviter les accidents. Malheureusement, plusieurs de ces barrières sont aujourd’hui affaiblies ou tout simplement absentes, ce qui laisse davantage de place aux erreurs humaines et techniques.
3. Le manque d’effectifs et la surcharge des contrôleurs aériens

L’un des problèmes les plus graves pointés par Pruchnicki est la pénurie chronique de contrôleurs aériens. Ces professionnels jouent un rôle essentiel en assurant la coordination entre les avions, que ce soit au sol ou en vol, pour éviter les collisions. Cependant, beaucoup sont surmenés, fatigués, et travaillent dans des conditions de stress permanent.
Pruchnicki rappelle que le moindre écart de quelques secondes ou quelques mètres peut provoquer une catastrophe. Il explique aussi que les erreurs humaines sont amplifiées lorsque les équipes sont épuisées ou sous pression constante. Ce manque de personnel qualifié et reposé représente une menace réelle pour la sécurité de tous.
4. Des pilotes moins expérimentés qu’avant

En parallèle, Pruchnicki observe une autre tendance préoccupante : les compagnies aériennes, en particulier les compagnies régionales, recrutent et promeuvent des pilotes avec beaucoup moins d’expérience qu’autrefois. Avant, il fallait des milliers d’heures de vol pour espérer commander un avion commercial. Aujourd’hui, certains pilotes accèdent à des postes de responsabilité avec bien moins d’heures de formation et de vol pratique.
Pour un ancien pilote comme lui, cette situation est un véritable signal d’alarme. Plus un pilote est expérimenté, mieux il réagit aux imprévus, qu’il s’agisse de météo difficile, de pannes techniques, ou de problèmes en vol. Réduire cette expérience pour combler plus vite les postes vacants met les passagers en danger.
5. Une technologie qui aide… mais qui ne remplace pas les humains

Bien que les technologies embarquées dans les avions modernes soient de plus en plus sophistiquées, elles ne peuvent pas tout faire. Selon Pruchnicki, la solution ne consiste pas à remplacer les contrôleurs et les pilotes par des ordinateurs, mais plutôt à mieux les accompagner avec des outils fiables et simples à utiliser.
L’automatisation a ses limites, surtout face à des situations imprévues où seul le bon sens et l’expérience d’un humain peuvent éviter une catastrophe. Il plaide donc pour un meilleur équilibre entre l’humain et la machine, afin de préserver la sécurité des vols.
6. Des recommandations connues mais trop souvent ignorées

Enfin, Pruchnicki souligne que de nombreuses recommandations de sécurité émises par le NTSB ou d’autres organismes spécialisés restent lettre morte. Souvent, ces recommandations nécessitent des investissements coûteux ou remettent en question certaines pratiques commerciales, ce qui freine leur application.
Pour cet ancien pilote, il est urgent de remettre la sécurité au cœur des préoccupations des compagnies aériennes et des autorités. Il invite également les passagers eux-mêmes à être vigilants, à poser des questions sur la sécurité, et à privilégier les compagnies connues pour leur rigueur en matière de sécurité.
Conclusion

Les récents accidents aériens ne sont pas une simple série noire due à la malchance. Ils sont le résultat de plusieurs failles connues depuis longtemps, mais progressivement ignorées au fil des années. Comme le rappelle Shawn Pruchnicki, l’aviation reste un mode de transport sûr, mais seulement si nous maintenons les standards de sécurité élevés qui ont permis d’arriver à ce niveau. Face à cette situation préoccupante, il appartient à tous les acteurs du secteur, y compris les passagers, d’exiger plus de transparence et de vigilance pour éviter que ces tragédies ne se répètent.