L’incroyable raison qui permet aux femmes de surpasser les hommes dans les sports d’endurance extrême
Auteur: Simon Kabbaj
Pendant longtemps, on a cru que les hommes avaient un avantage naturel dans toutes les disciplines sportives. Cette idée est désormais remise en question dans les sports d’endurance extrême, où les femmes commencent à rattraper, voire dépasser les hommes. Une étude récente, menée en Alaska, offre un nouvel éclairage sur cette tendance, en s’intéressant aux performances d’hommes et de femmes dans une épreuve aussi rude qu’inhabituelle : le ski de fond longue distance en autonomie totale.
La victoire choc qui a tout changé

En 1985, une femme, Libby Riddles, bouleverse le monde sportif en remportant l’Iditarod, une course mythique de 1 510 kilomètres dans le froid glacial de l’Alaska. Accompagnée de 12 à 16 chiens de traîneau, elle affronte des conditions si extrêmes que certaines éditions ont vu la mort de plusieurs chiens, poussant des sponsors à se retirer. Peu après, Susan Butcher enfonce le clou avec quatre victoires sur cinq ans, battant des records à plusieurs reprises. Ces exploits féminins marquent un tournant : la supériorité physique masculine n’est plus absolue.
Des performances féminines qui se répètent

Depuis ces victoires, les femmes ont brillé dans d’autres sports d’endurance extrême, comme la natation en eau libre sur de longues distances. Les records masculins restent supérieurs dans les sports courts, mais l’écart diminue avec la durée des épreuves. Cette constatation a poussé des chercheurs à se pencher sur un autre événement alaskien : l’Alaska Mountain Wilderness Ski Classic (AMWSC), une traversée sauvage et non chronométrée de 160 à 289 kilomètres, réalisée sans aucune assistance.
Une épreuve sans chien, sans aide, sans relâche

Contrairement à l’Iditarod, le Ski Classic ne dépend pas d’une équipe animale : chaque concurrent doit porter seul son équipement, de la nourriture au matériel de camping. L’étude, publiée récemment, a suivi 8 femmes et 12 hommes, mesurant leur dépense énergétique et les effets de cette traversée extrême sur leur corps. En moyenne, les femmes ont mis seulement une demi-journée de plus que les hommes, avec certaines d’entre elles atteignant des temps presque identiques aux meilleurs hommes.
Le secret des femmes : économiser mieux, durer plus

Mais le plus frappant, c’est que les femmes ont dépensé moins d’énergie que les hommes pour un effort comparable. Elles ont aussi eu un meilleur ratio entre l’énergie dépensée et le poids transporté. En clair, leur corps semble mieux adapté à gérer l’effort dans la durée. L’exposition prolongée au froid, qui augmente le métabolisme, n’a pas ralenti les femmes autant qu’on aurait pu le croire. Pour les chercheurs, cela confirme une hypothèse : les femmes résistent mieux à la fatigue prolongée.
Une endurance profondément ancrée dans le corps féminin

D’après les résultats, les femmes puisent plus efficacement dans leurs réserves de graisses (lipides), ce qui leur permet de maintenir l’effort plus longtemps. Elles auraient aussi une meilleure capacité mitochondriale, ce qui signifie que leurs cellules utilisent l’oxygène de manière plus performante pendant l’effort. Même si des facteurs sociaux (comme le moindre encouragement des filles au sport) entrent en jeu, la biologie joue un rôle essentiel dans cette endurance supérieure.
Quand l’endurance féminine redéfinit les règles du jeu

Dans les sports courts, l’écart de performance entre hommes et femmes reste d’environ 10 %, mais dans le marathon, il est déjà tombé à moins de 8 %, et continue de rétrécir. Certains se demandent déjà si, un jour, il faudra séparer les sexes dans les épreuves longues pour donner une chance aux hommes. Même dans le domaine militaire, longtemps dominé par des préjugés sexistes, ces découvertes pourraient remettre en question la capacité physique réelle des femmes dans les missions d’endurance.
Conclusion : une revanche patiente et puissante

Longtemps mises à l’écart des grandes compétitions, les femmes prouvent aujourd’hui qu’elles excellent là où l’on s’épuise : dans l’endurance pure, la gestion de l’effort, et la résistance mentale. Grâce à des capacités physiologiques longtemps sous-estimées, elles prennent leur revanche dans les épreuves les plus exigeantes. Et si le véritable pouvoir sportif était dans la lenteur maîtrisée, la constance… et la patience féminine ?
Source étude : frontiersin.org