Une nouvelle espèce de chenille carnivore terrifiante, surnommée “la collectionneuse d’os”, se déguise avec des cadavres
Auteur: Simon Kabbaj
Au cœur des forêts hawaïennes, une créature minuscule mais redoutable intrigue les scientifiques. Il s’agit d’une nouvelle espèce de chenille, surnommée la « collectionneuse d’os », qui ne ressemble à aucune autre : elle se camoufle sous des cadavres d’insectes, vit dans des toiles d’araignée… et pratique parfois le cannibalisme. Une découverte fascinante – et dérangeante – qui remet en question notre compréhension des insectes. Voici le récit de cette chenille qui défie les lois de la nature.
Une chenille pas comme les autres

Forget le duvet moelleux et les couleurs vives : cette chenille joue la carte de l’horreur. Repérée pour la première fois sur l’île d’Oahu, à Hawaï, elle recouvre son corps avec des morceaux de cadavres d’insectes, principalement ceux laissés dans les toiles d’araignée. Une méthode radicale pour échapper aux prédateurs… et aux araignées elles-mêmes.
Une stratégie d’adaptation macabre mais brillante

Pourquoi ce comportement extrême ? Pour le biologiste Daniel Rubinoff, cette habitude est le fruit d’une longue adaptation évolutive. La chenille naît dans une toile d’araignée et n’a qu’une seule chance de survie : se fondre dans le décor. Selon lui, « elles vivent pour la mode : décorer ou mourir ». Et cela fonctionne.
Une cohabitation risquée avec une araignée affamée

Nées dans des toiles, ces chenilles vivent dans l’ombre d’un prédateur. Mais elles tirent parti de cette situation : elles se nourrissent des restes abandonnés par l’araignée, comme des ailes de scarabées ou des morceaux de mouches. Et elles ajoutent ces restes à leur carapace protectrice. Un opportunisme rare dans le règne animal.
Cannibalisme et instincts de survie

Le plus troublant ? Ces chenilles sont aussi cannibales. Quand les restes sont rares, elles n’hésitent pas à s’attaquer à leurs congénères, montrant une intelligence alimentaire inattendue. « Elles savent qu’il y a de la nourriture même dans ce qui ne ressemble pas à de la nourriture », souligne Rubinoff.
Un membre d’une famille très étrange

Ces chenilles appartiennent au genre Hyposmocoma, des espèces exclusivement hawaïennes connues pour leurs comportements inhabituels. Certaines vivent même dans l’eau douce, d’autres sont carnivores. Hawaï, isolée depuis des millions d’années, a permis l’émergence d’insectes aux stratégies de survie uniques.
Une biodiversité encore méconnue

Pour Rubinoff, cette découverte prouve une chose : nous connaissons très mal le monde des insectes, même dans les endroits faciles d’accès. Ce n’est qu’après 17 ans d’observation minutieuse que son équipe a osé publier leurs conclusions. « On découvre des choses qu’on n’imaginait même pas. » Un témoignage fascinant sur la puissance de l’évolution.
Conclusion – Quand la nature dépasse la fiction

La chenille « collectionneuse d’os » n’est pas qu’un phénomène fascinant : elle est un rappel. Un rappel que la nature est encore pleine de secrets, parfois terrifiants, souvent brillants, toujours surprenants. Alors que nous pensons tout savoir sur les insectes, cette chenille nous montre que le monde vivant est bien plus créatif que nous.
Source : hawaii.edu