4 gorilles arrachés au trafic illégal retrouvent enfin leur liberté dans la jungle congolaise
Auteur: Simon Kabbaj
Quatre gorilles femelles, arrachées au commerce illégal d’animaux sauvages, viennent d’être relâchées dans leur habitat naturel dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Après des années de réhabilitation intensive, Mapendo, Ndjingala, Isangi et Lulingu ont rejoint les forêts du mont Tshiaberimu, situé dans le Parc national des Virunga. Cette opération délicate, fruit de la collaboration entre plusieurs organisations, marque une étape cruciale pour la sauvegarde d’une espèce en danger critique d’extinction.
Des orphelines du braconnage devenues candidates à la liberté

Les quatre gorilles avaient été capturées très jeunes par des braconniers, victimes du trafic illégal d’animaux sauvages. Sauvées in extremis, elles ont été transférées au centre GRACE (Gorilla Rehabilitation and Conservation Education Center), où elles ont passé plusieurs années dans un espace forestier sécurisé de 16 hectares. Là, elles ont réappris à vivre, à se nourrir, à construire des nids et à interagir entre elles — des compétences vitales pour espérer un jour retourner à la vie sauvage.
Une mission de réintroduction au cœur de la montagne des esprits

C’est sur les pentes du mont Tshiaberimu, surnommé « la montagne des esprits » par les autochtones Baswagha, que les gorilles ont été réintroduites. Cette zone abrite une petite population résiduelle de gorilles — seulement huit individus — et il est urgent de la renforcer pour éviter l’extinction locale. Grâce à leur transfert, ce nombre est passé à douze, avec l’espoir de voir des reproductions naturelles à l’avenir. Le site, plus froid et en altitude, a nécessité une adaptation progressive.
Un transfert aérien et un accueil inattendu

Les gorilles ont été transportées par hélicoptère jusqu’à un enclos spécialement aménagé à haute altitude. À peine installées, un gorille mâle sauvage nommé Mwasa est apparu, curieux, aux abords de l’enclos. Ses visites ont rapidement entraîné des interactions naturelles et encourageantes avec les femelles. En quelques jours seulement, ces dernières ont quitté l’enclos d’elles-mêmes pour explorer la forêt et s’adapter à leur nouvel environnement, en découvrant de nouvelles plantes comme le bambou.
Dix années d’apprentissage enfin récompensées

Selon Jackson Kabuyaya Mbeke, directeur du centre GRACE en RDC, ces gorilles ont fait preuve d’une résilience exceptionnelle. Certaines ont passé plus de dix ans à se reconstruire, à développer des comportements sociaux sains, à reconnaître les dangers et à vivre en groupe. Leur sélection pour la réintroduction n’a pas été prise à la légère : elles ont montré les meilleurs signes de santé, de stabilité comportementale, et de potentiel reproductif. Plus de 400 personnes ont contribué à cette mission, preuve de son importance.
Un modèle à suivre pour sauver l’espèce

Même si leur réintroduction semble réussie pour l’instant, l’avenir reste incertain. Le projet de GRACE, mené avec Virunga National Park, Gorilla Doctors et Re:wild, pourrait toutefois devenir un modèle précieux pour d’autres efforts de réhabilitation des gorilles de plaine de l’Est, une sous-espèce en danger critique selon l’UICN. Comme l’a souligné Dirck Byler, directeur de la conservation des grands singes chez Re:wild, cette opération montre qu’avec l’implication des communautés locales, des résultats concrets sont possibles.
Conclusion – Quand l’espoir renaît dans les forêts congolaises

Le retour en liberté de Mapendo, Ndjingala, Isangi et Lulingu incarne un rare moment d’espoir dans un monde où les espèces sauvages disparaissent à grande vitesse. Ces gorilles, autrefois condamnées par la cupidité humaine, écrivent aujourd’hui un nouveau chapitre dans les montagnes du Congo. Leur histoire est la preuve vivante que, même après un passé marqué par la violence, la résilience et l’action collective peuvent ouvrir la voie à la renaissance.
Source : people