
Pour tout le monde, votre père était peut-être cet homme charismatique que tout le monde adorait. Ou votre mère, cette femme parfaite qui semblait tout gérer avec une facilité déconcertante. C’était l’image publique. Mais à la maison, une fois la porte fermée, le décor changeait radicalement.
Seul vous, l’enfant, savez ce que c’est que de subir leur silence glacial pendant des jours pour une petite bêtise, ou de porter le fardeau de leurs exigences impossibles. C’est ça, grandir avec un parent narcissique. Pour faire simple, une personne narcissique a une très, très haute opinion d’elle-même et a constamment besoin des compliments des autres pour se sentir exister. Leurs relations sont souvent superficielles et ils ont beaucoup de mal à se mettre à la place des autres, à comprendre leurs émotions. Ils pensent sincèrement être meilleurs que les autres, mais paradoxalement, la moindre critique peut les faire sombrer dans une honte immense. Même si peu de gens ont un diagnostic officiel, beaucoup de personnes en ont des traits, et les enfants sont souvent les premiers à en souffrir, sans même s’en rendre compte avant des années.
1. Vous avez du mal à dire non et à poser des limites

Un parent narcissique prend toute la place. Leurs désirs passent avant tout, et les besoins des autres, y compris ceux de leurs enfants, sont souvent ignorés. En réaction à cela, deux choses peuvent se passer. Soit vous avez appris toute votre vie que vos besoins ne comptaient pas, soit vous faites tout pour ne surtout pas leur ressembler.
Dans les deux cas, le résultat est le même : à l’âge adulte, vous avez tendance à laisser les autres vous marcher sur les pieds. Pourquoi ? Parce que vous n’êtes pas connecté à vos propres besoins ou vous ne savez pas comment les exprimer. Comme le dit une thérapeute, Wendy Behary, il devient difficile de dire « Je compte aussi » ou « J’ai des besoins », car cela peut sembler égoïste, narcissique. Un client d’un psychologue racontait même se sentir si peu valable qu’il faisait des cauchemars et tremblait devant toute figure d’autorité, lui rappelant son père. Vous avez appris que pour avoir la paix, il fallait vous effacer.
2. Vous avez une peur bleue de leur ressembler

Tout le monde ne réagit pas en s’effaçant. Pour certains enfants, surtout ceux avec un tempérament plus fort, la seule façon de survivre aux critiques et à l’abus était de devenir comme le parent narcissique. C’était une stratégie de survie : « Si tu ne peux pas les battre, rejoins-les ».
Ce mécanisme de défense peut devenir une seconde nature. À l’âge adulte, ces personnes peuvent se retrouver à rabaisser les autres, par peur. Une peur ancrée dans l’enfance que s’ils ne montrent pas leur force en premier, ils seront écrasés, comme avant. Heureusement, ce n’est pas une fatalité. La solution est souvent de demander l’aide d’un professionnel pour désapprendre ces comportements et apprendre à exprimer ses propres faiblesses – la tristesse, la peur, la solitude – sans y voir un danger.
3. Vous ressentez une forte rivalité ou du ressentiment envers vos frères et sœurs

Les parents narcissiques voient souvent leurs enfants comme des extensions d’eux-mêmes, pas comme des individus. Dans une famille de plusieurs enfants, cela peut créer des dynamiques terribles. Un enfant peut être choisi pour être « l’enfant en or », celui qui reflète les meilleures qualités du parent. Il reçoit les louanges, le soutien, mais aussi une pression immense pour être parfait.
Un autre enfant peut devenir le « bouc émissaire », celui sur qui on rejette toute la faute, la honte. Il est la cause de tous les problèmes. Ces deux enfants vivent dans la même maison mais ont des enfances totalement différentes, ce qui les dresse l’un contre l’autre, même à l’âge adulte. La clé est de comprendre que ce n’était pas de votre faute. Votre parent a créé cette division pour servir ses propres besoins. Se reconnecter avec son frère ou sa sœur autour de cette expérience commune peut être un chemin vers la guérison.
4. Parfois, vous aviez l'impression d'être le parent de votre propre parent

Tous les narcissiques ne cherchent pas à être au centre de l’attention en étant bruyants. Certains le font en jouant les victimes. Leurs problèmes sont toujours les plus graves, leurs souffrances les plus profondes. Ils peuvent contrôler les autres en menaçant de se faire du mal si les choses ne vont pas dans leur sens.
Si vous avez grandi avec un tel parent, vous avez peut-être passé votre enfance à « éteindre des incendies », à essayer de maintenir la paix pour que personne ne soit blessé. Des clients de thérapeutes racontent avoir eu l’impression d’être le mari de leur mère, ou d’être responsable d’empêcher leur père de se mettre en colère. Ce fardeau est immense pour un enfant. En gérant le drame constant, vous avez dû sacrifier une grande partie de vos propres besoins d’enfant, qui n’ont jamais été comblés.
5. Votre valeur personnelle dépend uniquement de vos réussites

Certains enfants de narcissiques comprennent vite que la seule façon d’obtenir de l’amour ou de l’attention est de réussir. Pas d’être, mais de faire. L’amour est conditionnel : il dépend de la performance, des bonnes notes, des accomplissements.
À l’âge adulte, cela peut se traduire par une dépendance au travail (workaholisme). Vous tirez votre estime de vous uniquement de ce que vous produisez. Vous avez appris que votre valeur ne vient pas de qui vous êtes, mais de ce que vous faites. Comprendre pourquoi votre parent était comme ça peut aider, sans pour autant l’excuser. Souvent, ils ont eux-mêmes été sévèrement critiqués ou, au contraire, excessivement flattés dans leur enfance, ce qui a créé ce besoin maladif d’être parfait. Mais c’est leur responsabilité de le gérer, pas la vôtre.
6. Vous ne savez pas vraiment qui vous êtes, ce que vous voulez ou ce dont vous avez besoin

Les parents narcissiques ont souvent de grands rêves pour eux-mêmes, des rêves qu’ils n’ont pas réalisés. Alors, ils essaient de vivre à travers leurs enfants. Le résultat ? Beaucoup d’enfants de narcissiques disent à l’âge adulte : « Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dans ce métier, je n’ai jamais vraiment su ce que je voulais ».
Vous avez toujours eu l’impression d’être un reflet de votre mère ou de votre père, plutôt que votre propre personne. Dans les cas les plus graves, où le parent est manipulateur ou abusif, la meilleure solution est parfois de prendre de la distance, voire de couper le contact. Surtout si le parent est dans le déni total et refuse de reconnaître le mal qu’il a fait. Personne ne devrait avoir à supporter un abus, et si la personne en face est incapable de s’excuser, le changement est impossible. Se protéger devient alors la priorité.
Conclusion : Le long chemin vers la guérison

Reconnaître un ou plusieurs de ces signes dans votre histoire n’est pas chose facile. C’est souvent douloureux. Mais c’est le tout premier pas, et le plus important, sur le chemin de la guérison. Le but n’est pas d’accuser, mais de comprendre pour pouvoir enfin avancer.
Ce processus implique souvent de réapprendre des choses fondamentales : poser des limites, identifier ses propres besoins, et s’autoriser à les satisfaire. Il s’agit de faire le deuil du parent que vous n’avez jamais eu pour pouvoir enfin vous occuper de l’enfant intérieur qui a tant souffert. Soyez patient et bienveillant avec vous-même. Le plus important est de retenir que vous avez le droit d’exister pour vous-même, de définir vos propres buts et de vivre votre propre vie, libéré du poids du passé.
Selon la source : psychologytoday.com