Et si on s’était trompé sur l’origine des araignées depuis le début ?

Pour bien comprendre, il faut revenir un peu en arrière. L’idée générale, c’est que toute vie sur Terre a commencé dans l’océan. Puis, au fil de l’évolution, certaines créatures sont sorties de l’eau pour s’adapter à la vie sur terre. Pendant très longtemps, les scientifiques pensaient que les araignées et leurs cousins, les scorpions par exemple, faisaient partie de ce groupe. On se basait sur des fossiles qui ressemblaient à des arachnides et qui avaient été trouvés dans des roches formées sur la terre ferme. L’affaire semblait entendue : les araignées étaient des créatures terrestres, point final.

La clé de ce nouveau mystère est un animal au nom un peu compliqué : Mollisonia symmetrica. C’est une créature qui a vécu il y a très, très longtemps, durant l’ère du Cambrien (entre 540 et 485 millions d’années). Ce petit animal marin était jusqu’à présent considéré comme un lointain ancêtre des limules, ces sortes de crabes un peu bizarres en forme de casque. Mais c’est en regardant non pas sa carapace, mais à l’intérieur de sa tête, que les chercheurs ont eu une énorme surprise.

Grâce à des techniques d’imagerie très modernes, une équipe menée par Nick Strausfeld, un neuroscientifique, a pu examiner le cerveau fossilisé de Mollisonia. Et là, stupéfaction. La structure de son cerveau ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle des araignées d’aujourd’hui. Les araignées ont un cerveau un peu particulier, avec une organisation ‘à l’envers’. Pour faire simple, la partie avant du cerveau se trouve au-dessus des circuits qui contrôlent les pattes. C’est cette organisation unique qui leur donne leur agilité et leur polyvalence de mouvement. Et c’est exactement cette même structure qu’ils ont retrouvée chez Mollisonia. C’est la preuve, selon eux, que cette créature marine est directement liée aux araignées.

Le cerveau n’est pas le seul indice. Les chercheurs ont aussi noté des ressemblances physiques, comme des membres articulés et des sortes de pinces qui rappellent celles des arachnides. Pour être sûrs de leur coup, ils ont mené une grande analyse statistique en comparant 115 caractéristiques physiques entre de nombreux animaux, vivants et disparus. Le résultat de cette analyse place Mollisonia comme une ‘sœur’ des arachnides modernes. Tous les indices semblent donc pointer dans la même direction.

Malgré l’enthousiasme, la science reste prudente. D’autres experts, comme le paléontologue Paul Selden, trouvent la découverte ‘fascinante’, mais estiment qu’il est encore un peu tôt pour tirer des conclusions définitives. Selon lui, il est ‘prématuré’ de déclarer que les araignées viennent de la mer. Il souligne qu’il faut maintenant comprendre comment cette découverte s’applique à tous les autres arachnides, qui sont une famille très vaste, et pas seulement aux araignées. C’est donc le début d’une nouvelle enquête passionnante, pas encore la fin de l’histoire.

Cette découverte est une belle leçon : il ne faut jamais se fier uniquement aux apparences. Comme le dit le chercheur Nick Strausfeld, « la plupart des fossiles du Cambrien semblent très différents des espèces modernes, c’est donc vraiment excitant quand l’intérieur d’un fossile – un cerveau et un système nerveux – raconte une histoire différente ». Cette étude ouvre une toute nouvelle perspective sur l’évolution des animaux qui nous entourent. Cela nous rappelle que les araignées sont une partie essentielle de notre monde et que nous avons encore beaucoup à apprendre sur leur histoire, et sur la nôtre.

Selon la source : gizmodo.com