Des changements climatiques soudains en Antarctique pourraient avoir des « conséquences catastrophiques pour des générations », alertent les experts
Auteur: Mathieu Gagnon
Imaginez des changements si rapides, si brutaux, qu’on ne pourrait plus revenir en arrière. C’est le message très clair que nous envoient des dizaines de scientifiques de renommée mondiale. L’Antarctique, ce continent blanc et lointain, est en train de changer sous nos yeux, et les conséquences pourraient être, selon leurs propres mots, « catastrophiques pour des générations ». On ne parle pas de science-fiction, mais d’une réalité documentée dans une grande étude parue dans la revue Nature. C’est un peu comme si la planète nous envoyait une lettre d’avertissement, et il serait peut-être temps de la lire attentivement.
Un cercle vicieux qui s'emballe
Le problème, c’est que tout est lié. Les changements en Antarctique ne sont pas isolés ; ils s’aggravent les uns les autres. C’est ce qu’on appelle un cercle vicieux. Par exemple, la fonte des glaces accélère le réchauffement, qui à son tour fait fondre encore plus de glace. C’est une sorte de boule de neige qui dévale une pente : plus elle avance, plus elle grossit et va vite. Les experts nous disent que ce qui se passe là-bas, au pôle Sud, a des répercussions sur la planète entière. En fait, l’Antarctique n’est pas juste une victime du changement climatique, il en devient aussi un moteur.
Toute la glace n'est pas la même : une différence capitale
Pour bien comprendre, il faut savoir qu’il y a deux types de glace. D’abord, il y a la banquise, c’est de la glace qui flotte sur l’océan. Quand elle fond, elle ne fait pas monter le niveau de la mer, un peu comme un glaçon qui fond dans un verre d’eau. Mais son rôle est crucial : sa surface blanche renvoie les rayons du soleil dans l’espace. Quand elle disparaît, elle est remplacée par l’océan, très sombre, qui lui, absorbe la chaleur. Pensez à un t-shirt blanc et un t-shirt noir en plein soleil. C’est la même chose. L’autre type de glace, et c’est le plus inquiétant, c’est la calotte glaciaire, qui repose sur la terre ferme. Et là, c’est une autre histoire…
La banquise recule à une vitesse record
Les chiffres donnent le vertige. Après des années de stabilité, la surface de la banquise s’est effondrée depuis une dizaine d’années. Depuis 2014, elle a reculé en moyenne de 120 kilomètres des côtes du continent. Pour vous donner une idée, cette fonte est environ trois fois plus rapide que ce qu’on observe en Arctique, au pôle Nord. C’est énorme. Certains scientifiques pensent même qu’à ce rythme, l’Antarctique pourrait se retrouver sans glace en été avant même l’Arctique. Personne ne s’attendait à ça.
Le vrai danger vient de la terre
Revenons à cette fameuse calotte glaciaire, le géant qui repose sur le continent. C’est elle, la vraie menace pour nos côtes. Un glacier en particulier, le Thwaites, surnommé le « glacier de l’apocalypse », inquiète tout le monde. Les recherches montrent que la quantité d’eau douce qu’il déverse dans l’océan a doublé depuis les années 1990. Quand cette glace terrestre fond et rejoint la mer, le niveau des océans monte. C’est mathématique. On ne parle pas de quelques centimètres, mais potentiellement de plusieurs mètres à long terme.
Une tragédie pour les manchots empereurs
Ces changements ne sont pas que des chiffres. Ils ont des conséquences bien réelles et tragiques. Prenez les manchots empereurs. Leurs poussins naissent sur la banquise et ont besoin qu’elle reste solide jusqu’à ce qu’ils aient leurs plumes d’adulte pour nager. Or, ces deux dernières années, la glace a cédé trop tôt. Des milliers de poussins, incapables de nager, se sont noyés ou sont morts de froid. C’est une image terrible. Une étude a montré que sur cinq sites de reproduction surveillés en 2023, quatre ont connu une perte de 100% de leurs poussins. Ils n’ont eu aucune chance.
Sommes-nous proches du point de non-retour ?
Les scientifiques parlent de « point de bascule » ou de « point de non-retour ». C’est un seuil au-delà duquel un changement devient inarrêtable, même si on arrête de polluer. Et il semblerait qu’on s’en approche dangereusement. L’effondrement de la calotte glaciaire de l’Antarctique Ouest pourrait être déclenché avec un réchauffement bien en dessous de 2°C. Si cela arrive, cela pourrait entraîner une montée du niveau de la mer d’au moins trois mètres. C’est un chiffre difficile à imaginer, mais cela signifierait que des villes entières où vivent des centaines de millions de personnes seraient inondées.
Quand les courants marins s'en mêlent
Et ce n’est pas tout. Un autre risque majeur est l’effondrement d’un système de courants marins qu’on appelle la « circulation de renversement de l’Antarctique ». C’est un peu comme le système sanguin de l’océan, qui distribue la chaleur et les nutriments sur toute la planète. Or, on observe déjà un ralentissement rapide de ce système. Si il s’arrêtait, cela aurait des impacts climatiques partout dans le monde. Le réchauffement pourrait s’intensifier et l’océan absorberait moins de CO2, ce qui aggraverait encore le problème. Décidément, tout est lié.
Conclusion : l'avenir est entre nos mains
Face à ce tableau, on pourrait se sentir impuissant. Pourtant, les scientifiques sont clairs : la seule façon de ralentir ces changements, c’est d’arrêter de rejeter des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce n’est pas une fatalité, mais une urgence. Les décisions que nous prenons aujourd’hui, au cours de la prochaine décennie, détermineront la quantité de glace que nous perdrons et la vitesse à laquelle nous la perdrons. Le message de l’Antarctique est un appel à l’action. Pour nous, et surtout, pour ceux qui viendront après.
Selon la source : cbsnews.com