Quand on pense à Venise, on imagine les gondoles, les canaux, le carnaval… et bien sûr, la majestueuse place Saint-Marc, veillée par son gardien silencieux : le célèbre Lion ailé, perché au sommet de sa colonne. C’est le symbole de la ville, de sa puissance passée, présent sur son drapeau. Mais si ce symbole, si profondément vénitien, n’était pas du tout vénitien ? Et s’il venait de l’autre bout du monde ? Une nouvelle étude scientifique vient de jeter un pavé dans la lagune, et la réponse pourrait bien vous surprendre.
Un mystère qui a toujours plané
Ce qui est étonnant, c’est que ce lion si célèbre est en fait un grand mystérieux. Les textes historiques anciens en parlent très peu. On ne sait pas exactement quand il est arrivé à Venise, ni par qui, ni même quand il a été placé sur sa colonne. C’est comme si ce lion était apparu un jour, sans que personne ne note vraiment d’où il venait. Un flou qui a permis à toutes les légendes de naître.
L'indice scientifique : la 'carte d'identité' du métal a parlé
Pour tenter de résoudre l’énigme, des chercheurs, menés par l’archéologue Massimo Vidale de l’Université de Padoue, ont utilisé une technique de pointe : l’analyse des isotopes du plomb contenus dans le bronze de la statue. C’est une sorte de véritable carte d’identité chimique du métal, qui permet de retrouver la mine exacte d’où il a été extrait. Le verdict, publié dans la revue *Antiquity*, est tombé, et il est stupéfiant : le cuivre utilisé pour fondre la statue ne vient ni d’Italie, ni d’Europe, ni même du Moyen-Orient. Il vient de la région du fleuve Yangtsé, en Chine.
L'indice artistique : un air de famille avec des gardiens de tombe chinois
Cette découverte a poussé les chercheurs à regarder la statue d’un autre œil. Pendant longtemps, on pensait qu’elle était inspirée des griffons de Mésopotamie. Mais les chercheurs proposent une comparaison bien plus convaincante. Le style du lion ressemble de manière frappante aux ‘gardiens de tombe’ de la dynastie Tang, qui a régné sur la Chine entre 618 et 907. Ces sculptures, appelées *zhènmùshòu*, étaient des créatures hybrides féroces, parfois avec des traits humains, censées protéger les morts. Et le détail qui tue : en examinant la statue, les experts pensent que le lion de Venise aurait pu, à l’origine, avoir des cornes, ce qui le rendrait encore plus semblable à un gardien de tombe chinois !
Le voyage incroyable : sur la Route de la Soie avec la famille de Marco Polo ?
Mais alors, comment cette statue a-t-elle pu faire un si long voyage ? Les chercheurs ont une hypothèse fascinante. Imaginez la scène : nous sommes au XIIIe siècle. Niccolò et Maffeo Polo, le père et l’oncle du célèbre explorateur Marco Polo, sont à la cour de l’empereur mongol. Ils auraient pu y découvrir un de ces gardiens de tombe et décider de le renvoyer en Europe par la fameuse Route de la Soie. Une fois arrivée à Venise, la statue aurait subi un petit ‘relooking’ pour s’adapter à la culture locale. On lui aurait enlevé ses cornes et raccourci ses oreilles pour qu’elle ressemble davantage au lion, le symbole de Saint Marc, le saint patron de Venise.
Conclusion : une Venise encore plus connectée au monde qu'on ne le pensait
Selon la source : gizmodo.com