Il a une bouille adorable et un masque de bandit qui prête à sourire. Pourtant, le raton laveur est loin d’être une simple peluche animée. Originaire d’Amérique du Nord, ce mammifère opportuniste et diablement intelligent colonise discrètement mais sûrement le territoire français, posant un véritable casse-tête dans des régions comme la Gironde, devenue l’un de ses bastions.
Un animal bien plus malin qu'il n'y paraît
Dans l’imaginaire collectif, le raton laveur est cet animal qui « lave » sa nourriture avant de la manger, une habitude fascinante qui lui a donné son nom. Mais derrière ce folklore se cache une capacité d’adaptation hors norme. S’il préfère les forêts et les points d’eau, il n’hésite jamais à s’aventurer là où se trouve l’homme. Et donc, la nourriture facile.
Les témoignages, recueillis notamment par FranceInfo, se multiplient et dessinent le portrait d’un animal hors du commun. La scène a de quoi surprendre : la nuit, la chatière s’agite, et ce n’est pas le chat de la maison qui rentre, mais un raton laveur venu se servir directement dans la gamelle de croquettes. Il a compris le mécanisme en un rien de temps.
Des dégâts bien au-delà du vol de croquettes
Si l’anecdote peut faire sourire, les conséquences de sa présence sont souvent moins légères. À la manière d’un renard, le raton laveur s’attaque sans scrupules aux poulaillers, décimant les volailles. Les vergers ne sont pas épargnés non plus : ses pattes agiles lui permettent de déjouer clôtures et autres protections pour se régaler de fruits. Bref, un stratège.
Son intelligence est sa meilleure arme. La population qui prospère aujourd’hui en Gironde serait issue d’individus qui se sont tout simplement… échappés d’un élevage il y a une vingtaine d’années. Une ironie qui en dit long sur sa capacité à forcer les passages, que ce soit pour entrer ou pour sortir.
Une implantation qui laisse les experts démunis
Face à cette progression, le sentiment d’impuissance domine. Classée « espèce exotique envahissante », le raton laveur semble pourtant inarrêtable. Pour Christophe Coïc, directeur de l’association de protection de la nature Cistude Nature, l’affaire est déjà entendue. « Quand on s’aperçoit de leur présence, l’espèce est déjà bien installée », confiait-il à FranceInfo. « On va faire des opérations au coup par coup, mais on ne pourra strictement rien faire. »
Ce constat d’échec est teinté d’une forme de respect, presque d’admiration pour l’animal. « On leur a mis tout ce qu’on pouvait pour s’en débarrasser : poison, piégeage… On n’y arrive pas. Et ça, c’est plutôt rigolo », admet le spécialiste, un brin philosophe.
Comment en est-on arrivé là ?
L’histoire de son arrivée en France est parcellaire. On sait qu’une partie de la population a été introduite par des soldats américains basés dans l’Hexagone dans les années 1960, qui les gardaient comme animaux de compagnie avant de les relâcher à leur départ. Depuis, sans prédateur naturel capable de réguler sa démographie – ni loup ni lynx en nombre suffisant dans ces régions – le raton laveur a eu le champ libre.
Sa prolifération n’est pas sans risque pour la faune locale. Plus gros et plus agressif que les espèces indigènes, il peut entrer en compétition pour les ressources et les habitats, menaçant des animaux comme la loutre d’Europe ou certains oiseaux nichant au sol.
apprendre à vivre avec ce nouveau voisin ?
La guerre contre le raton laveur semble perdue d’avance. Il est là, et bien là. La question n’est peut-être plus de savoir comment l’éradiquer, mais plutôt comment limiter son impact et, surtout, comment s’adapter à la présence de ce voisin aussi intelligent qu’envahissant. Une cohabitation forcée qui nous oblige à repenser notre rapport à la faune que nous avons, volontairement ou non, introduite sur notre territoire.
Selon la source : science-et-vie.com