Prix Nobel : 5 réactions surprenantes des lauréats, de l’indifférence à la colère
Auteur: Simon Kabbaj
Recevoir le Prix Nobel, c’est un peu le Graal. La reconnaissance ultime d’une vie de travail, que ce soit en science, en littérature ou pour la paix. Pour la plupart des lauréats, l’appel de Stockholm est le plus beau jour de leur vie. Mais pour d’autres… c’est une autre histoire. Certains lauréats ont eu des réactions pour le moins surprenantes : de l’indifférence totale à l’énervement pur et simple. Plongeon dans les coulisses de ces moments inattendus.
1. « C'est une arnaque ? »
Imaginez. Votre téléphone sonne, un numéro inconnu venant de Suède. Votre premier réflexe ? Probablement de penser à une arnaque. C’est exactement ce qui est arrivé à de nombreux lauréats. Mary Brunkow, co-lauréate du prix de médecine cette année, a cru à « une sorte de spam, alors j’ai désactivé le téléphone et je suis retournée dormir ». Paul Romer, prix d’économie 2018, a laissé l’appel aller plusieurs fois sur sa messagerie vocale. Mais le plus drôle, c’est Abdulrazak Gurnah, prix de littérature 2021. Quand on l’a appelé, il a carrément répondu : « Allez, fichez-moi le camp. Laissez-moi tranquille ». Il a fallu un certain temps au comité Nobel pour le convaincre que c’était bien réel !
2. « Ce n'est pas le bon moment, je suis occupé »
Pour certains scientifiques, rien n’est plus important que leur travail en cours. Konstantin Novoselov (physique, 2010) et Arthur Ashkin (physique, 2018) étaient apparemment ‘mécontents’ d’apprendre la nouvelle. Leur réaction ? « Vous voulez dire que je dois arrêter mon expérience ? Je suis un peu occupé ». Quand Linda Buck a remporté le prix de médecine en 2004 pour ses travaux sur l’odorat, elle dormait profondément. C’est le directeur de son centre de recherche qui a répondu, croyant à un appel d’un candidat à un poste. Il a sèchement expliqué à l’interlocuteur que ce n’était pas comme ça qu’on obtenait un emploi. Quand il a compris que c’était le comité Nobel, il aurait crié : ‘Ça, ça va vous décrocher un job ici !’
3. L'insaisissable Bob Dylan
Le cas de Bob Dylan, prix de littérature 2016, est légendaire. Quand le prix lui a été attribué ‘pour avoir créé de nouvelles expressions poétiques dans la grande tradition de la chanson américaine’, le chanteur est resté… injoignable. Le comité Nobel a mis plus de deux semaines juste pour réussir à lui parler au téléphone. Ils avaient ‘arrêté d’essayer’. Finalement, Dylan a accepté le prix, se disant ‘sans voix’ et honoré. Puis, sans grande surprise, il a séché la cérémonie de remise des prix en raison ‘d’engagements préexistants’. Un fantôme jusqu’au bout.
crédit image : Xavier Badosa / Flickr / CC BY 2.0
4. Doris Lessing, la reine de l'exaspération
L’écrivaine britannique Doris Lessing, prix de littérature 2007, a offert au monde une scène mémorable. Elle revenait de faire ses courses quand une horde de journalistes l’a attendue sur le pas de sa porte pour lui annoncer la nouvelle. Sa première réaction, en sortant du taxi ? ‘Oh, mon Dieu‘, a-t-elle lâché, complètement exaspérée. Alors qu’un journaliste insistait, elle a répondu, lasse : ‘Dites-moi ce que je dois dire et je le dirai’. Quand on lui a demandé si ce prix signifiait quelque chose pour elle, sa réponse fut cinglante : ‘J’ai gagné tous les prix en Europe, absolument tous. Je suis donc ravie de tous les gagner. C’est une quinte flush royale. Ok’. Une leçon de flegme britannique.
5. Peter Higgs, l'homme qui s'est caché pour ne pas gagner
Parfois, un scientifique sent que son heure de gloire est arrivée… et il fait tout pour l’éviter. C’est l’histoire de Peter Higgs, le physicien qui a donné son nom au fameux ‘boson de Higgs’. En 2013, sentant que le prix de physique allait lui être attribué, il a décidé… de se cacher. Le jour de l’annonce, il s’est réfugié dans un pub pour échapper aux journalistes. Il a éteint son téléphone et c’est une passante dans la rue qui a fini par lui apprendre la nouvelle. Higgs a même confié à un biographe que la découverte du boson avait ‘ruiné’ sa vie paisible. ‘Mon style est de travailler dans l’isolement et d’avoir occasionnellement une idée brillante’, a-t-il expliqué.
Crédit image : Bengt Nyman — Flickr: IMG_7469 / CC BY 2.0
Conclusion : des génies, mais des humains avant tout
Ces histoires, aussi drôles soient-elles, nous rappellent une chose simple : derrière les génies qui changent le monde, il y a des êtres humains. Des gens qui peuvent être fatigués, méfiants, timides, ou qui ont tout simplement mieux à faire que de répondre au téléphone. Et finalement, c’est peut-être ça, le plus grand signe de leur génie : rester concentrés sur ce qui compte vraiment pour eux, même face à la plus grande des récompenses.
Selon la source : gizmodo.com