Chaque jour, 1 à 2 satellites Starlink tombent du ciel : les scientifiques tirent la sonnette d’alarme
Auteur: Adam David
Ce sont des images qui fascinent autant qu’elles interrogent. Sur les réseaux sociaux, des vidéos de traînées lumineuses fendant le ciel nocturne se multiplient. Il ne s’agit pas d’étoiles filantes, mais de satellites Starlink rentrant dans l’atmosphère. Un ballet pyrotechnique prévu par leur constructeur, SpaceX, mais qui commence à sérieusement préoccuper la communauté scientifique.
Une constellation hors de contrôle ?
Pour comprendre l’ampleur du phénomène, il faut regarder les chiffres. Sur les quelques 12 000 satellites actifs au-dessus de nos têtes, plus de 8 500 appartiennent à la flotte Starlink d’Elon Musk. Cela représente plus de 70 % du trafic orbital fonctionnel. Une hyper-présence qui n’est pas sans conséquences, car cette armada métallique ne fait pas que rester sagement en orbite.
Un ou deux retours sur terre, chaque jour
C’est un ballet quasi quotidien, mais invisible pour la plupart d’entre nous. L’astronome Jonathan McDowell, qui suit de près ce trafic, a confié au média EarthSky avoir enregistré une moyenne de « un à deux satellites Starlink qui sortent de leur orbite chaque jour ». Ces objets sont conçus pour se désintégrer presque entièrement lors de leur rentrée atmosphérique, d’où ces fameuses flammes. En théorie, le processus est maîtrisé.
Le risque d'un billard cosmique
Si le spectacle peut sembler sans danger, le véritable risque est ailleurs. Le problème, ce ne sont pas tant les satellites Starlink eux-mêmes, pensés pour se volatiliser, mais ce qu’ils pourraient heurter dans leur longue descente. L’orbite basse est une véritable passoire remplie de vieux satellites et de débris non conçus pour brûler proprement. Un satellite Starlink en chute pourrait ainsi percuter un de ces objets et l’envoyer s’écraser sur Terre.
Quand les débris menacent le sol
Le Dr McDowell est formel : le danger est réel. « Régulièrement, on entend parler d’un bout de technologie spatiale qui est revenu sur Terre et qui se retrouve sur notre sol comme un débris assez énorme », explique-t-il. Pour lui, la multiplication des satellites rend inévitable une augmentation des désorbitations accidentelles. « Plusieurs fois par an, des gens sont visés par des choses énormes. Heureusement, pour le moment, il n’y a jamais eu de blessés. Mais ça ne durera pas. »
Une pollution invisible mais bien réelle
Au-delà du risque d’impact, c’est une menace plus insidieuse qui se dessine. SpaceX met en avant le caractère « biodégradable » de ses engins, mais cette combustion à très haute altitude n’est pas sans laisser de traces. En se consumant, les matériaux libèrent des particules fines, notamment de l’oxyde d’aluminium, qui restent en suspension dans la haute atmosphère.
Un impact climatique encore incertain
Pour être tout à fait honnête, le champ de recherche sur cette pollution stratosphérique est encore balbutiant. Les premières études suggèrent toutefois que cette accumulation de particules pourrait, à terme, perturber l’équilibre thermique de la planète et contribuer au réchauffement. « Ce n’est pas encore clair si ces effets seront assez importants pour être problématiques », admet le Dr McDowell, « mais on ne peut pas dire pour autant qu’ils ne le seront pas ».
à qui la responsabilité ?
Le problème de fond reste celui de la gestion de nos déchets spatiaux, dont la croissance est devenue exponentielle. Face à cette nouvelle donne, les chercheurs et les industriels sont appelés à imaginer des solutions de mise au rebut plus propres et plus sûres. Une innovation technologique et financière largement à la portée d’un acteur comme Elon Musk. La question est de savoir si le géant de la tech s’en saisira à temps.
Selon la source : geo.fr