Les fruits de mer ne sont pas les grands coupables des microplastiques, contrairement à ce qu’on croit
Auteur: Simon Kabbaj
Quand on parle de microplastiques dans notre alimentation, on pense tout de suite aux poissons et aux fruits de mer. C’est logique, non ? Nos océans sont de véritables soupes de plastique, donc les créatures qui y vivent doivent en être pleines. Eh bien, des scientifiques viennent de jeter un pavé dans la mare. Dans une nouvelle étude, ils affirment que les fruits de mer ont une réputation injustement mauvaise. La réalité serait bien plus complexe, et le vrai coupable se cache peut-être là où on s’y attend le moins.
Une obsession médiatique pour les produits de la mer
L’étude, publiée dans la revue Environmental Science & Technology Letters, a analysé la couverture médiatique et scientifique du sujet. Le résultat est sans appel : plus de 70% des articles sur les microplastiques dans la nourriture se concentrent sur les produits de la mer. Cette focalisation a créé une perception publique biaisée, faisant croire que manger du poisson est le principal risque. ‘Les perceptions du public sur la contamination des produits de la mer ont été façonnées par les communications des médias plutôt que par les preuves scientifiques’, écrivent les chercheurs.
Pourquoi cette perception est-elle dangereuse ?
On pourrait se dire que ce n’est pas si grave. Mais selon les chercheurs, cette fausse perception a des conséquences néfastes. Craignant les microplastiques, certaines personnes réduisent leur consommation de fruits de mer. En faisant cela, elles se privent des immenses bienfaits nutritionnels du poisson et des moules (oméga-3, protéines, etc.). C’est un peu le remède qui est pire que le mal. La peur, alimentée par une information incomplète, nous pousse à faire des choix alimentaires moins sains.
La réalité : d'autres aliments sont tout aussi contaminés
Pourquoi s’est-on autant concentré sur les fruits de mer au début ? ‘C’était l’un des premiers aliments testés, en partie parce qu’on supposait que les espèces marines seraient les plus exposées’, explique Theodore Henry, l’un des auteurs de l’étude. Mais aujourd’hui, on sait que d’autres aliments comme le sel, le miel, et même le poulet contiennent des quantités similaires de microplastiques. Les fruits de mer n’ont rien d’unique. Ils contribueraient à notre exposition à hauteur de 1 à 10 particules par jour, comme beaucoup d’autres aliments.
Le vrai coupable se cache... dans nos maisons !
Et si le plus grand danger n’était pas dans notre assiette, mais dans l’air que nous respirons ? L’étude révèle un fait stupéfiant : l’air intérieur de nos maisons et de nos bureaux serait une source d’exposition bien plus importante que la nourriture. On y respirerait entre 100 et 1 000 particules de plastique par jour ! Ces particules proviennent de nos vêtements synthétiques, de nos moquettes, de nos meubles… Theodore Henry cite même une étude précédente : ‘la quantité de microplastiques qui tombe sur une assiette de moules pendant le dîner dans une maison typique est supérieure à la quantité de microplastiques contenue dans les moules elles-mêmes’.
Faut-il s'inquiéter de ces microplastiques ?
C’est la question à un million de dollars. Les scientifiques sont honnêtes : pour l’instant, on manque de données pour affirmer avec certitude que l’ingestion de microplastiques est dangereuse pour l’homme. Theodore Henry admet lui-même qu’il y a des ‘lacunes dans les connaissances’. Cependant, on sait que ces particules peuvent pénétrer dans nos organes, et même dans nos testicules, notre sang et notre cerveau. Elles peuvent aussi transporter des produits chimiques toxiques. Le principe de précaution incite donc à limiter notre exposition autant que possible.
Conclusion : continuez à manger du poisson (mais arrêtez de mâcher du chewing-gum)
Le message de cette étude n’est pas de dire que les fruits de mer sont ‘propres’. Ils sont contaminés, comme quasiment tout ce que nous mangeons, buvons et respirons. Mais il n’y a aucune raison de les diaboliser plus que le reste. Vous pouvez continuer à manger votre filet de saumon avec la conscience un peu plus tranquille. La bataille contre les microplastiques est un problème bien plus vaste qui nécessite des solutions globales, pas une peur ciblée sur un seul type d’aliment. Et en attendant, si vous voulez vraiment faire un geste, la journaliste conclut avec une note d’humour : ‘arrêtez de mâcher du chewing-gum’ (qui est fait à base de plastique).
Selon la source : thefishsite.com