Une gardienne de prison tombée amoureuse d’un détenu demande un changement de loi après sa sortie
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une histoire qui soulève de nombreuses questions sur le système pénitentiaire. Morgan Farr Varney, une ancienne gardienne de prison, a été condamnée à de la prison ferme après avoir admis être ‘tombée amoureuse’ d’un détenu. Comme le rapporte la journaliste Olivia Burke, cette jeune femme de 25 ans, après avoir purgé sa peine, ne se cache pas. Au contraire, elle a lancé une campagne pour changer la loi, arguant que le système lui-même l’a mise dans une situation qu’elle n’était pas assez mûre pour gérer. Son histoire est un témoignage troublant sur la vulnérabilité et la manipulation derrière les barreaux.
La romance interdite : des lettres d'amour et un placard
Les faits se sont déroulés à la prison HMP Lindholme, en Angleterre. Des caméras de surveillance ont filmé Morgan s’introduisant dans un placard de rangement avec un détenu. Lors de la fouille de la cellule de ce dernier, les enquêteurs ont également trouvé des lettres d’amour écrites par la jeune femme. Arrêtée en janvier 2023, elle a avoué sans détour aux policiers qu’elle était ‘vraiment tombée amoureuse’. Elle a été condamnée à dix mois de prison pour ‘faute professionnelle dans l’exercice d’une fonction publique’. Elle a démissionné de son poste, et le détenu a été transféré dans un autre établissement.
Sa défense : « Jeune, naïve et manipulée »
Aujourd’hui, Morgan Farr Varney donne sa version des faits. Dans une pétition lancée sur Change.org, elle se décrit comme étant ‘jeune et désireuse de faire ses preuves’ à son arrivée dans le service pénitentiaire en avril 2022, mais aussi ‘naïve’ face à la dure réalité du milieu carcéral. ‘Avec le temps, je me suis retrouvée prise dans une situation que je n’étais pas équipée émotionnellement pour gérer’, écrit-elle. ‘J’ai été manipulée, subtilement et progressivement, jusqu’à ce que je ne puisse plus voir les limites que je franchissais’. Elle ajoute : ‘Les conséquences de cette manipulation ont changé ma vie. J’ai perdu trois ans de ma vie, j’ai défendu mon agresseur, j’ai subi l’emprisonnement moi-même’.
Une critique du système : un manque de soutien criant
Plus qu’une simple justification de ses actes, Morgan pointe du doigt ce qu’elle considère comme une faille du système. Elle affirme ne pas s’être sentie à l’aise pour se confier à sa direction, déplorant qu’il n’y avait ‘aucun espace sûr pour exprimer la confusion, le doute ou la peur’ au travail. ‘J’accepte la responsabilité de mes actions’, poursuit-elle, ‘mais je sais aussi que ce qui m’est arrivé n’est pas uniquement le fruit d’un échec personnel. C’était le produit d’un système qui a placé une personne jeune et inexpérimentée en position d’autorité sans garde-fous émotionnels ou psychologiques adéquats’.
Sa campagne : augmenter l'âge minimum pour devenir gardien de prison
C’est le cœur de son combat. Morgan Farr Varney demande que l’âge minimum pour devenir gardien de prison au Royaume-Uni soit relevé. Actuellement, on peut postuler dès 17 ans et être en poste à 18 ans. Pour elle, c’est beaucoup trop jeune. Elle prévient qu’il est ‘injuste et dangereux’ de placer ‘des individus jeunes et influençables, souvent à peine sortis de l’adolescence, dans de telles positions de responsabilité et de risque’. ‘Si j’avais été plus âgée, plus mature, plus consciente des tactiques de manipulation… je crois sincèrement que ma vie aurait pris un cours très différent’, affirme-t-elle.
Les conséquences : 'humiliation, perte et isolement'
L’ancienne gardienne décrit son passage en prison comme ‘l’expérience la plus dure de sa vie’. Elle raconte avoir lutté contre ‘l’humiliation, la perte, l’isolement et la dure réalité de ce que signifie n’avoir aucun contrôle sur son avenir’. Elle dénonce également le traitement médiatique de son histoire. ‘Les médias m’ont dépeinte comme un scandale, et non comme une jeune femme qui avait été vulnérable et manipulée au sein d’un système qui n’a pas réussi à la protéger’, déplore-t-elle, parlant de titres ‘dramatisés, pleins d’exagérations, d’omissions et de mensonges purs et simples’.
Conclusion : transformer une erreur en un combat pour le changement
Aujourd’hui, Morgan Farr Varney veut que son histoire serve de leçon. ‘Je parle maintenant parce que je ne veux pas que quelqu’un d’autre perde des années de sa vie comme je l’ai fait’, dit-elle. Sa pétition, qui a pour l’instant recueilli plus de 300 signatures, est un appel à la réforme. Son cas, loin d’être isolé (une autre affaire similaire a éclaté l’année dernière à HMP Wandsworth), met en lumière les défis psychologiques auxquels sont confrontés les jeunes agents pénitentiaires et la nécessité de mieux les préparer et les protéger. C’est une tentative courageuse de transformer un échec personnel en un possible progrès pour tout un système.
Selon la source : thestar.co.uk