Le scénario fou de l’adolescent qui s’est tiré dessus pour simuler son enlèvement

L’histoire avait tout du fait divers tragique. Un adolescent de 17 ans volatilisé en Floride, une voiture abandonnée avec un impact de balle, des traces de lutte… Sauf que derrière l’enlèvement apparent se cachait une mise en scène macabre, orchestrée par la victime elle-même, prête à tout pour la rendre crédible.

Tout commence le 25 septembre dernier à Dunnellon, une petite ville au nord de Tampa. La famille de Caden Speight, 17 ans, reçoit des messages qui glacent le sang. Ils évoquent un enlèvement par « quatre hommes hispaniques » à bord d’une camionnette. La panique est immédiate, les autorités sont prévenues.

Sur place, la scène semble confirmer le pire. Le pick-up du jeune homme est là, vide, sur le bas-côté. Sur le pare-brise, un trou. Celui d’une balle. Autour, des indices disséminés comme dans un film policier : son téléphone portable détruit, des traces de glissade dans la terre, et même quelques taches de sang. Le tableau est clair, il ne peut s’agir que d’un kidnapping violent.

Face à ce qu’ils croient être un rapt, les enquêteurs du comté de Marion ne lésinent pas sur les moyens. Une alerte AMBER est déclenchée, un hélicoptère quadrille la zone. On cherche Caden, activement. Mais très vite, des grains de sable viennent gripper la belle mécanique de l’enlèvement.

Un témoin crucial. Un achat suspect. Quelqu’un affirme avoir vu Caden quitter les lieux tranquillement, à vélo, sans paraître le moins du monde en détresse. Plus troublant encore, des images de vidéosurveillance le montrent achetant du matériel de camping dans un supermarché Walmart juste avant sa supposée disparition. Étrange, pour quelqu’un sur le point d’être kidnappé.

Le véritable tournant de l’affaire se trouve pourtant ailleurs : dans son ordinateur portable. En fouillant dans ses données, les enquêteurs tombent sur des recherches pour le moins surprenantes, effectuées via l’intelligence artificielle ChatGPT. Les questions sont précises, et rétrospectivement, accablantes.

« Comment recueillir son sang sans douleur » ou encore des recherches sur les « cartels mexicains »… Le puzzle commence à s’assembler. D’autant que, selon le bureau du shérif, le jeune homme n’en était pas à son premier coup d’essai et avait déjà confié par le passé ses envies de fugue.

La cavale ne durera que trois jours. Le 28 septembre, Caden est finalement retrouvé à une quarantaine de kilomètres de là. Il est blessé, mais pas comme on l’imaginait. Une balle lui a fracturé le fémur. Pour les autorités, il n’y a aucun doute : la blessure est auto-infligée.

C’était l’acte désespéré, la touche finale pour rendre son histoire d’enlèvement crédible jusqu’au bout. À ses côtés, les policiers retrouvent le pistolet qui a servi à son méfait, ainsi que le vélo de sa fuite.

Le voile est définitivement levé. « Les messages que Caden avait envoyés à sa famille étaient totalement faux, entièrement inventés », a tranché le bureau du shérif du comté de Marion dans un communiqué. L’enquête a confirmé qu’un seul coup de feu avait été tiré sur les lieux de la disparition, probablement par Caden lui-même sur son propre véhicule pour planter le décor.

Le plus déroutant dans cette histoire ? Malgré l’avalanche de preuves, l’adolescent a continué de nier avoir organisé cette mise en scène. Un déni face à l’évidence qui laisse les enquêteurs perplexes.

La supercherie est maintenant terminée. Un mandat d’arrêt a finalement été délivré à son encontre. Fausse plainte, tir sur un véhicule, détention d’arme à feu par un mineur… Les charges sont lourdes, et le scénario a pris fin. Caden Speight est aujourd’hui détenu au Département de la justice pour mineurs de Floride, loin de l’intrigue rocambolesque qu’il avait tenté de construire.