Allergie aux arachides : la petite révolution qui change la vie des enfants

La fin d’une angoisse parentale ?

Pendant des décennies, l’arachide a été l’ennemi public numéro un dans les cuisines des jeunes parents, source d’une angoisse quasi permanente. Mais le vent semble tourner. Une nouvelle étude américaine, publiée dans la prestigieuse revue Pediatrics, révèle une baisse spectaculaire des allergies chez les tout-petits, en particulier celle aux arachides, depuis un changement radical des recommandations officielles.

Le jour où tout a basculé

Il n’y a pas si longtemps, le conseil des pédiatres était sans appel : surtout, ne donnez pas d’arachides à votre nourrisson. Une doctrine de précaution qui a volé en éclats en 2015, lorsqu’une étude a démontré, contre toute attente, que l’introduction précoce des arachides dans l’alimentation pouvait réduire le risque d’allergie de plus de 80 %.

Ce fut un véritable changement de paradigme. Dès 2017, les autorités sanitaires américaines ont fait volte-face, recommandant désormais d’introduire les aliments allergènes, dont les arachides, dès l’âge de 4 à 6 mois.

Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes

Les résultats de cette nouvelle politique sont aujourd’hui tangibles. En comparant les périodes 2012-2015 et 2017-2020, les chercheurs ont observé une chute globale de 36 % des allergies alimentaires chez les enfants de moins de trois ans. Pour l’allergie aux arachides, la baisse est encore plus impressionnante : -43 %.

Sur les 125 000 enfants suivis dans une cinquantaine de cliniques pédiatriques, cela représente concrètement environ 57 000 cas d’allergies évités. Un chiffre colossal qui change la donne et fait de l’œuf, désormais, le principal allergène chez les plus jeunes.

Éduquer le système immunitaire, une idée simple mais puissante

Si l’étude ne prouve pas formellement un lien de cause à effet, les experts sont convaincus que la stratégie est la bonne. L’idée est presque contre-intuitive : il s’agirait d’exposer très tôt le système immunitaire du bébé à de petites quantités d’allergènes pour l’habituer, en quelque sorte, à les tolérer plutôt qu’à les combattre.

Concrètement, cela peut se traduire par une petite noisette de beurre d’arachide lisse mélangée à une purée, ou une bouchée d’œuf brouillé, proposée quelques fois par semaine. Une approche douce pour un bénéfice potentiellement immense.

Malgré les succès, des habitudes difficiles à changer

Pourtant, la révolution n’est pas encore totale. Changer des décennies de recommandations et de craintes ancrées prend du temps. Une enquête citée par le New York Times en 2021 révélait qu’à peine 17 % des parents américains introduisaient les arachides avant l’âge de sept mois.

La peur reste tenace, et le message a encore du mal à passer dans toutes les familles et tous les cabinets médicaux. Le défi est donc aussi culturel et informationnel.

Conclusion : vers une nouvelle ère pour la prévention des allergies ?

Ces résultats exceptionnels pourraient bien être le catalyseur qui manquait pour convaincre les plus réticents. Pour des milliers d’enfants, cela signifie une vie sans la menace constante d’une réaction allergique sévère, sans la nécessité d’avoir un EpiPen à portée de main.

Le chemin est encore long pour une adoption généralisée, mais une voie prometteuse est désormais tracée. Peut-être le début de la fin pour l’une des allergies alimentaires les plus redoutées de notre époque.

Selon la source : qub.ca